Adaptation kitsch et réjouissante de Zola
Le 2 août 2021
Une brochette de scénaristes s’est attelée à l’écriture de cette version infidèle au roman, mais bien troussée et bénéficiant d’une belle pléiade d’acteurs.


- Réalisateur : Christian-Jaque
- Acteurs : Charles Boyer, Martine Carol, Paul Frankeur, Jean Debucourt, Walter Chiari, Elisa Cegani, Nerio Bernardi, Noël Roquevert, Dora Doll, Pierre Palau, Germaine Kerjean, Jacques Castelot, Marguerite Pierry
- Genre : Drame
- Distributeur : Cinédis
- Durée : 2h00mn
- Date télé : 2 août 2021 13:35
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 25 juillet 1955

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Résumé : Sous le Second Empire, Nana est une chanteuse prometteuse, entretenue par le banquier Steiner. Elle rencontre alors le comte Muffat, mais cette histoire d’amour va l’entraîner dans la déchéance.
Critique : Le comte Muffat (Charles Boyer), chambellan de Napoléon III (Jean Debucourt), annonce à celui-ci son intention de démissionner. Il invoque comme raison la dégradation des mœurs que l’Empire ne combat pas, voire alimente. Dissuadé par l’empereur, il renonce à partir. Le soir même, il est chargé de passer la soirée avec le prince de Sardaigne (Nerio Bernardi) et le conduit au théâtre des Variétés dont la vedette du spectacle est la fameuse Nana (Martine Carol).
Bien que léger et très peu fidèle à l’esprit du roman d’Émile Zola, le film de Christian-Jaque est, dans son genre kitsch, une assez belle réussite. Le nombre de scénaristes convoqués pour l’occasion n’y est probablement pas étranger : Albert Valentin, Jean Ferry, Henri Jeanson et Christian-Jaque lui-même.
Pourtant, le choix de Martine Carol, très appréciée à l’époque certes, n’est pas des plus judicieux : beaucoup trop âgée pour le rôle (trente-deux ans pour un personnage qui est censé en avoir dix-huit !), elle peine, avec son jeu limité fait d’œillades et de bouches en cœur, à convaincre de sa capacité à rendre fous autant d’hommes !
En revanche, plusieurs protagonistes bien brossés sont interprétés de manière assez magistrale, voire croustillante : les seconds rôles d’abord se distinguent : Noël Roquevert dans le rôle du banquier Steiner, véreux libidineux ; Paul Frankeur dans celui de Bordenave, le directeur truculent, qui n’hésite pas à mettre ses comédiennes dans le lit de ses commanditaires ; Jean Debucourt, en Napoléon III, faussement mielleux, mais vrai calculateur ; Pierre Palau, dont le personnage de maître d’hôtel s’érige en mauvaise conscience du comte Muffat ; enfin Marguerite Pierry qui joue la gouvernante très stylée de Nana, toujours soucieuse de ses propres intérêts.
Les deux hommes qui vont se déchirer pour l’héroïne sont incarnés par Jacques Castelot et l’immense Charles Boyer : le premier est un noble distingué un peu fin de race, hostile à l’Empire ; le second est le comte Muffat, rival amoureux et représentant du pouvoir en place, toujours élégant, d’un sérieux cérémonial dont il ne se départ jamais, et pétri de certitudes qu’il va bafouer les unes après les autres.
Ce très sympathique divertissement est l’un des représentants du cinéma dit de "qualité française" des années 50.