Riverboom - Claude Baechtold - critique

Critique : Vingt ans plus tard, Claude Baechtold ressuscite des images de la traversée de l’Afghanistan, au moment où les États-Unis, humiliés dans le cœur, tentaient de renverser le régime taliban et les rivalités assassines entre gropuscules mafieux. En effet, le projet de voyage à travers l’Afghanistan d’un journaliste du Figaro, Serge Michel, d’un photographe de guerre, Paolo Woods, et de Claude Baechtold lui-même, succède à l’explosion des Twin Towers qui a totalement bouleversé les rapports de force politique au sein de la planète. Naïvement, du moins en apparence, ils viennent filmer, dans le pays, comment l’empire américain va se charger de remettre la paix dans le monde.

Riverboom emprunte son titre à la société d’édition que les trois compères ont créée à l’issue de ce périple incroyable. Dans tous les cas, la réussite de ce voyage journalistique n’était pas garantie, d’autant que les trois protagonistes n’étaient pas destinés à partager ces presque cinquante jours ensemble. Pour autant, le destin leur met un avion cabossé sous le nez, les obligeant à renoncer à un retour en Suisse et à s’engager dans cette visite, aussi improbable que follement drôle. Au gré des jours qui s’écoulent, face aux joies, mais aussi aux épreuves liées à ce voyage à haut risque, les trois hommes construisent une relation d’amitié très forte, emprunte de rires, désinvolture et courage.

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À la base, Claude Baechtold n’avait rien du cinéaste, promu à une carrière certaine. Il se retrouve avec une caméra de pacotille qui, malgré lui, se transforme en une fidèle compagne de voyage. Les images que le réalisateur a reconstituées près de vingt ans plus tard souffrent de la maladresse d’une personne qui enregistre un film, avec un matériel de faible qualité et surtout sans aucune volonté d’en faire un long-métrage. En réalité, Claude Baechtold accompagne son projet d’un récit parlé à la première personne qui réinvente totalement un périple accompli vingt ans plus tôt.

Le rire est convoqué en priorité dans ce documentaire qui traite pourtant de choses graves. Ce rire n’empêche pas le sérieux, et c’est la qualité essentielle du film, puisque le spectateur, en moins d’une heure et demie, apprend les faits historiques marquants qui ont construit l’Afghanistan. De plus, le choix des images permet de donner une vision très positive, très rassurante, d’un pays que les médias actuels se complaisent à noircir. Le documentaire va à la rencontre de populations afghanes qui, quand elles ne se résignent pas à subir les manipulations de leurs gouvernants ou des puissances extérieures, sont capables de faire preuve d’une véritable critique de leurs propres fonctionnements, non sans un certain sens de la dérision.

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Riverboom apparaît comme un long-métrage autant drôle, léger qu’instructif. On s’approprie avec joie le bon sens populaire qui tranche avec la bêtise et l’ignorance de certains de nos grands dirigeants qui pourtant entraînent le monde dans le chaos. Le film joue avec les codes, témoignant pourtant d’un travail intense de montage et de sélection parmi tous les rushs ramenés vingt ans plus tôt. De plus, le long métrage permet de prendre connaissance des risques que nombre de journalistes sérieux prennent chaque jour pour nous apporter une information fiable, critique et vérifiable.