« Tu n’as rien vu de Sarajevo... »
Le 18 décembre 2014
Un film collectif sur la mémoire de Sarajevo. Une commémoration cinématographiquement et politiquement correcte.
- Réalisateurs : Jean-Luc Godard - Vincenzo Marra - Cristi Puiu - Isild Le Besco - Aida Begic - Ursula Meier - Vladimir Perisic - Sergei Loznitsa - Angela Schanelec - Kamen Kalev
- Acteurs : Bogdan Nikovic, Fedja Stamenkovic, Andrej Ivancic, Nikola Brkovic, Mihailo Kovic
- Genre : Drame, Documentaire, Historique
- Nationalité : Espagnol, Français, Allemand, Italien, Suisse, Russe, Serbe, Bulgare
- Distributeur : Rezo Films
- Durée : 1h54mn
- Date de sortie : 16 juillet 2014
- Festival : Festival de Cannes 2014
L'a vu
Veut le voir
Résumé : À travers la vision de treize cinéastes européens, le film souhaite explorer « ce que Sarajevo représente dans l’histoire européenne depuis un siècle et de ce qu’elle incarne dans l’Europe d’aujourd’hui » (dossier de presse).
Critique : Les réalisateurs associés sont de plusieurs pays et de générations diverses. Les tâcherons ont été occultés au profit de créateurs caractérisés par une écriture et un regard personnels. Cristi Puiu (La mort de Dante Lazarescu) côtoie ainsi Marc Recha (Pau et son frère) ou Sergei Loznitsa, qui ne renouvelle pas ici la maîtrise déployée dans son documentaire Maidan. Film de commande au résultat forcément inégal, Les ponts de Sarajevo fait partie de ces projets mêlant cinéphilie et citoyenneté, devoir de mémoire et création artistique. Sur le papier, la liste des réalisateurs et la thématique font penser à la production de 11’09’’01 (2002), suite de segments qui avait mobilisé la participation de Chahine, Imamura, Lelouch ou Loach. On pourra aussi rattacher cette affiche de réalisateurs prestigieux à celle de 7 jours à la Havane, dont la portée était cependant bien moins politique et historique. Mais Les ponts de Sarajevo pourra déconcerter par son absence de didactisme, la confusion de ses repères historiques et l’affirmation de tics d’auteurs casant leur nombrilisme au sein d’une structure politiquement correcte. Un peu comme ces spectacles parrainés par Amnesty International, dont on ose à peine évoquer la fadeur et les envolées lyriques dérisoires, et ce au nom de la noblesse de la cause défendue.
- Copyright Cinétévé • Obala Art Centar • Bande à part Films • Mir Cinematografica • Ukbar Filmes • unafilm • Orange Studio • France 2 Cinéma
Mais cela vaut surtout pour les épisodes les plus faibles, tel le film de Kamen Kalev, qui signe la partie la plus illustrative, avec une reconstitution convenue de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand. Cela ne s’arrange pas avec l’inspiration de Teresa Villaverde ou Angela Schanelec, déjà auteure de l’inénarrable Des places dans les villes. Et ne parlons pas de Jean-Luc Godard, qui par ses psalmodies ampoulées réussit à dépasser l’inanité et l’emphase d’Adieu au langage. On préférera les subtiles variations sur l’enfance et l’âge adulte qui apparaissent au détour de séquences filmées par Isild Le Besco, Ursula Meier
(Home), ou Aida Begic, native de Sarajevo, sans doute davantage impliquée par le projet, et à qui on devait les touchants Premières neiges et Djeca - Enfants de Sarajevo. L’ensemble séduit certes par son montage général, les différents regards étant reliés par des « ponts » d’animation signés Schuiten et Matta Almeida. Noir et blanc et couleur, documentaire et fiction, chants et silences, ellipses narratives ou style contemplatif alternent au gré de l’inspiration des différents cinéastes. La beauté formelle de l’œuvre (qui culmine avec l’émouvante rencontre d’un enfant footballeur et d’une femme dans un cimetière) finit par compenser un propos un peu vide sur la mémoire de Sarajevo, ville ô combien chargée d’Histoire, de sa création par les Ottomans en 1461 à son siège par les forces serbes (1992-1995), en passant par l’événement catalyseur de la Première Guerre mondiale. Le grand film sur Sarajevo reste à faire...
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.