Le 3 décembre 2023
Sans être original, ni dans les dialogues, ni dans la mise en scène, ce grand succès de Claude Sautet se laisse regarder. Mais sa valeur est quasi documentaire, aujourd’hui.


- Réalisateur : Claude Sautet
- Acteurs : Isabelle Huppert, Yves Montand, Romy Schneider, Sami Frey, Bernard Le Coq, Umberto Orsini, Marcel Gassouk, Henri-Jacques Huet, Lucienne Legrand, Carlo Nell, Serge Nubret, Eva Maria Meineke
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français, Allemand, Italien
- Distributeur : CIC Distribution
- Durée : 1h50min
- Date télé : 13 mars 2025 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 24 décembre 2014
- Date de sortie : 11 octobre 1972

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Résumé : L’histoire d’un trio amoureux et d’une amitié naissante. César aime Rosalie. César est à l’aise en société, plein d’entrain et dirige une société de ferrailleurs. Rosalie, restée très proche de sa famille, partage sa vie avec César. Et il y a aussi David, un artiste qui fut autrefois l’amant si cher au coeur de Rosalie. Les deux hommes, qui se disputent la même femme, finissent par devenir amis...
Critique : Le Jules et Jim de Claude Sautet est un triangle équilatéral où chaque distance à parcourir est la même pour les trois personnages : Rosalie aime autant David que César, les deux hommes se jalousent de la même façon, mais le bouillant et infatué ferrailleur l’exprime d’une manière plus ostentatoire que le ténébreux dessinateur qu’interprète sans effort Sami Frey, qui a tout à fait le physique de son rôle (Philippe Léotard fut un moment pressenti). La rivalité des deux protagonistes suscite des scènes tantôt cocasses (la course en automobile, où l’on se double et l’on se redouble), tantôt pathétiques (la destruction de l’atelier de David). La troisième collaboration entre Sautet et Romy Schneider offre à cette dernière un rôle de jeune femme indécise, absolument pas dupe des rodomontades de César, qui lui fait le grand jeu lors d’une célèbre scène au restaurant. L’héroïne est en même temps attirée par son rival antithétique lequel, loin d’être falot, n’hésite pas à sortir de sa réserve naturelle, dès lors que César dépasse les bornes.
Après une série de succès qui en font l’un des réalisateurs les plus en vue, Sautet continue de documenter les mœurs de la petite bourgeoisie, avec l’acuité psychologique qu’on lui connaît. Dabadie mitonne les dialogues, ni mauvais, ni bons. La caméra du cinéaste semble constamment fascinée par son actrice principale, à tel point que la dernière séquence du film, où Rosalie réapparaît, évoque chez les deux hommes devenus amis un sentiment d’attraction qui semble la projection fictionnelle d’un coup de foudre artistique.
Tout cela est à la fois plaisant et énervant à suivre, d’autant que Montand a tendance à en faire des tonnes, dans le genre latin lover sur le retour.
Il n’y a quand même, dans cette relecture du bovarysme à l’ère pompidolienne, ni originalité scénaristique, ni inventivité au niveau de la mise en scène.