Adolphe a 20 ans, et le monde à ses pieds. Ellénore est la compagne très officielle du Comte de P***, sans cesse menacée de disgrâce par une société qui ne se reconnaît qu’à travers le mariage. Modèle de pudeur et d’humilité, elle a réussi pourtant à se faire tolérer dans le monde. Ce bel équilibre va être soudain balayé par le caprice d’Adolphe qui voit en elle une maîtresse enviable. Elle lui sacrifiera sa respectabilité, ses enfants, sa fortune.

Récit d’une passion dévorante et destructrice, Adolphe dresse le portrait d’une femme à la fois éperdue et lucide, préservant au delà de toute raison un amour dont elle doute elle-même. "Vous croyez avoir de l’amour, et vous n’avez que de la pitié", dit-elle à son amant. Elle ira pourtant jusqu’au bout de sa passion, envahissante, exclusive, sans qu’Adolphe ne trouve jamais la force de la quitter. Alors même qu’il sait ne plus rien éprouver pour elle, il est incapable de mettre un terme à une relation qui n’existe que dans l’idéalisation d’un souvenir.

Ecrit en 1806, publié 10 ans plus tard, Adolphe s’inscrit dans la grande lignée des romans "psychologiques". Dissection minutieuse d’une relation amoureuse, mise à distance des sentiments, nous sommes loin du drame romantique. Seule Ellénore pourrait prétendre à cette dimension d’héroïne, totalement impliquée dans le drame qui se joue.

Adolphe se voulait exemplaire, une mise en garde pour les jeunes gens trop impatients face aux dangers du monde. Il reste aujourd’hui un roman d’un autre âge, peinture d’une époque prise entre deux siècles, qui garde pourtant un côté insolite et touchant, un charme qui lui a fait traverser l’histoire.