Le 10 décembre 2020
Chatiliez recycle sa recette comique, en privilégiant l’alliance des contraires. Mais l’air de la campagne n’inspire que des situations outrées et un humour lourdingue, aux accents poujadistes.


- Réalisateur : Étienne Chatiliez
- Acteurs : Carmen Maura, Sabine Azéma, Michel Serrault, Éric Cantona, Daniel Russo, Catherine Jacob, François Morel, Patrick Bouchitey, Yolande Moreau, Eddy Mitchell, Guilaine Londez
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 17 avril 2025 23:00
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 6 décembre 1995

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Résumé : "Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite, le bonheur est dans le pré, cours-y vite il va filer." C’est ce que s’empresse de faire le héros du film d’Étienne Chatiliez après avoir échappé à la mort, aux employées de son usine de matériel pour WC et à ses emmerdeuses de femme et fille.
Critique : Après deux long métrages couronnés de réussites commerciales, La vie est un long fleuve tranquille et Tatie Danielle, Chatiliez persiste dans la comédie à caractère social. Ce troisième film rencontrera à nouveau un grand succès (près de cinq millions d’entrées en 1995), sauf que la recette commence vraiment à se voir et qu’en gros on nous ressert le même plat : des stéréotypes très marqués, chacun(e) jouant sa partition dans sa case (la bourgeoise coincée, le gros beauf aux formules assorties, le patron d’entreprise malhonnête), avec des situations qui capitalisent sur le choc des contraires. Une fois ça passe, deux fois ça lasse, trois fois ça irrite. D’autant qu’il plane sur cette comédie un air désagréable de fête du slip, qui ressemble à une troisième mi-temps de mâles triomphants : les femmes y sont réduites à être des bonnes compagnes (la gentille Dolorès Thivart se conforme à une image, celle de l’oasis que recherchait un homme lassé d’une emmerdeuse, forcément) ou des êtres qu’on peut morigéner parce qu’elles empêchent l’amitié virile ("Va surveiller la fricassée", enjoint le machiste Gérard Thulliez à l’épouse de son pote qu’il prendra plus tard à la hussarde, en la rudoyant verbalement). L’éloge de la vie agreste comme une réponse à la corruption bourgeoise se double d’un message en faveur de l’épicurisme : du vin, le deuxième sexe aux ordres et un soleil qui revigore.
La conversion du stressé Francis Bergeade, usurpateur d’identité, engendre un récit qui s’accommode d’un humour lourdingue aux accents poujadistes, constamment alimenté par la verve des mecs, à qui tout est pardonné. Même la lucide Dolorès ne s’offusquera pas des cachotteries de son nouvel "homme", puisqu’il a remplacé celui qu’elle n’aimait pas. Dans cette configuration scénaristiquement très pauvre, le duo Mitchell-Serrault n’a pas à se forcer, l’un dans la forfanterie, l’autre dans la fourberie. De son côté, Sabine Azéma incarne une pudibonde d’un autre âge.
Bref, on regarde du mauvais boulevard qui a cent ans d’âge, avec tous les clichés possibles, propres au genre. Les frères Cantona font une apparition loin d’être incongrue, puisque dans cette ambiance sudoripare de vestiaire, il ne manquait plus que des footballeurs qui jouent mal.