Le 2 mai 2023
Un agréable biopic musical qui trouve une vraie dimension dans sa seconde partie, au-delà du clinquant et des conventions.
- Réalisateur : Baz Luhrmann
- Acteurs : Tom Hanks, Richard Roxburgh, David Wenham, Austin Butler, Kodi Smit-McPhee, Xavier Samuel, Luke Bracey, Dacre Montgomery, Kelvin Harrison Jr., Olivia de Jonge, Helen Thomson
- Genre : Drame, Biopic, Musical
- Nationalité : Américain, Australien
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h39mn
- Date télé : 19 mai 2024 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 22 juin 2022
- Festival : Festival de Cannes 2022
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– Sélection officielle Cannes 2022 : hors compétition
Résumé : La vie et l’œuvre musicale d’Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker. Le film explorera leurs relations sur une vingtaine d’années, de l’ascension du chanteur à son statut de star inégalé, sur fond de bouleversements culturels et de la découverte par l’Amérique de la fin de l’innocence.
Critique : Révélé sur le plan mondial avec Roméo + Juliette (1996), le réalisateur australien Baz Luhrmann a toujours été captivé par le genre musical, y compris à la scène, de Strictly Ballroom (1984) à La Bohème (2002). On pouvait cependant être quelque peu apeuré à l’annonce de son biopic sur Elvis Presley, dont il a coécrit le scénario avec Sam Bromell, Craig Pearce et Jeremy Doner, d’après une histoire élaborée avec ce dernier. D’une part, le cinéaste a toujours joué dans le registre de la surcharge esthétique et le tape-à-l’œil, n’en déplaise aux admirateurs du kitschissime Moulin Rouge (2001), pudding musical mêlant philosophie de comptoir et anachronismes musicaux, le disco et la techno alternant avec le french cancan. Quant à sa redoutable adaptation de Gatsby le magnifique, elle parvenait à dépasser en académisme la version 1974 de Jack Clayton. D’autre part, le genre du biopic, fleuron industriel depuis une vingtaine d’années, a déjà fourni son lot de pensums larmoyants et édifiants, notamment pour évoquer l’existence tourmentée de chanteurs et chanteuses, à l’image de La Môme (2007) d’Olivier Dahan.
- © AUSTIN BUTLER en tant qu’ Elvis et TOM HANKS en tant que Col. Tom Parker dans le drame “ELVIS” de Warner Bros. Pictures, un film distribué par Warner Bros. Pictures. Photo courtoisie de Warner Bros. Pictures.
Ces précisions apportées, il faut admettre qu’Elvis est une agréable surprise, plus proche du fulgurant Ray (2004) de Taylor Hackford que de l’indigeste Judy (2020) de Rupert Goold. Le début laisse pourtant présager le pire, avec un numéro de cabotinage de Tom Hanks en imprésario vieillissant et roublard, qui raconte sa collaboration fructueuse mais agitée avec Elvis Presley, de la percée du chanteur au milieu des années 50, à sa mort, d’une crise cardiaque, en 1977. La période fiveties n’est pas la plus réussie sur le plan formel, et Luhrmann abuse, comme à son habitude, du montage choc publicitaire, du split screen et autres procédés techniques faisant ressembler le métrage à un clip ou une longue bande-annonce. Mais le récit est bien mené, dans sa description de l’ascension d’un chanteur rebelle croisant la country, le rhythm and blues et le rock, et de ses affrontements avec un mentor décidé à gommer ses aspérités et à en faire un artiste de variétés consensuel. La première moitié des années 60, période charnière pour les revendications des minorités aux États-Unis, envers lesquelles Presley est solidaire, est cependant traitée en mode elliptique.
- © AUSTIN BUTLER en tant qu’Elvis dans le drame “ELVIS” de Warner Bros. Pictures, un film distribué par Warner Bros. Pictures. Photo courtoisie de Warner Bros. Pictures.
Mais ce choix narratif est cohérent puisque ces années correspondent au creux de la vague pour Presley, dont la carrière hollywoodienne s’essouffle, et qui se voit concurrencé par une nouvelle génération ayant démodé son art de chanteur. Le métrage devient réellement réussi quand Luhrmann aborde la seconde partie de la carrière de Presley, de sa « résurrection » sur un plateau de télévision à ses dernières tournées triomphales mais autodestructrices. Car Luhrmann renonce à l’esbroufe, se concentrant sur des rapports psychologiques et filmant les scènes de spectacle avec beauté, optant pour une sobriété qui exclut toute surenchère. L’acteur Austin Butler est étonnant par sa ressemblance physique avec le King, mais ne cherche pas à le singer pour autant. On l’avait aperçu dans des petits rôles avec The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch et Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino, en 2019. Dans le rôle plus effacé de Priscilla Presley, Olivia de Jonge ne démérite pas. Au final, les qualités de l’œuvre l’emportent sur ses limites et les réserves que l’on peut formuler. Elvis a été présenté hors compétition au Festival de Cannes 2022.
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