Le 18 août 2024
- Acteur : Alain Delon
- Voir le dossier : Nécrologie
Alain Delon fut l’une des stars de légende du cinéma français des années 1960-80. Sa beauté et son talent ont été le mieux mis en valeur par Clément, Visconti, Melville et Losey.
Alain Delon, de Clément à Losey en passant par Visconti et Melville
News : Alain Delon tourne son premier long métrage en 1957 : un petit rôle dans Quand la femme s’en mêle d’Yves Allégret, avec Edwige Feuillère, qu’il considère comme sa « marraine de cinéma ». Superbement beau et d’un jeu instinctif, sans formation dramatique, il grimpe les marches du vedettariat en jouant dans la bluette Christine (1958) de Pierre Gaspard-huit, avec Romy Schneider ; puis le médiocre Chemin des écoliers (1959) de Michel Boisrond. C’est René Clément qui lui donne son premier grand rôle en lui faisant interpréter Tom Ripley dans Plein soleil (1960), d’après le roman de Patricia Highsmith. Il forme avec Maurice Ronet et Marie Laforêt un trio de légende, dans un polar désormais culte. Luchino Visconti lui permet de solidifier son métier d’acteur dans Rocco et ses frères (1960), où il est sublime, puis Le Guépard (1963), dans le rôle de Tancrède. Ces films lui assurent une notoriété internationale qui en fait, avec Belmondo, la première star française de sa génération.
- Alain Delon dans "Plein soleil" de René Clément
- © 1960 STUDIOCANAL - Titanus S.P.A. / Montage & maquette : Flore Maquin
En cette première moitié des années 60, Alain Delon se partage entre plusieurs types de cinéma. Il brille dans l’univers intellectuel d’Antonioni (L’éclipse 1962), marivaude la même année avec Danielle Darrieux dans le film à sketchs Le diable et les dix commandements de Julien Duvivier, fait jeu égal avec Gabin dans l’attachant film policier Mélodie en sous-sol (1963) d’Henri Verneuil, soutient l’audacieux L’Insoumis (1964) d’Alain Cavalier, sur la guerre d’Algérie, et manie la cape et l’épée dans le conventionnel La Tulipe noire de Christian-Jaque (la même année). Hollywood lui fait alors des propositions mais il n’y fait pas grand-chose : ni le polar Les tueurs de San Francisco (1965) de Ralph Nelson, ni la coproduction Les ceinturions (1966) de Mark Robson ne parviennent à convaincre. C’est alors qu’il rencontre Jean-Pierre Melville qui enrichit la persona Delon avec Le samouraï (1967) : un jeu introverti pour un personnage de tueur à gages solitaire et taciturne, dans un polar dépouillé et élégant : il retrouvera son troisième « maître de cinéma » (après Clément et Visconti), dans Le cercle rouge (1970) et Un flic (1972). La fin des années 60 lui vaut encore de beaux succès, avec le film d’aventures Les aventuriers (1967) de Robert Enrico, le drame psychologique La piscine (1968) de Jacques Deray, et le policier Le clan des Siciliens (Verneuil, 1969), trois films emblématiques de la survivance d’une certaine « qualité française ».
Les années 70 confirment le triomphe d’Alain Delon au box-office du cinéma français, même si tous ses films ne sont pas des succès. Le public arrive en masse pour l’agréable Borsalino (Deray, 1970), où il fait match nul avec son rival Belmondo. Il est confronté à Simone Signoret dans La veuve Couderc (1971), bonne adaptation de Simenon par Pierre Granier-Deferre ; et à Annie Girardot (sa partenaire de Rocco) dans l’étrange Traitement de choc (1972) d’Alain Jessua. Il incarne l’inspecteur Borniche dans Flic story (Deray, 1975), se frotte au cinéma d’Audiard dans Mort d’un pourri (1977) de Georges Lautner, et ose la noirceur dans Attention, les enfants regardent (1978) de Serge Leroy. S’il s’égare dans Scorpio (1973) de Michael Winner, Zorro (1975) de Duccio Tessari et Airport 80 Concorde (David Lowell Rich, 1979), deux réalisateurs étrangers vont le magnifier : Valerio Zurlini pour Le professeur (1972), et surtout Joseph Losey avec Monsieur Klein (1976) : le rôle de cet homme d’affaires pris au piège de ses agissements sous l’Occupation est sans doute sa meilleure prestation de la décennie. Le film est pourtant accueilli tièdement au Festival de Cannes, et ne rencontre pas le succès public.
Alain Delon, une personnalité marquante du cinéma français
Alain Delon reste l’un des acteurs les plus bankables des années 80, et devient son propre producteur. S’ils attirent encore de nombreux fans, ses films sont de plus en plus impersonnels et le jeu de l’acteur se pétrifie, de Trois hommes à abattre (Deray, 1980) à Ne réveillez pas un flic qui dort (1988) de José Pinheiro, en passant par Le choc (1982) de Robin Davis, ou des polars qu’il réalise lui-même (Le battant, 1983). Il ne prendra des risques qu’en 1984, incarnant un loser alcoolique dans Notre histoire de Bertrand Blier, qui lui vaudra son unique César du meilleur acteur, et le second rôle du baron de Charlus dans Un amour de Swann (1984) de Volker Schlöndorff. Sans doute déçu par les échecs commerciaux de ces deux œuvres, Alain Delon renonce à tout projet non balisé, à l’exception de l’inénarrable Nouvelle vague (1990) de Jean-Luc Godard.
La crise du cinéma français, l’approche de la soixantaine et une certaine usure de son personnage l’éloignent progressivement des studios à partir des années 90. Tout au plus peut-on retenir Le retour de Casanova (1992) d’Édouard Niermans, où il se fait voler la vedette par Luchini ; et Une chance sur deux (1998) de Patrice Leconte, où il partage l’affiche avec Belmondo et Vanessa Paradis. Alain Delon participe au naufrage artistique et commercial du Jour et la nuit (1997) de Bernard-Henri Lévy, joue son propre rôle dans Les acteurs (Blier, 2000), et campe Jules César dans Astérix aux Jeux olympiques (2008) de Frédéric Forestier et Thomas Langmann.
Alain Delon a également joué dans une dizaine de pièces, de Dommage qu’elle soit une putain de John Ford mis en scène par Visconti au Théâtre de Paris (1961), à Une journée ordinaire d’Éric Assous mis en scène au Théâtre des Bouffes-Parisiens (2011), en passant par Variations énigmatiques d’Éric-Emmanuel Schmitt mis en scène par Bernard Murat au Théâtre Marigny (1996).
L’acteur s’est aussi essayé à la chanson (« Paroles, paroles » avec Dalida) et à la télévision (la mini-série Cinéma). Il a obtenu un Ours d’argent d’honneur à la Berlinale 1995 et une Palme d’honneur au Festival de Cannes 2019.
Alain Delon qui partagé sa vie avec les actrices Romy Schneider, Nathalie Delon et Mireille Darc, était le père des comédiens Anthony Delon, Anouchka Delon et Alain-Fabien Delon.
Cette légende du cinéma français est décédée le 18 août 2024, à l’âge de 88 ans.
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