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Critique : Le roman de Clara Arnaud décrit avec âpreté un rapport à la nature bien éloigné des récits de promenade où l’homme hégémonique validerait d’une manière ou d’une autre son véritable pouvoir sur l’environnement. Le récit se concentre sur la relation au sauvage à travers le rapport aux ours, entrecroisant les destins de deux personnages : il y a d’abord Alma, une jeune éthologue, qui rejoint le Centre national pour la biodiversité, afin d’étudier le comportement des ursidés récemment réintroduits dans les Pyrénées. Son observation a pour objectif d’assurer la bonne cohabitation entre les bergers et ces animaux prédateurs. Gaspard, lui, est un de ces pâtres requis par la dureté de l’estive, subissant les vicissitudes d’une nature potentiellement dangereuse, dont l’ours constitue une forme d’élément métonymique. Il arrive que les itinéraires de ces deux protagonistes se croisent. La même fascination pour la montagne les unit.
En parallèle, le livre s’intéresse à un jeune Pyrénéen, Jules, parti aux États-Unis pour faire fortune en tant que montreur d’ours, à une époque où peu d’autochtones quittaient leurs villages. On suit le parcours de ce personnage à travers la France, l’Angleterre, puis outre-Atlantique où son rêve d’ailleurs et de réussite se fracasse littéralement. Ce troisième itinéraire n’a qu’une valeur illustrative et, si l’on excepte sa dimension purement documentaire, la greffe ne prend pas dans la construction globale du roman. Disons que les intentions du texte, ses coutures, apparaissent un peu trop pour qu’on soit pleinement enthousiaste, même si la densité des personnages suscite l’intérêt.