Paranormal identity
Le 18 juillet 2012
Le réalisateur d’Eastern Plays dirige Laetitia Casta...
- Réalisateur : Kamen Kalev
- Acteurs : Lætitia Casta, Alejandro Jodorowsky, Thure Lindhardt
- Genre : Drame
- Durée : 1h48mn
- Date de sortie : 11 juillet 2012
- Festival : Festival de Cannes 2011
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Le réalisateur d’Eastern Plays dirige Laetitia Casta...
L’argument : À Paris, Sophie et Daneel, la trentaine, vivent une histoire d’amour fusionnelle. Sophie décide d’organiser un voyage-surprise en Bulgarie. Daneel refuse de partir, mais Sophie insiste. À leur arrivée, elle découvre la raison des réticences de Daneel : il est né et a grandi là-bas dans un orphelinat. Après quelques heures sur des plages surpeuplées, Daneel embarque Sophie vers une île perdue au milieu de la mer Noire. Sur place, il découvre des tests de grossesse dans le sac de Sophie... La chaleur et le comportement étrange des rares habitants commencent à influer sur leur comportement ; l’atmosphère de l’île exhume peu à peu des peurs cachées qui mettent leur amour à l’épreuve. Pour les surmonter, ils vont devoir faire un saut dans l’inconnu...
Notre avis : Présent à Cannes à la Quinzaine en 2011, The Island connaît une sortie discrète dans les salles françaises durant l’été 2012 et ce malgré la présence de Laetitia Casta, subjuguée par l’écriture de Kalev Kamen. Et malgré un premier coup d’éclat avec Eastern Plays, Kamen peine à ressusciter l’alchimie de son premier film. Brumeux et nébuleux, The Island lasse le spectateur. L’erreur fatale ? La partition du scénario en deux micro-récits diamétralement opposés trahissant la promesse d’origine : un drame intimiste mêlé de crise identitaire. La première partie délaisse sur un îlot sauvage le couple franco-bulgare formé par Daneel (Thure Lindhart) et Sophie (Laetita Casta). Détachés de leur cocon bourgois, ils se retrouvent face à face, pour la première fois. Confrontés à la véritable nudité de l’autre, les accords et ressemblances volent en éclats, fissurant le si joli cliché amoureux de départ. La désunion est consommée, Sophie n’est plus en sécurité sous le regard de Daneel. Et au bout de quelques jours, plus rien ne subsiste ou presque de leur amour. Seule l’annonce d’un enfant à venir ancre encore le couple à terre. Jusqu’au vent de folie qui finit par emporter Daneel dans une tout autre réalité...
Dans cette deuxième partie, l’île et ses résidents prennent un jour menaçant. Des cadavres invisibles flottent sur l’eau, des femmes accouchent dans les profondeurs de la forêt et un tarologue énonce des sentences prophétiques ponctuées de rire sombrement gras. La logique prend l’eau, The Island a sombré dans le fantastique. Pris d’une errance psychotique, Daneel s’abandonne à son expérience nihiliste. Puisque plus rien n’a de sens, le détail et l’absurde sont promus au rang de priorité. Il quitte femme et enfant pour rien...et tout à la fois. Sur les chemins de sa crise existentielle, il croise la route d’une émission de télé réalité (Big Brothers). L’occasion pour lui d’y révéler son talent, son jeu, sa folie, en un rôle de composition. Implantée sur un sol solide, la thématique de la schizophrénie trouve sur l’île, une réelle profondeur. Jouant sur les racines du mal, Kamen évoque avec mystère et charme sorcier la naissance traumatique, l’enfance orpheline, et l’expatriation de Daneel. Sèche et piquante, l’esthétique du cinéaste brûle les corps, délivrant blessures et tourments sur l’écran. Montage épuré, lumière éblouissante, et cadres étriqués torturent le corps emprisonné de Daneel. Une tendance carnassière, proche d’Antonioni et de son Désert rouge. L’espace confiné surajoute à cette sensation d’aliénation, plantant dans ce décor désolé et stérile, un terreau propice à l’embardée hallucinatoire. Un climat violent, poussant Sophie dans la psychose de son fiancé, jusqu’au rappel de la nature, la robustesse de son ventre maternel la préservant finalement du naufrage.
Dans son délire psychotique, Daneel se persuade qu’une habitante de l’île, Irina, est sa mère biologique. L’enjeu dramatique se précise et l’intrigue se noue sur fond d’énigme filiale. Puis, sans prévénir, le cinéaste casse le fil. A la dérive sur le continent bulgare, le récit s’éparpille en tous sens et se décrédibilise. L’intensité de la mutation de Daneel se dégrossit en une froide folie discursive. Un désir d’intellectualisation poussif, dénonçant les méfaits de l’image dans nos sociétés sur-exposées, qui finit par nous décoller de la peau de Daneel, devenue trop abstraite et réversible pour qu’on s’y accroche. Une constante métamorphose qui a néanmoins le mérite de révéler le talent de caméléon de Thure Lindhart, dont l’interprétation très physique impressionne de force et de justesse. Autre bonne surprise, Laetita Casta, convaincante pour la première fois, trouve presque dans The Island l’étoffe d’une Monica Vitti des temps post-modernes. Des comédiens envoûtants qui ne suffisent pas à sauver le film du virage fantastique pris à mi-parcours. Au final, les incessants symboles et les trop nombreuses métaphores de cette double narration étouffent la flamme d’un récit dont on ne parvient pas à essentialiser le propos. Une cuisante déception.
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