Le 29 avril 2005
Sans avoir été un grand cru, l’édition 2005 aura apporté son lot de bons moments. Mais elle restera sans doute avant tout celle qui précéde les 30 ans du Printemps, dont tout le monde parlait déjà.
Morceaux choisis et vécus lors de la 29e édition du festival berruyer.
Après la drôle de soirée d’ouverture de mardi, mi-musique mi-people (Emir Kusturica, Nancy Sinatra), nous sommes entrés dans le vif du sujet mercredi. Avec un petite panique venue des Andes pour commencer : pas prévus au programme, les Chiliens de Panico organisent une rencontre sous les stroboscopes entre l’électro, le jerk, le rockabilly et le punk... Histoire d’ouvrir les débats sous le signe du mélange, c’était parfait ! Arrive alors Kasabian, énième postulant au titre de "meilleur groupe anglais du moment", qui tente de greffer une tête d’Oasis sur un corps de Stone Roses par-delà un mur du son proche de Death In Vegas. Résultat : le charme de feu la Maxitête chère à Canal+, l’humour en moins... A la Maison de La Culture, Françoiz Breut et Marianne Faithfull se produisaient. Devant un public pas forcément prévenu et plus habitué au répertoire classique de la chanson française, Françoiz l’enjôleuse développe son univers feutré, travaillé au corps par des guitares précises, des xylophones et des claviers inspirés. "C’est spécial", entend-on à plusieurs reprises dans les rangs d’oignons. Ben justement, nous on aime ce "spécial", adjectif que l’on emploiera encore à tort et à travers dans la salle pour se persuader que l’on a bien fait de payer 33 euros pour voir, une fois dans sa vie, l’icône seventies Marianne Faithfull.
Jeudi, la Cave de la Mignonne recevait en ses pierres refroidies un concert unique : un trio inédit composé de Vincent Delerm, Albin de la Simone et Mathieu Boogaerts avait en effet décidé de croiser le fer au cours d’un duel à trois forcément fatal à la fin, puisque unique. Au final, près de deux heures d’un concert joyeux visiblement autant apprécié par un public vite sous le charme que par un trio heureux de partager ce moment unique... Pur moment de rock’n’roll ensuite avec l’époustouflant concert des Kills. Hotel, qui maltraite sa guitare et harangue le public comme s’il jouait sa vie sur la place publique, et VV, déesse rock à bout de forces, qui s’écroule durant Rodeo town et finit le concert quasiment à genoux, ont donné une sacrée leçon aux prétendues formations "rock" qui les précédaient et les suivaient (pour les chanceux Luke, on ne ressent que de noirs désirs). Et belle découverte en début de nuit, avec la pop/folk lumineuse du trio Herman Düne, dont l’assurance, la gentillesse et surtout le talent pour faire vivre live leurs chansons fragiles et denses en ont surpris plus d’un. Programmés en début de plateau, ils raflent largement la mise devant leurs "adversaires" du jour : les Américains tourmentés et passablement éméchés de The National.
Vendredi, c’est encore "l’escapade du Printemps" qui nous ravit, avec la prestation magnétique de l’étonnante Camille depuis une ancienne Abbaye. Avant une drôle de soirée à La Soute, une petite salle (250 places assises) située sous une plus grosse d’où proviennent régulièrement des beats électro, qui accueillait une affiche intimiste et racée. Piers Facini tout d’abord, les Américains de Low et Ray Lamontagne pour finir, ont ainsi tenté de dompter cet espace sonore incertain de leurs mélodies habitées, leurs silences profonds et leurs accès de rage (mention spéciale dans ce domaine à Low). Lamontagne, visiblement agacé, n’y a que très rarement brillé, alors que Piers Facini était accompagné de l’impeccable Vincent Ségal à la contrebasse électrique pour quelques moments épiques, appréciés à leur juste valeur par un Jacques Higelin mû en chauffeur de salle dans le public. Au 22, salle bipolaire des fins de soirée, on avait droit, à gauche, à une affiche électro qui révéla les Anglais de Spektrum, dont la cote est actuellement en forte hausse en Grande-Bretagne, et à droite, à un plateau hip-hop dont on retiendra surtout la prestation inspirée de Fuzati, membre de L’Atelier et Klub Des Loosers à lui tout seul.
Samedi après-midi, Bloc Party et Interpol avaient "fait le métier", comme on dit dans le sport, c’est-à-dire qu’ils ont assuré l’essentiel, jouant de leurs qualités pour conquérir un public curieux : Bloc Party à l’aide de leurs morceaux taillés pour la scène, et Interpol grâce à la puissance de leur son. Mais le grand moment de ce samedi étaient pour plus tard, et pour quelques chanceux seulement . Car ils étaient peut-être 350 000 fidèles à assister à l’homélie de Benoît XVI à Rome ce dimanche, mais seuls 250 privilégiés ont pu entendre Rufus Wainwright lui dédicacer son Gay Messiah au parfum provocateur. Seul au piano ou à la guitare acoustique, le jeune crooner canadien a régalé son public de quelques anecdotes de tournée (contées dans un charmant français), au milieu d’un set osé. Au-delà de ses propres compositions déjà bien alambiquées, il s’est en effet risqué à reprendre, en ouverture, le Hallelujah de Leonard Cohen ainsi que deux titres en français que l’on retrouve sur son dernier disque. La grande classe, pour un des meilleurs moments du festival.
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