Le 24 avril 2024
Porté par une réalisation soignée et l’interprétation de Charlotte Gainsbourg, La petite voleuse n’est cependant pas exempt de défauts.
- Réalisateur : Claude Miller
- Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Didier Bezace, Renée Faure, Simon de La Brosse, Catherine Arditi, Chantal Banlier, Nathalie Cardone, Raoul Billerey, Philippe Deplanche, Clotilde de Bayser
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : AMLF Distribution
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 19 février 2021 13:35
- Chaîne : ARTE
- Box-office : 1 834 940 entrées (France)
- Date de sortie : 21 décembre 1988
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Résumé : Une petite ville du centre de la France dans les années cinquante. Janine en sortant de l’école vole un paquet de cigarettes dans une voiture de l’armée américaine et un vêtement aux "folies de Paris". Le directeur de cet établissement arrive chez ses parents adoptifs et découvre le butin. Un jour, Janine rencontre Raoul, jeune couvreur, en train de voler. La complicité puis l’amour vont lier ces deux jeunes gens en rébellion contre leur monde.
Critique : Second film tourné avec Charlotte Gainsbourg, trois ans après L’effrontée, La petite voleuse témoigne de la fascination d’un cinéaste pour son actrice, qu’il accompagne dans une révolte plus adulte, en même temps que dans la découverte de la sexualité. À la croisée d’une Emma Bovary moderne que le cinéma fait rêver et d’un Antoine Doinel dont elle est le pendant voulu par Truffaut, Janine Castang (le nom de l’héroïne du film précédent est conservé) suit un itinéraire fait de larcins et de rencontres : dès les premières images, la thématique est lancée avec les cadenas et la suspicion. C’est que la jeune fille ne cesse, et à juste titre, d’être rejetée pour ses vols et ses mensonges : la découverte des trésors accumulés derrière le lit dit assez l’ampleur des délits. Fort heureusement, même si le scénario indique quelques pistes (l’abandon, l’insatisfaction ou les rêveries cinématographiques), il ne donne pas dans l’explication simpliste et reste, pour le meilleur, dans l’observation objective. Claude Miller trouve d’ailleurs souvent le ton juste dans la description des détails qu’un travelling lent révèle : la cigarette près du lit, le billet de cinéma par exemple ; c’est que pour une part, il enregistre un monde d’objets qui sont autant de tentations (la lingerie, les lunettes, les cigarettes…). C’est sans doute là qu’il est le meilleur, évoquant parfois le Truffaut de L’homme qui aimait les femmes ou le Bresson de Pickpocket : la scène du vol chez le prêtre par ses cadrages serrés sur les mains et les pieds, en particulier, rappelle aussi telle séquence de L’argent.
De même les jeux de regards ou la découverte de l’amour font preuve d’une belle sensibilité et, évidemment, le cinéaste joue de la moindre nuance de son interprète : visage buté, chuchotement implorant ou emportement rageur, Charlotte Gainsbourg est de presque tous les plans et on n’est pas loin du cliché selon lequel un film peut être un documentaire sur une actrice.
Néanmoins, on demeure insatisfait devant nombre d’imperfections gênantes : entre la reconstitution qui ne cesse de s’afficher, les dialogues plutôt lourds (l’insistance sur les expressions tourne au système), des personnages parfois mal définis (Raoul en particulier) et des chutes de rythme, le film a tendance à se déliter et perd de sa force initiale : difficile par exemple de se passionner pour les séquences sur la plage, qui heureusement s’achèvent par deux belles idées (la fuite de Raoul et le portrait écrasé). Et surtout, ce passage très faible précède le beau travail sur le pensionnat, entre violence et grisaille, privation et partage.
Au final, La petite voleuse séduit par une réalisation attentive valorisant des détails précieux, par l’énergie de certains passages et, en particulier, celle de l’interprète principale. Miller sait également toucher sans pathos (le regard de la maîtresse de maison qui perd son enfant, le suicide dans le centre de redressement) ou filmer les étreintes ; reste que le métrage est un peu trop long, un peu trop affecté, un peu trop bavard. Tel quel, il demeure le témoignage d’une éclosion, celle d’une actrice majeure, et, dans ses meilleurs moments, le portrait sensible de personnages décalés, désaxés.
Les suppléments :
Une grande part de l’équipe du film revient sur la genèse et le tournage dans une série d’entretiens chapitrés, sans excès de ferveur promotionnelle ; beaucoup de détails sont appréciables à qui aime La petite voleuse (Sur les traces de François Truffaut, 25 minutes). C’est ensuite Stéphane Brizé qui analyse finement les ressorts psychologiques du long-métrage (8 minutes 30). Enfin, Charlotte Gainsbourg égrène ses souvenirs en dix chapitres émus (10 fois Charlotte, 17 minutes).
L’image :
Beau travail de restauration qui restitue une précision remarquable, voir les détails des nombreux visages en gros plan ; le grain cinéma est néanmoins conservé sans excès en particulier dans les vues générales.
Le son :
Une seule piste, avec possibilité de sous-titres pour mal-entendants, qui a elle aussi bénéficié d’une restauration : les dialogues sont limpides, les chœurs ont une belle présence ; que du bon.
– Sortie DVD et Blu-ray : le 25 octobre 2016
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