Le 27 novembre 2022
- Chanteur : Alain Stevez
- Groupe : Goldmen
Les Goldmen sont en concert le vendredi 2 décembre 2022 à La Commanderie de Dole (Jura). Nous avons eu la chance de poser des questions à Alain Stevez, le chanteur de ce tribute band dédié à Jean-Jacques Goldman, qui a conquis le public de ce dernier.
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AVoir-ALire : Alain, bonsoir.
Alain Stevez : Bonsoir.
AVoir-ALire : Merci d’accorder une interview au site AVoir-ALire.com.
AVoir-ALire : Merci, merci pour votre accueil.
AVoir-ALire : On t’appelle dans le cadre de ta tournée et notamment de ton passage à La Commanderie de Dole, le vendredi 2 décembre prochain. J’ai des questions à te poser te concernant, concernant le groupe, et concernant aussi pourquoi pas Jean-Jacques Goldman.
Alain Stevez : Oui, avec plaisir.
AVoir-ALire : Est-ce que tu peux nous parler de ton parcours musical depuis tes débuts, depuis tout petit, depuis l’adolescence, je ne sais pas quand ça a commencé, la musique et toi ?
Alain Stevez : Alors si tu veux, j’ai eu ma première guitare à l’âge de 14 ans, achetée à la COP, un magasin qui n’existe plus, donc là vous ne pouvez savoir l’âge que je dois avoir (rire). C’est assez curieux, mais on pouvait acheter sa guitare à la COP à l’époque. J’ai appris en autodidacte. C’est Bruno, le premier clavier des Goldmen, qui m’avait appris les accords de base. Ensuite, j’ai toujours aimé chanter. Depuis tout petit, je faisais semblant d’avoir un micro devant le miroir, comme tous les enfants le font. Et donc, j’ai pu faire de la musique grâce à cette guitare, j’ai pu m’imprégner davantage de la musique au sens propre du terme. Chanter en parallèle. Bruno et moi, on a rejoint un groupe qui s’appelait Galactica dans les années 80. On a chanté dans des petits bals sans prétention. Ensuite, je suis allé bosser dans le bâtiment en Haute-Savoie, parce que la musique ne payait pas son loyer. Je suis revenu dans les années 90, où j’ai donc été chanteur dans un orchestre de variétés avec lequel on tournait énormément. Il y avait des violons, des cuivres, c’était une grosse formation. Puis après, j’ai fait quelques essais : j’ai chanté Polnareff, j’ai chanté Police, et puis finalement un ami m’a dit : "tu devrais chanter du Goldman".
AVoir-ALire : Je me permets de t’interrompre. Ta voix, on dirait celle de Jean-Jacques Goldman. Tu en as conscience depuis longtemps ? On te l’a fait remarquer une fois, deux fois, trois fois, et tu t’es dit : tiens, il y a peut-être un truc ?
Alain Stevez : J’ai juste changé ma façon de chanter. Moi, je chantais un peu plus timbré. J’ai ouvert une vanne au niveau du nez, et ça résonne un peu à la façon Goldman. Ce n’est pas grand-chose en fait.
AVoir-ALire : J’ai vu certains reportages aussi où on te parle aussi de ta coupe de cheveux.
Alain Stevez : J’ai commencé avec une perruque, sache-le.
AVoir-ALire : C’est vrai ?
Alain Stevez : Ouais, ouais, je me suis travesti au départ. C’est en mettant cette perruque qu’on s’est dit : tiens, il y a peut-être avec le nez, cet espèce de creux de joue, quelque chose qui ressemblerait à Jean-Jacques. C’est un silhouettage en fait. Après, la perruque, ça s’est avéré contraignant sur scène. Donc, j’ai décidé de me laisser pousser les cheveux, alors que je n’avais jamais eu les cheveux longs de ma vie.
AVoir-ALire : Il faut un début à tout.
Alain Stevez : Après, on s’y fait. Il faut juste se balader avec un sèche-cheveux et un lisseur dans les bagages quand on part en tournée (rire).
AVoir-ALire : Je vois que tu as beaucoup d’humour et de répartie, c’est excellent.
Alain Stevez : Oui, il faut (rire).
AVoir-ALire : Je t’ai interrompu sur tes débuts. Si tu veux continuer sur l’avant-Goldmen, on peut t’entendre encore.
