Le 1er juin 2023
L’un des plus beaux rôles de Patrick Dewaere. Pour le reste, s’il n’évite par certaines conventions scénaristiques, le film de Sautet demeure une belle réussite de son auteur.
- Réalisateur : Claude Sautet
- Acteurs : Christiane Cohendy, Jacques Dufilho, Patrick Dewaere, Étienne Chicot, Pierre Maguelon, Jean-Claude Bouillaud, Dominique Zardi, Claire Maurier, Brigitte Fossey, Yves Robert, Mado Maurin, Antoine Bourseiller
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Acacias, Parafrance
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 23 août 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 11 septembre 2019
- Date de sortie : 15 octobre 1980
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Résumé : Bruno Calgani revient en France après avoir purgé cinq ans de prison dans un pénitencier américain pour trafic et usage de stupéfiants. A Roissy, la police l’informe des contrôles qu’il devra subir. Sans logement, Bruno se rend chez son père, René, ouvrier dans le bâtiment. Les retrouvailles ne sont pas chaleureuses. La mère du jeune homme est morte pendant sa détention et René en rend son fils responsable…
Critique : Le tournage d’Un mauvais fils correspond à une période intense dans la carrière cinématographique de Patrick Dewaere, puisque ce dernier enchaînera une dizaine de films en deux ans, souvent des drames où son interprétation à fleur de peau, influencée par l’Actors Studio, fera merveille. Un mauvais fils suit le mémorable Série Noire, le long métrage célinien d’Alain Corneau, dialogué par Georges Perec.
Pour Claude Sautet, alors en plein essor, il s’agit à nouveau d’imbriquer l’histoire intime et la peinture sociale, celle d’une France impactée par la crise économique : des manifestations figurent à plusieurs reprises en arrière-plan, le monde ouvrier que côtoie Bruno est celui des précaires qui enchaînent les petits boulots. Le héros est, de ce point de vue, symptomatique d’un pays où le chômage frappe depuis le choc pétrolier de 1973.
Les lieux participent à l’ambiance déprimante : un bar citadin où l’on s’oublie dans la boisson et le flipper, des appartements petits et grands dont les mornes couleurs sont, dans une forme d’esthétique balzacienne, le reflet des personnages qui les habitent. La belle partition de Philippe Sarde est à l’avenant : mélancolique.
Chaque protagoniste, en fait, traîne sa croix : Bruno est un ancien détenu qui a purgé sa peine pour une affaire de drogues et revient en France, son père entretient des relations conflictuelles avec lui, sa mère a sombré dans la dépression et elle s’est tuée avec des barbituriques. Elle est l’enjeu des incompréhensions entre les deux personnages qui s’accusent.
Et puis, il y a la toxicomanie : dans un premier temps, Bruno parvient à la dompter, puis il replonge après avoir rencontré Catherine, dépendante comme lui. Les deux individus travaillent dans une librairie, vivent bientôt une histoire sentimentale chaotique, marquée par une rechute.
Dans le rôle du héros paumé, Patrick Dewaere s’avère formidable, d’une sobriété absolument remarquable, divisant son malaise en autant de micro-gestes qui documentent des intentions naturalistes, mais dont l’existence ne paraît jamais outrée, parce qu’il y a, dans cette dramaturgie hybride, un mélange de forfanterie blessée, de douceur presque cajolante et de candeur livrée aux quatre vents de toutes les vilénies. Il est évidemment tentant d’opérer une translation autobiographique entre ces caractéristiques fictionnelles et la situation réelle du comédien, d’autant que Dewaere se battait aussi contre la drogue, à la même période.
Mais on peut sans problème se débarrasser des réflexes sainte-beuviens pour apprécier le jeu de l’artiste, comme celui d’Yves Robert, particulièrement notable. En revanche, Brigitte Fossey paraît bien fade dans le rôle d’une junkie en rehab et Jacques Dufilho surjoue le libraire esthète, mal dans sa peau à cause de son homosexualité. Son personnage caricatural lui valut pourtant le César du meilleur acteur dans un second rôle. Pour Dewaere : rien.
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