Le 14 septembre 2021
La suite lamentable d’un grand succès. La vertigineuse chute artistique d’un réalisateur.
- Réalisateur : Étienne Chatiliez
- Acteurs : Sabine Azéma, André Dussollier, Éric Berger, Emilie Yili Kang
- Genre : Comédie, Nanar
- Nationalité : Français
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 1h33min
- Date télé : 14 septembre 2021 21:05
- Chaîne : M6
- Date de sortie : 10 avril 2019
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Résumé : 16 ans plus tard, Tanguy, qui a maintenant 44 ans, revient chez ses parents avec sa fille Zhu sous le bras car Meï Lin l’a quitté. Catastrophés de voir leur "tout-petit" dans cet état, Paul et Édith font tout pour lui redonner goût à la vie, sans réaliser que ce faisant, ils tressent la corde pour se pendre. Car Tanguy recommence à se sentir bien chez ses parents…
Critique : En fait, après avoir signé un film pareil, Chatiliez devrait se planquer derrière un arbre comme son héros incontinent, dont les problèmes de prostate s’ajoutent à l’arthrose de madame, lorsqu’il s’agit de manier le club de golf. C’est dire le niveau de la poilade.
La caricature des parents âgés, la gentille charge contre les habitus de la bourgeoisie et, évidemment, la peinture à gros traits du fils prodige expédient direct le cinéma du réalisateur dans la catégorie has been. Après avoir senti l’air du temps, Chatiliez se prend le vent des années en pleine face. Panne sèche, plus d’inspiration : le comique se démode vite, si l’on n’y prend garde. Dès l’apparition catastrophique de Tanguy, sur le seuil de la porte parentale, on devine l’étendue du désastre. Largué par sa copine, flanqué de sa gamine adolescente, le héros n’a que ses yeux pour pleurer. Eric Berger lui donne les siens et offre l’une des prestations les plus navrantes qui soit, à faire passer Christian Clavier pour le successeur de Laurence Olivier. On se pince pour croire qu’un comédien puisse aussi mal jouer l’affliction, la déprime ou l’humeur enjouée, comme si tout avait été mis en boîte dès la première prise.
Par ailleurs, le premier gag arrive très tard. Dans la lenteur qui précède, on devine une appréhension à faire rire, qui incline à penser que tout simplement la recette a été perdue. A cette aune, et ce n’est pas innocent, la première intention comique concerne la cuisine, exploitant un stéréotype sinophobe (la cruauté), avant d’en considérer l’idée tellement délicieuse que la fille de Tanguy psalmodie régulièrement des apophtegmes, jusqu’à ce que maman ne débarque, la mine contrite, en se frappant la poitrine ("Mei Lin méchante !"). On se croirait dans Le Lotus bleu.
Que le film privilégie le huis clos du grand appartement, pour se satisfaire d’une configuration vaudevillesque, n’arrange rien. On s’y ennuie ferme, surtout pendant les repas, malgré les efforts d’Azéma et Dussollier pour qui on éprouve vraiment de la peine. En fait, Chatiliez passe une heure et demie à démontrer que toute la férocité qui marquaient ses premiers films (La vie est un long fleuve tranquille et Tatie Danielle, en particulier) s’est diluée dans des dialogues sous forme d’encéphalogramme plat, où les tentatives de bons mots ne se dissocient absolument pas des banalités du quotidien. Un signe que rien ne marche : au bout d’une heure insipide, on recycle un bout de scénario du précédent film. Les parents se mettent à fomenter les pires complots pour que le fils dégage. Affligeant.
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