Le 2 mars 2023
Le premier Chatiliez a été un des plus gros succès comiques des années 80. Il demeure un divertissement agréable.


- Réalisateur : Étienne Chatiliez
- Acteurs : Benoît Magimel, Catherine Jacob, Daniel Gélin, Patrick Bouchitey, Hélène Vincent, André Wilms, Catherine Hiegel, Louise Conte, Abbes Zahmani, Christine Pignet, Gilles Defacque
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : MK2 Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 24 janvier 2025 23:25
- Chaîne : TMC
- Date de sortie : 3 février 1988

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Résumé : Dans une petite ville du nord de la France, deux familles nombreuses, les Le Quesnoy et les Groseille, d’origines bien différentes, n’auraient jamais dû se rencontrer. Mais c’était sans compter sur Josette, l’infirmière dévouée du docteur Mavial, amoureuse et lasse d’attendre qu’il quitte sa femme. Dans un moment d’égarement, la douce infirmière a échangé deux nouveau-nés, un Groseille (les pauvres) contre un Le Quesnoy (les riches), pour se venger de la vie et du docteur. Comprenant que Mavial ne l’épousera jamais, elle révèle le-pot-aux roses aux deux familles...
Critique : Les premiers films de Chatiliez ont été les meilleurs, ce qui ne met pas la barre très haut, mais situe ces aimables divertissements dans le peloton de tête des films comiques français. Cette version loufoque de la nouvelle de Maupassant Aux champs - dans laquelle on se marre un peu moins -, fait grandir un enfant riche chez des pauvres et un enfant pauvre chez des riches, le choc des cultures étant un argument toujours rentable pour qui veut produire de l’humour. Nous aurons droit bien sûr à tous les clichés possibles sur les uns et les autres, chaque famille incarnant des stéréotypes sociaux qui s’incarnent en habitus, comme aurait dit Pierre Bourdieu : les Groseille vivotent dans leur HLM, crachent sur la télévision, subsistent grâce à de menus larcins ; les Le Quesnoy sont des bourgeois rigoristes, biberonnés au catholicisme le plus traditionaliste. Chez eux, on ne met pas les doigts dans son nez et on ne dit pas de gros mots. La vengeance d’une infirmière contre son amant imbuvable - un docteur paresseusement joué par Daniel Gélin - sème la zizanie dans le déterminisme de la reproduction sociale.
Il ne s’agit pas de prêter à ce premier film du publicitaire Chatiliez des intentions particulièrement engagées, mais plutôt de lui reconnaître une habilité à exploiter une incongruïté initiale, pour en tirer le meilleur parti, qui s’appuie sur des gags globalement réussis. La vie est un long fleuve tranquille a généré son lot de scènes cultes, parmi lesquelles, évidemment, la chanson pour dames patronnesses "Jésus revient", qu’interprète avec vigueur le père Aubergé, alias Patrick Bouchitey. La comédie capitalise aussi sur des répliques comme l’interjection soupirée de Gélin ("La salope !"), l’aveu anatomique de l’excellent André Wilms ("Vous me faites bander, Marielle") ou l’annonce du repas "C’est lundi, c’est ravioli !".
Le principe d’une comédie commercialement réussie se mesurant à son substrat numérique de formules devenues proverbiales, on peut dire que ce long métrage a atteint son but. Pour ce qui est des qualités cinématographiques proprement dites, on constatera que ce n’était pas l’objectif principal.