Le 6 septembre 2019
Un nouveau film sur un collège de banlieue. La deuxième réalisation de Grand Corps Malade et Mehdi Idir saute à pieds joints dans tous les clichés.
- Réalisateurs : Grand Corps Malade - Mehdi Idir
- Acteurs : Zita Hanrot, Soufiane Guerrab, Liam Pierron
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h51min
- Date télé : 17 février 2021 23:00
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 28 août 2019
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Une année au cœur de l’école de la République, de la vie... et de la démerde ! Samia, jeune CPE novice, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de la ville de Saint-Denis. Elle y découvre les problèmes récurrents de discipline, la réalité sociale pesant sur le quartier, mais aussi l’incroyable vitalité et l’humour, tant des élèves que de son équipe de surveillants. Parmi eux, il y a Moussa, le Grand du quartier et Dylan le chambreur. Samia s’adapte et prend bientôt plaisir à canaliser la fougue des plus perturbateurs. Sa situation personnelle compliquée la rapproche naturellement de Yanis, ado vif et intelligent, dont elle a flairé le potentiel. Même si Yanis semble renoncer à toute ambition en se cachant derrière son insolence, Samia va investir toute son énergie à le détourner d’un échec scolaire annoncé et tenter de l’amener à se projeter dans un avenir meilleur...
Critique : Ce nouveau film sur l’école, le deuxième du binôme Grand Corps Malade/Mehdi Idir, semble a priori mettre la focale sur une Conseillère Principale d’Education, fonction plutôt délaissée par le cinéma français, le prof se taillant la part du lion dans une iconographie scolaire souvent réduite à sa personne et passablement mythifiée.
Mais ce long métrage élargit rapidement la perspective, racontant le quotidien de la vie scolaire, dont l’existence n’est pas si souvent documentée par des fictions hexagonales. Le film met également en scène de nombreuses situations de classe, avec des professeurs forcément archétypaux, voire caricaturaux, à qui les deux metteurs en scène distribuent implicitement les bons et les mauvais points dans une logique méritocratique (félicitations en maths -tes élèves te respecteront-, doit faire ses preuves en histoire-géo -tes élèves te chahuteront-). Les situations que les deux réalisateurs organisent se réduisent le plus souvent à des concours de punchlines, comme dans la BD Les Profs, comme dans tant d’autres comédies qui ont entrepris de faire rire avec un tableau, des chaises, des élèves et un(e) enseignant(e), capitalisant sur de semblables bons mots, des conflits adultes-élèves qui suscitent des réflexions spontanées, et quelques champs-contrechamps pour toute configuration cinématographique. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Il serait quand même temps de filmer autrement l’école ou de choisir un autre sujet si on est obligé de copier sur son voisin, en mixant un bout d’Entre les murs (pour les situations frontales), un bout des Héritiers (pour la dimension citoyenne et l’apprentissage du vivre-ensemble) et quelques moments potaches issus des comédies scolaires des années 80.
En ce qui concerne la CPE, incarnée Zita Hanriot, évidemment, une raison l’investit dans la prise en charge de Yanis, un ado décrocheur (elle a quitté l’Ardèche, pour pouvoir rendre visite à son compagnon qui est emprisonné). Cette obsession de la causalité qui leste la psychologie d’un bon nombre de personnages du cinéma français, s’accorde tout à fait avec la dimension sentimentale du film, puisque Sonia reconnaît, sans investissement empathique démesuré, la difficulté qui est la sienne à travers le destin d’un jeune adolescent en décrochage. L’effet-miroir comme catalyseur d’énergie philanthropique, rien de bien original.
La bonne vieille rengaine du récit initiatique se satisfait d’un message implicitement délivré par les deux réalisateurs : quand on veut, on peut. Ce slogan, éminemment soluble dans le discours entrepreneurial, n’aboutit jamais à des illustrations artistiques d’une extrême importance.
Au carrefour de tout ce qui peut concerner la vie d’un établissement scolaire et implique parents, personnel éducatif, élèves, les situations de cette comédie bisounours sont finalement des prétextes à des punchlines convenues, qui témoignent d’un cruel manque d’imagination scénaristique, chacun jouant son rôle dans un territoire étroit que délimitent les clichés. De sorte qu’on a l’impression étrange de regarder un publi-reportage cool, découpé en sketchs, que traverse une morale humaniste réduite à sa plus simple expression, et qu’arrose une bonne dose de sirop, pour enrober ce produit intrinsèquement destiné à ne fâcher personne. Les situations de réelle violence sociale sont dissoutes dans une atmosphère de divertissement, même lorsque le déterminisme rattrape Yanis pour le plomber, même lorsque, parlant à une communauté d’adultes, l’adolescent ne suscite que des plans de coupe sur le visage compatissant de ses juges, à travers une scène qui privilégie la mélasse lyrique. La comparaison avec une semblable séquence d’Entre les murs - le conseil de discipline de Souleymane - souligne la différence qui peut exister entre les deux films.
Doux et inoffensif comme une chanson de Grand Corps Malade, La vie scolaire carbure à l’eau tiède.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.