CINE - Drame
Le 6 novembre 2002
Un vieux rêve... Benoît Jacquot adapte Adolphe de Benjamin Constant. Un film classique et esthétique qui nous dit les ravages de la passion.
- Réalisateur : Benoit Jacquot
- Acteurs : Isabelle Adjani, Stanislas Merhar
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h42mn
– Regards croisés : Adolphe, le roman de Benjamin Constant
Un vieux rêve... Benoît Jacquot adapte Adolphe de Benjamin Constant. Un film classique et esthétique qui nous dit les ravages de la passion.
L’histoire est simple. Adolphe se lance dans le monde et séduit par bravade la belle Ellénore, de dix ans son aînée. Entre passion, doute, rejet et remords, Adolphe n’est autre que le récit d’une rupture impossible. Dès le départ, Benoît Jacquot annonce son propos. Le titre s’affiche sur l’écran : Adolphe, de Benjamin Constant. Le réalisateur n’est ici que l’interprète de l’oeuvre, au service du texte. Il y reste admirablement fidèle, restituant certains passages jusqu’à la moindre virgule. Une langue classique, désuète, qui sonne pourtant toujours juste.
Jacquot installe son intrigue au plus près du roman, se permettant tout juste quelques rajouts, pas forcément nécessaires d’ailleurs, comme la scène de la salle de billard, ou la visite que fait à Ellénore le mari d’une ancienne amie. L’image est ciselée, superbe. Les scènes se succèdent comme autant de tableaux, privilégiant la sobriété des couleurs et de la lumière, la lenteur des plans.
Et puis, il faut bien y arriver ! Adolphe, c’est aussi Adjani. Un rôle sur mesure, tout en costumes et texte classique, tout en gros plans sur la perfection de son visage et de sa douleur. Qui mieux qu’elle pouvait incarner cette histoire de passion destructrice, de folie des sentiments, d’abandon, de renoncement. On pense aux autres femmes, dont elle s’est fait l’écho... Camille Claudel, Adèle H... On retrouve des expressions, des gestes. Car le film est avant tout une superbe performance d’acteurs. Stanislas Merhar est un Adolphe tel qu’on se l’imagine, à la fois faible et rebelle, charmeur malgré lui. Isabelle Adjani, elle, va décliner toutes les facettes de son art, capable, d’un instant à l’autre, du meilleur comme du pire. Elle atteindra le sublime, au comble de la passion, dans des plans fixes sur son visage portant à lui seul toute l’intensité de l’émotion, pour sombrer plus tard dans un jeu invraisemblable de fausseté et de maniérisme. Mais on ne peut en rien lui enlever cette présence, ce regard, qui habitent tout le film.
On peut aussi regretter que Jacquot n’ait pas été plus loin dans son portrait de femme. On ressent comme une contrainte, une barrière qui l’aurait empêché d’explorer plus à fond l’âme d’Ellénore. La fin, pas aussi fouillée que la première partie, semble avoir moins intéressé le réalisateur qui s’attache davantage aux superbes images d’extérieurs enneigés qu’aux tréfonds des âmes torturées.
Alors même si Adolphe n’est pas l’événement de la rentrée, Jacquot aura une fois de plus déjoué les pièges de l’adaptation dans un film d’auteur et d’acteurs à la fois fidèle et personnel. Une belle performance.
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