Le 29 octobre 2022
- Compositeur : Jean-Baptiste Doulcet
- Plus d'informations : Le site de Mirare Production
Crédit photo © Nikolaj Lund
Pianiste, improvisateur et compositeur, Jean-Baptiste Doulcet nous a accordé un entretien à l’occasion de la sortie de son CD album Un monde fantastique.
AVoir-ALire : Comment est né votre projet du CD album Un monde fantastique ?
Jean-Baptiste Doulcet : C’est un projet qui est né durant le temps du premier confinement, passé dans une nature idyllique au Danemark - et qui m’a intrigué au point de vouloir raconter une histoire faite d’univers fantastiques, mais avec la musique romantique que je connaissais bien : Schumann, Liszt…
Au début, le contenu n’était pas encore clair - quelles œuvres exactement, comment les relier entre elles ? - mais je me suis laissé le temps d’y réfléchir, aussi selon mon envie de jouer telle ou telle pièce. Il n’y a pas eu de précipitation ! Et je crois qu’après ce que la Covid-19 nous a tous fait traverser, il fallait célébrer quelque chose de vivant, d’émouvant, quelque chose qui raconte des histoires, évoque des images, nous fait voyager…
AVoir-ALire : Comment conciliez-vous vos activités de pianiste et de compositeur ? Vous semblent-elles complémentaires ?
Jean-Baptiste Doulcet : Absolument, elles le sont tout à fait ! Pour ma part, la composition naît de l’improvisation, de choses jouées au piano, de petits fragments dont on cherche l’architecture, ou parfois même l’issue ! J’assemble et cela naît de la spontanéité du clavier. Mais ma carrière s’est développée plus précisément autour du piano, de concerts d’improvisation et de répertoire des grands compositeurs. Il m’arrive pourtant de composer pour mon plaisir, ou quand un projet appelle une double facette.
AVoir-ALire : Comment s’est déroulée votre formation musicale ? Des influences artistiques ont-elle joué un rôle dans votre parcours ?
Jean-Baptiste Doulcet : Mon père m’a mis très jeune au piano, mais sans vouloir à tout prix me pousser. J’ai eu du temps pour découvrir, et petit à petit aimer ça véritablement par moi-même. Ensuite, après quelques conservatoires, quelques académies d’été, j’ai intégré à quatorze ans le CNSM de Paris, qui est le grand conservatoire français de musique et de danse, l’institution « officielle » ; ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas d’autres ! Autrement, mes influences ont toujours été reliées à la vie en général ; tout ce qui entoure la musique sans être de la musique, peut être déjà une grande influence. Le cinéma notamment ...
AVoir-ALire : Vous êtes déjà lauréat de plusieurs prix dont le Prix Modern Times du concours Clara Haskil et le 2ème prix du 8th Nordic Piano Competition. Cette reconnaissance vous touche-t-elle ?
Jean-Baptiste Doulcet : Bien sûr. Je crois que c’est important de se sentir reconnu par ses pairs ; d’avoir le sentiment d’une légitimité, d’une place que l’on a acquise par la force de notre parcours, de notre travail. Car on peut douter beaucoup !
AVoir-ALire : Vous avez été amené à jouer en France mais aussi au Danemark, aux États-Unis, en Allemagne, en Italie et en Chine. Comment vivez-vous cette expérience internationale ?
Jean-Baptiste Doulcet : C’est un des grands plaisirs du métier de musicien ; voyager, découvrir des cultures, des lieux, qui n’ont pas souvent le temps d’être fixés car on doit reprendre le voyage ailleurs. Et on y reviendra sûrement… Se sentir étranger, dans ces conditions, est un sentiment extraordinaire à mes yeux. Enrichissant.
- Jean-Baptiste Doulcet © Nikolaj Lund
AVoir-ALire : Vous semblez avoir pris un plaisir à accompagner au piano des reprises de films du cinéma muet. Que vous a apporté cette expérience ?
Jean-Baptiste Doulcet : En effet, il y a un moment où mes études au CNSM de Paris, lorsque j’étais en classe d’improvisation, m’ont amené à découvrir le cinéma muet, car on y pratique aujourd’hui de plus en plus l’improvisation live. En regard de ce qui se faisait à l’époque, en quelque sorte, puisque des musiciens - souvent un petit orchestre - accompagnaient les films muets en direct, dans la salle. C’est pour moi une manière de relier les deux choses que j’aime le plus : la musique et le cinéma, pour créer une expérience de spectacle vivant qui peut toucher tout le monde. La force évocatrice des images du muet, en général, m’a toujours touché. Devenir musicien pour ce matériau-là, c’est donner un sens personnel, intime, aux images. C’est un geste de mise en scène à part entière, toute proportion gardée. J’adore cet univers… même si parfois, les images n’ont pas besoin de musique pour être puissantes, et vice versa.
AVoir-ALire : Vous êtes aussi un critique de cinéma aux écrits de grande qualité. Comptez-vous poursuivre dans cette voie ?
Jean-Baptiste Doulcet : Merci pour le compliment ! Ça fait longtemps que j’écris sur le cinéma, c’est venu assez jeune. J’ai appris sur le tas. J’ai dû arrêter le côté professionnel (il faut du temps pour voir des films en projections de presse, rattraper les retards, écrire sur chaque œuvre, faire des interviews), mais il m’arrive encore d’y revenir par plaisir, en général sur les réseaux sociaux. Auquel cas j’aime prendre le temps de développer : souvent, c’est pour donner envie de voir un film qui m’a touché ou intéressé, pour extraire un sens au-delà du sens. Mais il peut m’arriver, quoique rarement, d’écrire sur un coup de gueule...
AVoir-ALire : N’êtes-vous pas tenté par la musique de film ?
Jean-Baptiste Doulcet Si. Je le fais un peu avec le cinéma muet, j’ai aussi écrit pour un court-métrage étudiant il y a quelques années. Mais la composition pure et dure pour le cinéma, je crois que c’est un métier très particulier, très difficile, qui demande une acuité particulière face au travail d’un.e cinéaste. J’admire celles et ceux qui écrivent une musique de cinéma que l’on peut entendre autant que l’on voit un film. Jonny Greenwood est quand même très fort avec ça !
AVoir-ALire : Jean-Baptiste, quels sont vos grands projets dans les années à venir ?
Jean-Baptiste Doulcet : Continuer dans cet esprit, suivre mon chemin et prendre des embranchements inattendus, je pense que c’est tout ce que je peux souhaiter ! Continuer à faire des concerts, écrire de la musique, mais aussi parfois écrire sur et pour les films. Continuer d’en voir des tonnes et des tonnes, faire un nouveau CD…
Et pourquoi pas, un jour (ça j’en ai toujours rêvé de manière bon enfant, mais avec beaucoup d’envie et de sérieux) être juré d’un festival de cinéma, pour mettre en lumière des œuvres que l’on aime !
- © Mirare Productions - Photographe © Nikolaj Lund
"Un monde fantastique" (Schumann, Liszt, Doulcet), par Jean-Baptiste Doulcet (piano). Mirare Productions. Disponible notamment à la FNAC, sur Amazon et Cultura.
Galerie photos
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