Découpage technique
Le 15 décembre 2023
C’est en présence du story-boarder Lam Lê que les festivaliers amiénois ont redécouvert le chef-d’œuvre de Claude Miller.
- Réalisateur : Claude Miller
- Acteurs : Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider, Guy Marchand, Pierre Maguelon, Elsa Lunghini, Jean-Claude Penchenat, Yves Pignot
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : AMLF Distribution
- Durée : 1h26mn
- Date télé : 17 novembre 2023 21:05
- Chaîne : France 5
- Date de sortie : 23 septembre 1981
- Plus d'informations : http://www.filmfestamiens.org/
- Festival : Festival d’Amiens
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L’un des plus grands films français des années 80, et probablement de toute l’histoire du cinéma national, présenté au FIFAM par son talentueux story-boarder et directeur artistique : Lam Lê.
Le contexte : 31 décembre, Jérôme Martinaud, éminent notaire, est convoqué au commissariat afin de témoigner sur l’assassinat et le viol de deux petites filles. Les inspecteurs Gallien et Belmont, persuadés de la culpabilité de l’adjudicateur, le mettent en garde à vue. Gallien essaye à tout prix de le faire avouer et malgré tout, l’affaire piétine. Mais l’arrivée de Madame Martinaud, la femme du suspect, va orienter l’enquête vers une tournure inattendue.
Le film : C’est Lam Lê, crédité en tant que directeur artistique mais réellement présent à l’entière réalisation des trois story-boards donnant naissance au film, qui présente aujourd’hui aux festivaliers amiénois le fruit de sa collaboration avec le regretté Claude Miller. Véritable bannière de notre cinéma, c’est sous les indications de Lê que l’on redécouvre 30 ans plus tard ce chef-d’œuvre intemporel et que l’on peut remettre en perspective l’idée même de "critique"… ou comment voir ce que le film nous raconte véritablement et pas ce que l’on souhaiterait y voir.
L’analyse : Après avoir entièrement storyboardé ce qui deviendra son premier moyen métrage en tant que réalisateur, Lam Lê fut directement contacté par Claude Miller qui avait besoin de coucher sur le papier ses ambitions de découpage pour sa prochaine réalisation : un huis clos se déroulant sur un laps de temps réduit, une nuit de Saint-Sylvestre. Le fruit de cette collaboration se nomme Garde à vue, et les deux axes développés par Lê pour expliquer la réussite de cette œuvre entrée au panthéon sont : une équipe artistique au sommet de son art, dans sa globalité, et la tendance "hitchcockienne" d’un cinéma qu’on ne semble plus trouver que très (très) rarement dans l’Hexagone de nos jours.
Car en effet, les sensations cinéphiliques éprouvées à la vision de Garde à vue sont doubles et passent tout d’abord par l’émoi d’assister à une réalisation procurant un plaisir cinématographique immédiat, incroyablement abouti et dont l’impact artistique est palpable dès le premier plan. Georges Delerue, Bruno Nuytten, Albert Jurgenson, autant de noms qu’on sait avec le recul être responsables de chaque pierre portée à l’édifice de ce monument. Car à la large question de Platon "L’œuvre d’art échappe-t-elle à son auteur ?", un semblant de réponse est ici offert. On se rend compte que la rencontre d’autant de maîtres d’œuvres travaillant à la composition de l’aboutissement audiovisuel est totale : le cadre, la lumière, la musique et bien évidemment le montage, sont autant en parfaite symbiose que distinctement à leur apogée. Union bien évidemment recherchée par tout cinéaste, mais qu’on n’éprouve en tant que spectateur que face à ce que l’on nomme communément un chef-d’œuvre, et c’est bien le cas de cette sombre Garde à vue.
- © Ariane
Le deuxième axe mis en avant par Lam Lê lors de cette belle rencontre au Festival international du film d’Amiens, c’est le côté hitchcockien du long métrage. Et c’est précisément ce qui couronne le film comme un classique indémodable. Véritable polar sous forme de "whodunit", auxquels les spectateurs actuels sont bien plus familiers que ceux de 1981, le film n’est jamais déclamatoire d’un genre ou d’un autre. En aucun cas, effectivement, l’intrigue policière ne prend le dessus sur la prise de conscience d’un homme sur sa propre vie et pourtant, le scénario ménage un déroulement d’une logique implacable. Intrigue avec McGuffin très hitchcockien donc, que Miller mène admirablement à terme jusqu’à un point qui fait basculer le film dans l’histoire. Antoine Gallien (Lino Ventura, au sommet) se meut progressivement en metteur en scène et plonge dans la psyché du suspect Martinaud (Michel Serrault, également incroyable), le temps de quelques plans de coupe mimétiques d’un mental mélancolique terrassant. L’œuvre devient alors une réflexion sur la mort des passions ardentes entre hommes et femmes et, plus largement, sur les apparences erronées du psychisme de l’autre. Un diamant noir à revoir sans modération !
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