Alain Stevez : Ben, j’ai adoré chanter plein d’artistes. Dans les bals et les cafés-concerts, on chantait plein de chansons. On essayait de faire comme les grands, c’est comme ça qu’on progresse, en fait. Puis en faisant des erreurs, on avance. La musique s’est vraiment ancrée en moi durant cette période, durant les années 80-90. C’est comme ça que j’ai fait mes armes. J’étais ensuite assez mature pour intégrer ces gros orchestres et pouvoir faire quelques tributes, puis clôturer en ce moment par ce tribute band des Goldmen. Je pense que ce sera le dernier, car il y a encore beaucoup d’années à faire, parce que Jean-Jacques n’est pas près de revenir sur scène. Je pense qu’on n’est pas prêt de s’arrêter.
AVoir-ALire : D’accord. Pour les deux questions qui suivent, tu as déjà partiellement répondu. Les Goldmen, c’est avant tout une aventure collective, je pense. Mais comment expliques-tu le succès grandissant du tribute band Goldmen ?
Alain Stevez : Mais plus les années passent, plus Jean-Jacques manque. Plus Jean-Jacques manque, plus les gens essaient de le retrouver ailleurs. Ben, on est un peu un pansement à tout ça. Plus les gens vont être en manque, plus ils viendront écouter notre musique live qui ressemblerait à celle de Jean-Jacques. Je n’ai pas la prétention de dire ça, mais on fait au mieux pour que ça ressemble. Les gens se retrouvent dans l’univers de Jean-Jacques, mais sans Jean-Jacques. Comme j’ai pu regarder le film Bohemian Rhapsody où ce n’était pas Freddie Mercury, le gars m’a trompé jusqu’au bout et je me suis mis à pleurer devant un acteur qui jouait le rôle de Freddie. Je me suis dit que là, on avait vraiment cette légitimité. Pourquoi forcément faire des films ? On peut aussi faire des biopics scéniques. J’ai fait ce parallèle grâce à ce film qui m’a ouvert les yeux sur le fait qu’on pouvait emmener les gens dans leurs souvenirs, en les trompant positivement, bien sûr. C’est vraiment chouette.
AVoir-ALire : J’avais une question : on a tous en nous une chanson de Goldman ? Quelle serait la tienne si tu devais en retenir ou en choisir une, une seule ? C’est impossible pour toi ?
Alain Stevez : Si, si, il y en a une qui me touche vraiment, c’est "Le coureur". Cette histoire du gars qu’on va chercher dans son île et qui court juste pour le plaisir le long de la plage. Il se retrouve dans le monde moderne avec toutes ses contraintes, et le sport, et les performances, toujours aller plus haut. Je trouve que le mec était tranquille chez lui et on le dérange, on lui change sa vie. Je pense que cette chanson est vraiment très explicative du fait qu’on vit pour cette société où on veut d’abord performer, avant même d’espérer atteindre un certain niveau dans ses passions. On veut toujours tenter d’atteindre le Graal dans des métiers où on ne se sentira pas forcément bien. Voilà. Je trouve que cette chanson me touche : quand je la chante, je me fais le clip, c’est extraordinaire, les paroles sont terribles.
AVoir-ALire : L’exposition médiatique, toi et le groupe, vous l’abordez avec de la spontanéité ?
Alain Stevez : On a cette chance d’avoir maintenant les télés qui nous suivent. On a un 90 minutes qui est en train d’être finalisé et va bientôt sortir sur RMC et certainement TF1. On a une chance incroyable d’être intéressant. Cette médiatisation, on la prend de très loin parce qu’ on ne vient de rien à la base, on est des musiciens de baloches, puis de cafés-concerts. On n’aura jamais la grosse tête, ça, c’est interdit au sein du groupe. La médiatisation, on la voit plus comme un outil que pour une finalité en soi.
AVoir-ALire : Maintenant, interpréter Goldman, c’est comme un rêve ? Le rencontrer, c’en est un aussi ?
Alain Stevez : Je l’ai rencontré.
AVoir-ALire : Ah, bon ?
Alain Stevez : Oui, il y a un reportage qui dit le contraire, mais c’est une erreur du journaliste.
AVoir-ALire : D’accord, je comprends mieux.
Alain Stevez : Je l’ai rencontré à la SACEM lors d’une masterclass. Je l’ai remercié et il m’a répondu : "J’y suis pour rien." C’était sa phrase.
AVoir-ALire : C’est une phrase pas mal, ça le résume assez bien, je trouve.
Alain Stevez : Oui, ça résume le fait qu’il laisse tout aux autres maintenant, même son répertoire, et à mon avis ça veut peut-être sous-entendre qu’on faisait bien le travail, qu’on défendait bien les chansons. Je le vois comme ça.
