La Tulipe noire - Christian Jaque - critique

Critique : Alain Delon pouvait tourner la même année Le Guépard et cette lumineuse Tulipe noire, comme une récréation virevoltante. Il y est d’ailleurs excellent, bondissant, moqueur, dans un double rôle masqué. On voit là la volonté de rivaliser avec Fanfan la Tulipe et Gérard Philipe, mais aussi avec le vigoureux Jean Marais (Le Bossu, Le capitaine Fracasse dataient de quelques années à peine) en s’inscrivant dans le succès populaire que rencontraient les films de cape et d’épée. C’est à peu près à ce niveau qu’il faut juger une fantaisie gentiment parodique, qui se sert de la Révolution davantage pour des bons mots que son cadre historique.
On peut ne pas bouder son plaisir : les dialogues de Jeanson, le cabotinage de Francis Blanche, la préciosité de Robert Manuel, l’indéniable charme de Virna Lisi comme les combats soigneusement chorégraphiés constituent des atouts pour passer un bon moment, d’autant que les scènes d’action (dont la première, remarquablement menée) ont beaucoup de vitalité. Reste que ce cinéma désuet souffre d’un évident manque d’ambition : à se cantonner à l’aimable parodie et le bon mot, La tulipe noire prend le risque de n’être qu’un divertissement familial réjouissant mais sans ampleur.
On sourit, on s’amuse de la caricature (les nobles et leur cynisme), mais jamais le film ne dépasse ce cadre. Même la pendaison du héros (enfin, l’un des héros) s’appuie sur le caractère bravache du personnage et gomme tout ce que la situation pouvait avoir de dramatique. D’où l’impression d’un récit constamment plaisant, mais anodin et sans aspérités. C’est son charme et sa limite.

Le test DVD

Les suppléments :
L’histoire de la Tulipe (18mn) dispense nombre d’informations sur le film, son tournage, son manque de moyens, les trucages, les acteurs… Indispensable. Intéressant également, le module sur la restauration (5mn), très pédagogique. Enfin, Autour de la Tulipe noire (31mn) revient en profondeur sur quelques points, dont les combats, avec force anecdotes.

L’image :
La finesse de la copie laisse pantois : pour un spectacle aussi pétaradant, il était indispensable que les couleurs flamboient, et c’est le cas. Quant à la définition, elle ne laisse rien ignorer ni du grain de la peau ni des détails du paysage. Une merveille.

Le son :
Bien que très nettes et parfaitement audibles, les deux pistes (5.0 DTS-HD Master Audio et 2.0 DTS-HD Master Audio souffrent d’un très léger affadissement. Mieux traitée, la musique caracole avec la vivacité nécessaire.