Le 12 novembre 2015
Un régal, grâce à un casting de rêve et, en mineur, la vision noire de Duvivier.
- Réalisateur : Julien Duvivier
- Acteurs : Alain Delon, Lino Ventura, Danielle Darrieux, Charles Aznavour, Mel Ferrer, Michel Simon, Yves Barsacq, Dominique Paturel, Micheline Presle, Georges Wilson, Gaston Modot, Madeleine Robinson, Louis de Funès, Jean Carmet, Mireille Darc, Maurice Biraud, Fernandel, Françoise Arnoul, Noël Roquevert, Edmond Ardisson, Henri Vilbert, Denise Gence, Betty Beckers, Hubert Noël, Claude Dauphin, Jean-Paul Moulinot, Roland Armontel, Maurice Teynac, Germaine Kerjean, André Gabriello
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 2h00mn
- Date de sortie : 14 septembre 1962
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Résumé : Si le diable n’existait pas, les Dix commandements n’auraient aucune raison d’être... Puisque la tentation n’existerait pas... Mais le mensonge et les vices se glissent partout dans les âmes humaines, surtout là où il ne faudrait pas, ce qui amuse beaucoup le Diable, grand meneur de jeu au sein de ces huit tranches de vie...
Critique : Le grand Julien Duvivier avait déjà réalisé des films à sketchs, Carnet de Bal en 1937, ainsi que deux films américains. Quand il entreprend Le Diable et les dix commandements, on sent l’opération commerciale, comme un baroud d’honneur du « vieux » cinéma en pleine Nouvelle Vague (à laquelle le Diable fait une allusion) : la liste des interprètes, longue comme le bras, mélange les « anciens », de Fernandel à Noël Roquevert (très drôle), et les « nouveaux », de Brialy à Delon. C’est la fine fleur du cinéma français, et même étranger avec Mel Ferrer, qui fait un petit tour, le temps d’une prestation la plupart du temps sobre (Fernandel a-t-il souvent été aussi peu cabotin ?), dont le « défilé des bijoux » de la première histoire pourrait être la métaphore.
Mais le scénario dessine en creux une vision du monde dont on peut comprendre qu’elle ait séduit Duvivier : la plainte de la grand-mère agonisante face à « Dieu » sonne comme une charge d’un athéisme violent ; ailleurs c’est la religion qui est moquée. Et toujours la vision pessimiste du cinéaste (« une vie ça suffit ») qui décrit un monde livré à la violence (prostitution et meurtre dans l’épisode avec Aznavour), à la concupiscence, à la trahison, à la tentation de l’inceste ; ce n’est pas pour rien que le titre met en avant le diable.<
Dans ces sept sketchs qui mélangent les tons et les genres, reliés par la voix de Claude Rich, il n’y a rien à jeter. Certes, et c’est un cliché critique, les histoires sont inégales et si notre préférence va à celle de Fernandel, la plus noire, la plus désespérée, la plus forte aussi, on trouvera dans toutes, y compris dans le prologue et l’épilogue où Michel Simon fait un numéro remarquable, de quoi faire son miel. On est certes loin des réussites majeures de Duvivier (il suffit de penser à La Fin du jour, Panique, Voici le temps des assassins et quelques autres chefs-d’œuvre), mais le plaisir de voir une pléthore de comédiens de premier plan défendre avec autant de brio des rôles excessifs ou touchants, et le petit jeu qui consiste à reconnaître tel ou tel a son charme. On s’amusera aussi de la misogynie ambiante, plus drôle que révoltante et de détails, comme l’affiche de la pièce qui passe d’un sketch à l’autre.
Les suppléments :
En 12 minutes, Guillemette Odicino et Éric Libiot, sur le ton badin de la conversation, analysent la portée du film, et parlent plaisamment du réalisateur et des acteurs.
L’image :
La copie restaurée est lumineuse, exempte de parasites, avec un léger manque de définition.
Le son :
Dans les limites de la technique de l’époque, la seule piste proposée restitue des dialogues clairs et parfaitement audibles ; ni souffle ni saturation.
– Sortie DVD : 18 novembre 2015
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