Le 7 février 2021
Le premier film de Claude Miller est la chronique d’un affrontement masochiste. Dewaere et Bouchitey y sont formidables.


- Réalisateur : Claude Miller
- Acteurs : Patrick Bouchitey, Michel Blanc, Patrick Dewaere, Claude Piéplu, Christine Pascal, Marc Chapiteau
- Genre : Comédie dramatique, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Splendor Films , AMLF Distribution
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 1h25mn
- Date télé : 27 mars 2025 22:35
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 6 mars 2019
- Date de sortie : 3 mars 1976
Résumé : Durant l’été 1960, Marc et Philippe sont moniteurs dans une colonie de vacances en Auvergne. Tout les oppose : le premier se veut viril, tandis que le second se montre beaucoup plus réservé et taciturne. Au cours d’un malheureux concours de circonstance, Marc surprend Philippe habillé en femme. Une relation ambigüe, mélange de sadisme et de vénération, s’instaure alors entre les deux hommes.
Critique : Même s’il céda ensuite ensuite à une forme d’académisme, Claude Miller s’intéressa souvent aux marges et à ce qui travaille des êtres, au-delà des apparences auxquelles les contraignent les relations sociales. Ce motif est au cœur de la relation entre Philippe et Marc, deux moniteurs de colo, aussi dissemblables que possible, et qu’un secret va pourtant relier, sans que jamais le contenu de ce lien tacite ne se dissémine dans l’entourage. On note d’ailleurs que les humiliations terribles infligées à la victime n’ont jamais lieu en présence des autres animateurs : la violence n’advient que dans des endroits où Philippe est sûr de ne jamais être entravé, le sentier d’une forêt, le vestiaire vide d’une piscine ou une chambre. La seule fois où Marc s’attaque publiquement à son collègue se produit au cours d’une répétition théâtrale avec des enfants, qui se termine en pugilat. Voulant intervenir pour mettre fin à la bagarre, Philippe est symboliquement empêché par son bourreau qui le ceinture.
Cette configuration rend d’autant plus spectaculaire l’avant-dernière séquence du film, celle du bal costumé, qui brouille les identités et permet, cette fois, au jeune adulte de provoquer et de séduire son tortionnaire, dont il sait très bien que l’acharnement dissimule une forme de désir non assumé. Si personne ne s’interpose lorsque les deux protagonistes s’affrontent, c’est parce que les autres semblent sidérés de ce qu’ils découvrent, sans que jamais, au-delà de sa révolte transformée en fureur, l’animateur harcelé ne révèle la véritable cause de son désarroi. La confession publique aurait certes lesté ce long métrage d’une charge mélodramatique qui ne convenait pas à son registre si délicat. Mais on peut aussi supposer qu’en 1976, il était encore difficile pour un cinéaste de sortir l’homosexualité de son ornière et même de son tabou, pour l’évoquer sur la place publique. D’ailleurs, le dénouement du long métrage prouve à quel point le scénario n’assume pas jusqu’au bout l’orientation sexuelle de son personnage, puisqu’il le renvoie très symboliquement à une hétérosexualité normative.
Norman06 21 avril 2009
La meilleure façon de marcher - Claude Miller - critique
Le premier, et peut-être le meilleur film de Claude Miller. Cette histoire d’un harcèlement repose sur un scénario subtil, une interprétation impeccable (Dewaëre en tête), et une mise en scène captivante, qui annonce le trouble causé par Mortelle randonnée. Un must du cinéma des rapports troubles.