Le 10 décembre 2020
Chatiliez recycle sa recette comique, en privilégiant l’alliance des contraires. Mais l’air de la campagne n’inspire que des situations outrées et un humour lourdingue, aux accents poujadistes.
- Réalisateur : Étienne Chatiliez
- Acteurs : Carmen Maura, Sabine Azéma, Michel Serrault, Éric Cantona, Daniel Russo, Catherine Jacob, François Morel, Patrick Bouchitey, Yolande Moreau, Eddy Mitchell, Guilaine Londez
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 13 septembre 2024 22:45
- Chaîne : Gulli
- Date de sortie : 6 décembre 1995
L'a vu
Veut le voir
Résumé : "Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite, le bonheur est dans le pré, cours-y vite il va filer." C’est ce que s’empresse de faire le héros du film d’Étienne Chatiliez après avoir échappé à la mort, aux employées de son usine de matériel pour WC et à ses emmerdeuses de femme et fille.
Critique : Après deux long métrages couronnés de réussites commerciales, La vie est un long fleuve tranquille et Tatie Danielle, Chatiliez persiste dans la comédie à caractère social. Ce troisième film rencontrera à nouveau un grand succès (près de cinq millions d’entrées en 1995), sauf que la recette commence vraiment à se voir et qu’en gros on nous ressert le même plat : des stéréotypes très marqués, chacun(e) jouant sa partition dans sa case (la bourgeoise coincée, le gros beauf aux formules assorties, le patron d’entreprise malhonnête), avec des situations qui capitalisent sur le choc des contraires. Une fois ça passe, deux fois ça lasse, trois fois ça irrite. D’autant qu’il plane sur cette comédie un air désagréable de fête du slip, qui ressemble à une troisième mi-temps de mâles triomphants : les femmes y sont réduites à être des bonnes compagnes (la gentille Dolorès Thivart se conforme à une image, celle de l’oasis que recherchait un homme lassé d’une emmerdeuse, forcément) ou des êtres qu’on peut morigéner parce qu’elles empêchent l’amitié virile ("Va surveiller la fricassée", enjoint le machiste Gérard Thulliez à l’épouse de son pote qu’il prendra plus tard à la hussarde, en la rudoyant verbalement). L’éloge de la vie agreste comme une réponse à la corruption bourgeoise se double d’un message en faveur de l’épicurisme : du vin, le deuxième sexe aux ordres et un soleil qui revigore.
La conversion du stressé Francis Bergeade, usurpateur d’identité, engendre un récit qui s’accommode d’un humour lourdingue aux accents poujadistes, constamment alimenté par la verve des mecs, à qui tout est pardonné. Même la lucide Dolorès ne s’offusquera pas des cachotteries de son nouvel "homme", puisqu’il a remplacé celui qu’elle n’aimait pas. Dans cette configuration scénaristiquement très pauvre, le duo Mitchell-Serrault n’a pas à se forcer, l’un dans la forfanterie, l’autre dans la fourberie. De son côté, Sabine Azéma incarne une pudibonde d’un autre âge.
Bref, on regarde du mauvais boulevard qui a cent ans d’âge, avec tous les clichés possibles, propres au genre. Les frères Cantona font une apparition loin d’être incongrue, puisque dans cette ambiance sudoripare de vestiaire, il ne manquait plus que des footballeurs qui jouent mal.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.