On connaît la chanson
Le 23 octobre 2024
Illustratif et académique, un biopic techniquement soigné et qui se laisse regarder (et surtout écouter) mais n’apporte rien au genre.
- Réalisateurs : Grand Corps Malade - Mehdi Idir
- Acteurs : Tahar Rahim, Bastien Bouillon, Elisabeth Duda, Soufiane Guerrab, Victor Meutelet, Hovnathan Avédikian, Annie Mercier, Christophe Favre, Marie-Julie Baup, Camille Moutawakil
- Genre : Biopic, Musical
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 2h13mn
- Date de sortie : 23 octobre 2024
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Résumé : Fils de réfugiés, petit, pauvre, à la voix voilée : on disait de lui qu’il n’avait rien pour réussir. À force de travail, de persévérance et d’une volonté hors norme, Charles Aznavour est devenu un monument de la chanson, et un symbole de la culture française. Avec près de 1200 titres interprétés dans le monde entier et dans toutes les langues, il a inspiré des générations entières.
Critique : Coproduit notamment par TF1 Film Productions et Pathé, Monsieur Aznavour a bénéficié d’un budget cossu, notamment pour son plan marketing, du teaser diffusé dans les salles dès l’annonce de sa distribution, au matraquage publicitaire qui a précédé sa sortie. Disons-le d’emblée, le film ne casse pas les codes du biopic (musical ou nom) tel qu’il est en vogue depuis une vingtaine d’années. Concernant les chanteurs, pour un Ray de grande classe (et à la rigueur Elvis), combien d’académiques et illustratifs La Môme, Gainsbourg (vie héroïque) et autres Cloclo ? Sans parler des calamiteux Dalida, Judy ou Bob Marley : One Love. L’une des rares récentes réussites du genre reste Aline, biographie détournée de Céline Dion, transcendée par le second degré et l’humour de Valérie Lemercier. Auteur des consensuels Patients et La vie scolaire, Mehdi Idir et Grand Corps Malade se montrent ici les « yes man » d’un projet dont ils semblent n’être que les coordinateurs de plateau.
- Tahar Rahim
- © Tukimuri / 2024 Pathé Films. Tous droits réservés.
Découpé en quatre chapitres qui relatent respectivement l’enfance, les débuts dans le métier, la marche vers la réussite et l’apogée de la carrière de l’auteur-compositeur-interprète, Monsieur Aznavour est une succession de vignettes sur le parcours professionnel et familial de l’auteur de La Bohême, entrecoupée de chansons révélatrices des sentiments enfouis ou réels de l’artiste, sans le décalage d’On connaît la chanson. À la première partie sur l’enfance difficile dans une famille de réfugiés arméniens, filmée comme le Mayrig de Verneuil, succède une reconstitution de l’Occupation plus proche de Adieu Monsieur Haffman que de Monsieur Klein. Et comme dans une rédaction appliquée de page Wikipédia, les grands jalons du CV continuent à être dévoilés, de la rencontre avec Pierre Roche puis Édith Piaf à l’étoile Walk of Fame sur Hollywood, en passant par l’expérience québécoise, les triomphes à l’Olympia, et l’entretien avec un artiste travesti qui lui inspira la chanson Comme ils disent. Les auteurs occultent toutefois la carrière cinématographique (honorable) d’Aznavour, limitée à une séquence de tournage de Tirez sur le pianiste, mais c’est un détail.
- © Antoine Agoudjian / 2024 Pathé Films. Tous droits réservés.
Le principal reproche que l’on peut adresser au long métrage est de se contenter de cocher les cases d’une feuille de route à suivre, sans audaces narratives et visuelles, en misant sur l’anecdotique, le linéaire et l’émotion facile, avec une psychologie proche de celle de la presse du cœur (la scène de séduction de la future épouse suédoise, dans une discothèque branchée de la Côte d’Azur). On frôle même l’hagiographie, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que les héritiers de l’artiste, cités au générique de fin, ont cautionné le projet de réalisation de ce film sans aspérités, résumé par son titre. Même Tahar Rahim et Marie-Julie Baup (dans le second rôle de Piaf) peinent à nous surprendre, tant ils se contentent de « copier », maquillage et prothèses à l’appui, l’aspect physique et vocal de leur personnage, sans le recul nécessaire. Monsieur Aznavour se laisse pourtant regarder (et surtout entendre) grâce à un soin technique indéniable, avec une mention pour la photo de Brecht Goywaerts. Et il faut bien reconnaître qu’on ne se lasse pas d’écouter les chansons de Charles Aznavour qui par elles seules donnent envie de rester jusqu’au bout de la projection.
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