Aftersun - Charlotte Wells - critique

Critique : Le récit, monté comme un patchwork, intègre dans l’histoire les images filmées par les deux protagonistes et fait quelques allers et retours dans le temps où l’on découvre une Sophie adulte qui se souvient.

Le choix de cette construction nous fait partager les souvenirs de la jeune fille qui se révèlent imprécis, partiels et parfois incompris.
Comme elle, on se doute que son père, qui affiche une bonne humeur constante, cache une importante fêlure : est-elle dû à sa rupture avec la maman de Sophie ? Rien n’est moins sûr.

Ce parti pris de nous montrer cette histoire de vacances uniquement du point de vue d’une enfant porte en lui aussi ses limites : beaucoup de nos questions sur la situation de Calum resteront sans réponse.

Aftersun © 2022 BBC Film British Film Institute, Screen Scotland, Pastel Productions, Unified Theory, Tango Entertainment

Maintenant, l’œuvre fait preuve d’une réelle sensibilité. Les rapports souvent maladroits d’un père avec sa fille en navigant constamment entre molle autorité et complicité sont palpables. Sophie, quand son père la laisse libre dans le club, va découvrir l’amitié et connaître son premier émoi amoureux tout en délicatesse. Elle s’attache aussi comme elle peut à distraire ce père qu’elle sent parfois déconnecté.

Le film de Charlotte Wells, dont c’est la première réalisation, a déjà été présenté au Festival de Cannes à La semaine de la Critique, et vient de décrocher le Grand Prix et le Prix de la Critique au Festival du cinéma américain de Deauville 2022.