La soeur et l’orphelin
Le 18 septembre 2013
En septembre, découvrez Djeca, enfants de Sarajevo, mention spéciale du jury ’’un certain regard’’ à Cannes. De l’émotion presque sans un mot
- Réalisateur : Aida Begic
- Acteur : Ismir Gagula
- Genre : Drame
- Nationalité : Bosniaque
- Editeur vidéo : Pyramide Video
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 20 mars 2013
L'a vu
Veut le voir
– Sortie du DVD : 5 septembre 2013
En septembre, découvrez Djeca, enfants de Sarajevo, mention spéciale du jury ’’un certain regard’’ à Cannes. De l’émotion presque sans un mot
L’argument : Rahima, 23 ans, et son frère Nedim, 14 ans, sont des orphelins de la guerre de Bosnie. Ils vivent à Sarajevo, dans cette société transitoire qui a perdu toute compassion pour les enfants de ceux qui sont morts pendant le siège de la ville. Après une adolescence délinquante, Rahima a trouvé un réconfort dans l’Islam, elle espère que Nedim suivra ses pas. Tout se complique le jour où à l’école, celui-ci se bat avec le fils d’un puissant ministre du pays. Cet incident déclenche une série d’événements qui conduiront Rahima à découvrir la double vie de son jeune frère...
Le film : Sobre, intelligent, et désespérément contemporain Djeca, enfants de Sarajevo est l’une de ces chroniques de guerre qui voilent le spectaculaire au profit d’un conflit plus intime : celui de la reconstruction. Pour tous ces ’’djeca’’ (’’petits’’ en serbo-croate) qui ont grandi à l’ombre des bombes, le cessez-le-feu n’est pas une libération. Et face au désenchantement d’un monde en ruines qui ne renaît pas de ses cendres, Rahima se laisse aller à la mélancolie de ses souvenirs. Ceux d’une enfance mitraillée en plein vol, et étonnement, riche de jeux et d’éclats de rires. Selon Aida Begic, ’’quand vous grandissez dans un contexte aussi terrible, vous en tirez une maturité et une désillusion qui vous donnent de la force’’. La force de lutter pour un monde meilleur, caméra à l’épaule et réalisme au fusil. A la manière d’un documentaire, Aida Begic capture une tranche de vie, qui, parfois, simplicité du scénario oblige, tourne parfois un peu en rond....
Les suppléments :
Une petite déception en découvrant l’unique bonus de cette édition DVD, qui ne manque pas de s’atténuer au fil de la projection. Trente minutes en tête à tête avec la cinéaste, à découvrir son travail, sans coupures et en profondeur. De son adolescence sous les balles à son apprentissage du cinéma, Aida Begic livre avec passion son expérience : seul l’art et le rire permettent de survivre en temps de guerre. Marqué au fer rouge d’une déchirure balkanique à peine refermée, la cinéaste bosniaque expie dans sa filmographie, les fantômes de son passé. Avec son premier long-métrage, Premières neiges elle pose son univers : un monde de femmes désormais sans hommes, qui doit s’émanciper pour s’en sortir. Plus pessimiste, Djeca, enfants de Sarajevo n’espère plus une fin heureuse. Cinq ans plus tard, le pays n’a pas changé. La faute aux politiques et aux profiteurs de guerre : ’’la Bosnie est dans une période de transition qu’elle n’arrive pas à achever depuiS seize ans déjà. Un sentiment dominant d’impuissance et une incapacité à envisager le futur en résulte’’. Dans ce contexte, filmer devient une responsabilité sociale, celle de dévoiler une réalité à la manière des frères Dardenne tant admirée par la cinéaste.
L’image :
Enchainant les longs-plans séquences en caméra portée, Aida Begic livre avec brutalité le quotidien conflictuel d’une femme pour qui la guerre ne fait que commencer. Ainée d’une fratrie orpheline, elle est en âge d’être en charge. A l’image, la gravité de son visage se fond dans le décor, presque invisible. Et dans cette société patriarcale, son autorité ne cesse d’être remise en question. A commencer par son frère. Mutique et subtile, cette guerre d’indépendance féminine s’expérimente à coups de cadrages plus qu’à coups de mots. Résolument sensoriel.
Le son :
Assurément le point fort de cette édition, la bande sonore venant dans Djeca, enfants de Sarajevo contredire et approfondir le champ de l’image. Si la cinéaste épure ses cadres, c’est aussi pour laisser plus de place au montage sonore, coeur même de sa mise en scène. Une place vide, un regard angoissé, quelques pétards métamorphosés en bombardements, et c’est toute la violence d’un passé toujours présent qui ressurgit. Entre rires perdus et tirs révolus, la bande sonore construit en contrepoint de l’image, un sentiment étrange : la nostalgie d’une guerre mal cicatrisée.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.