Le 8 janvier 2017
Un biopic désincarné sur un personnage hors du commun.
- Réalisateur : Lisa Azuelos
- Acteurs : Nicolas Duvauchelle, Jean-Paul Rouve, Vincent Perez, Patrick Timsit, Riccardo Scamarcio, Niels Schneider, Alessandro Borghi , Sveva Alviti
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 2h04mn
- Date télé : 17 octobre 2024 23:15
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 11 janvier 2017
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Résumé : De sa naissance au Caire en 1933 à son premier Olympia en 1956, de son mariage avec Lucien Morisse, patron de la jeune radio Europe n°1, aux soirées disco, de ses voyages initiatiques en Inde au succès mondial de Gigi l’Amoroso en 1974, le film Dalida est le portrait intime d’une femme absolue, complexe et solaire... Une femme moderne à une époque qui l’était moins ... Malgré son suicide en 1987, Dalida continue de rayonner de sa présence éternelle.
Critique : Lisa Azuelos nous avait habitués à des comédies primesautières. On se souviendra de Lol et Comme t’y es belle. Elle change de registre en se lançant dans la biographie de l’une des plus grandes icônes de la chanson française des années 70/80 (170 millions de disques vendus, 2000 chansons enregistrées, 70 disques d’or) dont la gloire n’eut d’égale que l’immense solitude. Fille de Marie Laforêt, la réalisatrice connaît la chanson et sait parfaitement que la vie d’une artiste de variétés n’a rien d’un long fleuve tranquille. Tous les éléments sont donc réunis pour donner naissance à une œuvre follement romanesque. Pourtant, malgré quelques atouts, il ne subsiste que le sentiment d’être passé à côté de l’essentiel.
- Copyright Luc Roux
Des relations père/fille harmonieuses sont le gage, pour la future femme, d’un avenir amoureux équilibré, prétendent bien des psychologues. Le père de Dalida passe la guerre dans un camp de prisonniers dans le désert. Il est italien dans une Égypte à domination anglaise. Or, l’Italie est en guerre contre la Grande-Bretagne. Il en revient malade et violent. Ses rapports avec sa fille sont difficiles et pourraient bien être la cause des difficultés sentimentales de Iolanda devenue Dalida avec les hommes de sa vie. Le film s’ouvre sur la première tentative de suicide de celle qui est déjà Dalida, puis on remonte le cours de sa vie dans le cabinet du psychiatre grâce au témoignage de ceux qui l’ont connue ou aimée. En ne s’attachant qu’à nous dévoiler la face sombre de Dalida, la réalisatrice la transforme en un robot broyé par une mécanique implacable, dont les amours se déclinent inéluctablement en trois temps : rencontre, passion, drame. Ces moments répétés à l’infini, si terribles soient-ils, ne suscitent plus aucune émotion et créent même l’ennui. Sous les paillettes et les strass, on cherche en vain l’être vivant avec ses qualités et ses défauts d’humain ordinaire, ses manies et ses tics mais on finit par comprendre que l’accès à cet aspect de celle qui doit rester à tout jamais une star ne nous sera pas ouvert. « Toutes les femmes veulent être Dalida. Dalida veut juste être une femme », nous confirme pourtant la réalisatrice. Lors d’une interview récente, ses amis Bertrand Delanoë et Hervé Vilard mentionnent la Dalida lumineuse qu’ils ont côtoyée. Cette femme-là, nous n’aurons pas la chance de la rencontrer. Ne demeure que la chanteuse solaire sur scène mais à la vie privée désespérément vide.
- Copyright Luc Roux
Ses chansons nous ramènent à une époque où être une dévoreuse d’hommes, même sincère, cougar de surcroît, n’attirait pas la bienveillance. C’est au jeune mannequin Sveva Alviti que revient la lourde tâche de faire revivre la chanteuse et ses titres les plus emblématiques, dont le tragiquement prédestiné Mourir sur scène (si elle ne meurt pas sur scène, elle disparaît à l’apogée de sa gloire). Sveva Alviti est belle, même très belle, (peut-être trop ?). Ce visage aux traits fins et cette silhouette gracile restituent difficilement une Dalida au charme plus anguleux et au corps autrement charpenté.
- Copyright Luc Roux
C’est du côté des seconds rôles qui viendra la surprise. De Patrick Timsit, rond et jovial dans une évocation parfaite de Bruno Coquatrix, à Jean-Paul Rouve faisant de Lucien Morisse un Pygmalion jaloux mais profondément humain, en passant par l’excellent Nicolas Duvauchelle, perruqué, affublé de chemises « cols pelle à tarte », de boots à talon et de manteaux de fourrure, plus vrai que nature pour faire revivre le flamboyant et sulfureux Richard Chanfray alias le comte de Saint-Germain, en terminant par Ricardo Scarmacio à la ressemblance troublante avec Orlando, tous apportent une vitalité chaleureuse à cette œuvre qui a fait le choix de laisser Iolanda dans l’ombre pour ne porter que Dalida dans la lumière des projecteurs.
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