AVoir-ALire : Cela fait une vingtaine d’années qu’il n’a pas fait de scène ?
Alain Stevez : Depuis 2002. Après, il a fait Les vendanges du cœur en 2004. Après, à part Les Enfoirés, on ne l’a plus vu, c’est clair.
AVoir-ALire : Je vais parler un peu de Michael Jones. Jouer, par exemple, "Je te donne" avec Michael Jones, cela fait quel effet ?
Alain Stevez : Non, mais là, c’est à tomber par terre. Moi, Michael, je n’aurais jamais cru que j’allais le rencontrer un jour, mais en plus chanter à ses côtés, whaou ! C’est un truc de dingue. En plus, il nous encense. Il aime ce qu’on fait, il nous trouve cool, il dit que c’est dans le même esprit qu’eux à l’époque. Non, mais voilà, on a tout gagné, c’est la plus belle des récompenses de pouvoir être un peu dans la cour, dans l’univers de Jean-Jacques à ce point-là. Je l’aurais jamais cru en fait.
AVoir-ALire : Tu abordes chaque concert avec la même envie, le même trac ? Il y a de l’envie ? Il y a du trac ?
Alain Stevez : Ouais, ouais, à chaque fois, à chaque fin de concert, on a à peine le pied sur l’escalier du podium qu’on se remet déjà en question. On refait le film du concert et on se dit : "Tiens, ça c’était bien, ça c’était peut-être moins bien, faites attention à ça." On est à fond dans une dynamique de recherche d’absolu qu’on n’atteindra jamais, de recherche constante. Et de ce fait, on se remet en question, on change des choses, on ne fait jamais la même scène, on se lève dans le tour bus et on est ailleurs tous les jours. C’est une vie tellement d’aventure qu’on ne peut pas se lasser, même si on joue les mêmes chansons à 50 ou 70 %, il y a toujours 30 à 50 % des chansons qui peuvent changer. C’est d’ailleurs ce qu’on va faire en 2023. Il y a de quoi vraiment s’amuser et avoir le même amour des chansons et du répertoire.
AVoir-ALire : Tu peux nous parler de ton public ou de tes publics ?
Alain Stevez : Le public est génial, car c’est un public qui est fan des chansons de Goldman, donc c’est déjà gagné d’avance. Évidemment, on doit leur prouver qu’on sait faire, parce que les gens viennent parfois avec des pieds de plomb et repartent très conquis. À chaque fois, on a des commentaires ou des messages, c’est juste extraordinaire. Les gens aiment bien et veulent écouter de la musique de Jean-Jacques en live, donc on ne va pas se faire frapper, c’est clair. On a des personnes pleines d’amour qui viennent aussi pour laisser leurs soucis à la porte. On a aussi des gens vides dans leur tête. Ils viennent pour faire la fête ou se replonger dans des souvenirs, dans la nostalgie. Donc ce n’est que du positif, le public de Goldman. C’est un public vraiment extraordinaire qu’on récupère.
AVoir-ALire : Par rapport à la tournée, La Commanderie de Dole, c’est 1100 places (la capacité d’accueil est cependant adaptable), donc ça change d’un Zénith, par exemple : les salles intimistes, ça te botte aussi ?
Alain Stevez : Oui, oui. Attention, on n’a pas la prétention de remplir les Zénith. On n’est pas loin de les remplir, mais on ne les remplit pas. On est dans la cour des grands mais on vient d’y entrer. On fait des beaux Zénith à 2000, 3000, ce qui est déjà énorme, car on fait déjà plus que certaines personnes connues. On est bien placé. Mais revenir à des salles de 1000 ou de 500, au contraire, c’est même kiffant parce qu’il y a plus de proximité, plus d’échanges avec le public : on peut les tanner, on peut déconner avec eux, on peut parler des faces B aux enfants dans la salle, parce qu’on les voit. On s’éclate bien avec les gens dans les petites salles. Par contre, il y a plus d’impact, ça cogne plus dans un Zénith, parce qu’il y a une masse de gens : ça fait comme une grosse vague par rapport à une petite vague dans une petite salle. Mais une petite vague dans un petit endroit, c’est aussi puissant qu’une grande vague dans un grand endroit.
AVoir-ALire : Tu as rebondi sur toutes mes questions, il y a eu un effet flipper.
Alain Stevez : Si ça te va, c’est bien.
AVoir-ALire : Oui, merci.
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