Le film culte de Bertrand Blier
Le 27 juillet 2015
La cavale de trois marginaux. Premier triomphe de Blier, le film qui révéla Depardieu, Dewaere et Miou-Miou surprit par son ton libre ses dialogues crus.
- Réalisateur : Bertrand Blier
- Acteurs : Isabelle Huppert, Gérard Depardieu, Thierry Lhermitte, Jeanne Moreau, Gérard Jugnot, Miou-Miou, Patrick Dewaere, Marco Perrin, Sylvie Joly, Jacques Rispal, Brigitte Fossey, Christian Alers, Michel Peyrelon, Dominique Davray, Rita Maiden
- Genre : Comédie dramatique, Érotique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Tamasa Distribution , AMLF Distribution
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Date télé : 21 octobre 2022 22:30
- Chaîne : France 5
- Titre original : 1h55mn
- Date de sortie : 20 mars 1974
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Résumé : Dans la France des années 1970, Jean-Claude et Pierrot sont deux voyous qui tuent le temps comme ils peuvent en commettant des larcins. Après avoir harcelé une dame avec un chariot de supermarché et lui avoir volé son sac, ils « empruntent » une DS pour faire un tour, puis la replacent à l’endroit même où ils l’avaient dérobée. Le propriétaire, patron d’un salon de coiffure, les surprend à leur retour et les braque avec un revolver en attendant l’arrivée de la police. Jean-Claude et Pierrot parviennent à s’enfuir, mais ce dernier est légèrement blessé par un coup de feu. Dans leur fuite, ils emmènent Marie-Ange, l’employée et maîtresse du patron du salon de coiffure. Commence alors une fuite en avant pour le trio.
Critique : Adapté de son propre roman, Les valseuses valut une grande notoriété à Bertrand Blier et révéla au grand public Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou. Succès de scandale de par son ton libre, sa crudité de langage et ses situations jugées scabreuses, le film divisa la presse, offusquant les honorables Jacques Siclier ou Claude-Marie Trémois qui n’y virent que vulgarité et esprit potache. Il faut dire que la vadrouille de ces deux délinquants, flanqués d’une coiffeuse frigide qui finira par ne plus l’être, était particulièrement pimentée pour l’époque. Un an après La grande bouffe de Marco Ferreri, l’œuvre fut un pavé dans la mare dans une France pompidolienne aseptisée, implosant lentement mais sûrement au rythme de la révolution des mœurs de mai 68 et à l’orée d’une crise économique montante. On y voit Depardieu et Dewaere commettre divers larcins, parfois contre leur gré, la plupart du temps avec un enthousiasme certain. Du gâteau dérobé dans la boite d’une pauvre dame pourchassée (Dominique Davray) au harcèlement d’une jeune mère donnant le sein à son bébé dans un train (Brigitte Fossey), en passant par le détournement de mineure d’une adolescente (Isabelle Huppert) à qui ils proposent de perdre sa virginité dans un pré, les pérégrinations de nos deux comparses ne sont pas de tout repos en dépit d’un éloge assumé de l’oisiveté.
Tout Blier est dans ce premier film, à commencer par ce sens du déplacement de personnages passant de routes nationales à de petits bleds de province, au gré de leurs fuites et errances. La France profonde y est raillée, avec ses vigiles de supermarché étriqués (Marco Perrin), ses commerçants beaufs et ses campings sinistres. Les campagnes désertes et une nature étrangement silencieuse annoncent le décor dépouillé et inquiétant de Buffet froid, auquel l’absurde des situations fait aussi songer. Blier déploie aussi son aisance à mélanger les genres, de par la noirceur et le ton désenchanté de certaines séquences (le suicide de Jeanne Moreau). Pourtant Les valseuses, au-delà de son aspect novateur, s’inscrit dans une tradition picaresque et acerbe d’un certain cinéma français. À y réfléchir, Jean-Claude et Pierrot ne sont guère plus dangereux qu’Arletty et Michel Simon dans Fric-frac ; le duo Depardieu-Dewaere prolonge celui formé dans La traversée de Paris par Bourvil et Jean Gabin, les invectives de ce dernier contre de malheureux quidams étant ici reprises par le personnage de Depardieu, en mode certes plus trash. Scénariste hors pair et conteur au vitriol, Bertrand Blier signe avec Les valseuses le premier grand jalon de sa filmographie et une œuvre emblématique du cinéma français des années 1970.
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