Le 19 janvier 2025
Un biopic musical plaisant et élégant, qui évite les boursouflures inhérentes au genre, et confirme le savoir-faire de James Mangold.
- Réalisateur : James Mangold
- Acteurs : Edward Norton, Dan Fogler, Elle Fanning, Scoot McNairy, Nick Offerman, P.J. Byrne, David Alan Basche, Boyd Holbrook, Charlie Tahan, Timothée Chalamet, Monica Barbaro
- Genre : Drame, Biopic, Musical
- Nationalité : Américain
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Durée : 2h20mn
- Titre original : A Complete Unknown
- Date de sortie : 29 janvier 2025
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Résumé : New York, début des années 1960. Au cœur de l’effervescente scène musicale et culturelle de l’époque, un énigmatique jeune homme de dix-neuf ans arrive dans le West Village depuis son Minnesota natal, avec sa guitare et un talent hors normes qui changeront à jamais le cours de la musique américaine. Alors qu’il noue d’intimes relations durant son ascension vers la gloire, il finit par se sentir étouffé par le mouvement folk et, refusant d’être mis dans une case, fait un choix controversé qui aura des répercussions à l’échelle mondiale…
Critique : Produit par Searchlight Pictures, Un parfait inconnu confirme le solide talent artisanal de James Mangold, qui avait déjà habilement œuvré dans le musical avec Walk the Line, sur Johnny Cash. Sans être un authentique auteur hollywoodien, le cinéaste peut être considéré comme davantage qu’un « yes man » : il l’avait prouvé avec les morceaux de bravoure de Copland, Logan ou Indiana Jones et le cadran de la destinée, pour lesquels on lui pardonne quelques longs métrages assimilables à des ratages. Un biopic musical sur Bob Dylan ? Pourquoi pas ! Claude François et Dalida ont bien eu le leur, pour un résultat artistique peu convaincant. Il faut dire que le genre a connu bien des déceptions, de Judy à Monsieur Aznavour. De l’académisme de La Môme au clinquant d’Elvis, on est souvent resté sur notre faim, en dépit de rares réussites, comme Ray. Le film de Mangold assume sa stricte linéarité, ce qui n’est pas un mal, le flashback comme procédé narratif introspectif devenant, il faut maintenant l’admettre, un autre cliché du genre, d’autant plus que n’est pas Welles et Ophuls qui veut. Le récit se focalise sur les années d’ascension de Dylan, entre 1961 (année où il débarque à New York) et 1965 : il devient en quatre ans une star incontournable de la folk, avant de vouloir casser son image et d’expérimenter d’autres approches musicales (dont le rock), quitte à heurter, un temps, ses fans.
- Timothée Chalamet
- © 2024 Searchlight Pictures. Tous droits réservés.
Coécrit avec Jay Cocks d’après l’ouvrage Dylan Goes Electric d’Elijah Wald, le scénario est subtil et évite l’emphase comme la surenchère narrative. Ainsi, la rencontre initiale avec les chanteurs Woody Guthrie (Scoot McNairy) et Peter Seeger (Edward Norton), qui deviendront ses amis, est-elle traitée avec pudeur et humour, quand la relation amoureuse compliquée avec Suze Rotolo, rebaptisée Sylvie Russo (Elle Fanning), subit des ellipses appréciables, malgré la récurrence du personnage. Le film préfère cerner le mystère Bob Dylan, poète singulier de la musique populaire américaine, dont le caractère supposé marginal a été récupéré par les maisons de disque, mais qui a voulu s’accomplir véritablement et faire évoluer son art, quitte à refuser les conseils de ses proches, amicaux et professionnels, ainsi que les injonctions de son public. Une belle réflexion sur la liberté de création artistique, au-delà des modes, des pressions et des étiquetages hâtifs.
- Edward Norton, Timothée Chalamet
- © 2024 Searchlight Pictures. Tous droits réservés.
Le film a également le mérite de ne pas surligner le contexte politico-historique de la période (malgré un passage peu utile sur la crise des missiles de Cuba) et de se centrer sur ses protagonistes, sans forcer le trait sur des personnalités ayant côtoyé Dylan, à l’image de Joan Baez (Monica Barbaro). Timothée Chalamet (également coproducteur) est parfait dans son rôle, et retrouve la fougue et le charisme qu’il avait manifestés pour Luca Guadagnino et Woody Allen, au début de sa jeune carrière. Que manque-t-il donc à Un parfait inconnu pour être un authentique grand film ? Sans doute cette étincelle de folie et de poésie qui caractérise l’œuvre de Dylan. Quelle que soit sa qualité, le long métrage n’échappe pas au formatage hollywoodien, et l’on a parfois l’impression d’assister à un luxueux karaoké, élégant et agréables certes, sur un chanteur et auteur-compositeur de génie. Mais si l’on ajoute les autres atouts du film que nous avons mentionnés, il serait dommage de bouder son plaisir face au spectacle.
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