Anniversaire
Le 14 janvier 2005
Quatre bonnes raisons de (re)lire Don Quichotte alors que le chef-d’œuvre de Cervantès fête ses 400 ans.
- Auteur : Miguel de Cervantès
- Collection : La Pleiade
- Genre : Roman & fiction, Classique de la littérature
- Nationalité : Espagnole
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Don Quichotte a 400 ans le 16 janvier et, tout mort que soit son héros, il faut bien dire qu’il ne les fait pas. Ou plutôt si, qu’il les fait, on ne devient pas un classique sans quelques rides au coin des yeux, et ces 400 années écoulées n’ont cessé de montrer les richesses de ce roman - le premier de la littérature moderne comme le dit la formule consacrée - de Miguel de Cervantès, qu’il faut lire, relire, on aurait bien trouvé 400 raisons à cela mais bon, un moulin à vent nous a arrêté après quatre bonnes raisons seulement, mais pas n’importe lesquelles parce que pêchées ailleurs que dans le Quichotte, alors voilà.
Et d’une, en chanson, sans musique mais avec quelques paroles qui disent beaucoup du Chevalier à la Triste figure : "La poésie c’est mon dada/Mon drapeau, mon barda/Et l’utopie c’est mon topo/J’ai le rêve dans la peau/La poésie c’est mon dada/Et l’utopie mon topo/Don Quichotte qui chevauche/Sur son pâle palefroi/Et Sancho qui le suit/En gardant son sang-froid/Chantent ça en duo/Pour les vaches, pour les veaux/Par les monts, par les vaux/Et encore au galop, au galop, au galop", mais qu’est-ce qu’il était fort Nougaro.
Et de deux, toute l’émotion de Nuit, courte pièce radiophonique de Robert Pinget dans laquelle deux personnages, Al et Ben, partagent le même lit, et où Al, mourant, demande à son ami de lui lire la fin de Don Quichotte. Ben en lit alors les dernières lignes, et Al s’en va en même temps que le héros du roman. Belle façon de dire que si les histoires aident à vivre, elles aident aussi à mourir.
Et de trois, moins littéraire et plus sociologique, l’ingénieux hidalgo vu par Pierre Bourdieu : "Don Quichotte, c’est celui dont l’habitus correspond à un état dépassé de l’ordre social et qui perpétue des dispositions qui tournent à vide. Il y a bizarrement du Don Quichotte chez tout vieillard : le ronchonnement des vieillards, c’est la nostalgie d’un ordre disparu dans lequel l’habitus était comme un poisson dans l’eau et, inversement, les moments de bonheur, d’euphorie sont les moments où il y a coïncidence entre l’habitus et le monde, quand le monde répond au quart de tour aux attentes de l’habitus."
Et de quatre, Cité de verre, première partie de la trilogie new-yorkaise de Paul Auster. Un roman où il est question d’identité, de mensonge, de langage, où l’on croise une madame Saavedra, lointaine parente sans doute de Miguel de Cervantès y Saavedra, un Daniel Quinn aux initiales quichottesques qui se fait passer pour un détective privé nommé... Paul Auster. Un roman où on lit aussi ceci : "Selon moi, Don Quichotte se livrait à une expérience. Il voulait mesurer la crédulité de ses semblables. Etait-il possible, se demandait-il, de se dresser devant le monde et, avec la conviction la plus extrême, de vomir des mensonges et des bêtises ? De dire que des moulins à vent étaient des chevaliers, que la bassine d’un barbier était un heaume, que des marionnettes étaient des personnes en chair et en os ? Etait-il possible de persuader ceux qui l’écoutaient au point de leur faire approuver ses paroles alors même qu’ils ne le croyaient pas ? En d’autres termes, jusqu’à quel point les gens tolèreraient-ils le blasphème pourvu qu’ils s’en divertissent ?" La réponse, "évidente", en guise de conclusion : "Jusqu’à n’importe quel point. La preuve en est que nous lisons encore ce livre."
Le rafraîchissement de la traduction du Quichotte n’a pas attendu cet anniversaire et deux nouvelles versions françaises ont été proposées ces dernières années. Celle, d’abord, d’Aline Schulman, disponible en poche au Seuil (collection Points, deux volumes). Celle, ensuite, de Jean Canavaggio, Claude Allaigre et Michel Moner, publiée en deux volumes par Gallimard dans La Pléiade.
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