Proche de l’Ohio
Le 21 mai 2003
Encore une merveille de folk-rock urbain en provenance de Brooklyn.
- Artiste : The National
L'a écouté
Veut l'écouter
Après Calla il y a quelques semaines, l’épatant label bordelais Talitres nous permet aujourd’hui de découvrir un énième joyau rock made in Brooklyn. Décidément, les salles de répétition du quartier new-yorkais doivent saturer de qualité en ce moment.
Et tout comme Calla, The National (dont le patronyme a à peu près autant à voir avec un quelconque nationalisme que France Gall avec le rugby) sont new-yorkais d’adoption. Originaires de l’Ohio, les deux frères Devendorf, les deux frères Dessner et le chanteur Matt Berninger promènent leurs histoires d’alcool et d’amours déçues dans un état effectivement proche de celui d’où ils viennent, comme le susurrait Adjani. Un spleen à l’haleine chargée, donc, renforcé par la voix fatiguée et cotonneuse de Berninger, qui rappelle inévitablement un Léonard Cohen de la première heure et surtout un Stuart Staples (Tindersticks) un brin plus nerveux.
Et la comparaison avec le groupe de Nottingham ne s’arrête d’ailleurs pas là : même si le quintet new-yorkais ancre sa musique dans des guitares aux sonorités country-folk bien américaines (It Never Happened et sa guitare slide), on retrouve chez The National ce doux parfum de romantisme déchu cher aux Tindersticks. Des cordes discrètes pointent ainsi aux détours de certains morceaux (un violon perçant par exemple les guitares acoustiques de 90-Mile Water Wall), et de somptueuses ballades jalonnent le disque (Cardinal Song, Lucky You). Mais Sad Songs For Dirty Lovers sait également se faire violence pour rappeler que le disque a été enregistré à fleur de bitume new-yorkais. Peter Katis, qui a récemment mixé l’album d’Interpol, noircit ici de sa production le sonique et déraillant Murder Me Rachael, dont le violon tourbillonnant n’est pas sans rappeler le John Cale de The Velvet Underground & Nico.
A l’instar du Televise de Calla ou du Yankee Hotel Foxtrot de Wilco, Sad Songs For Dirty Lovers puise donc sa richesse dans cet équilibre entre réminiscences folk et noirceurs urbaines, le tout renvoyant à un romantisme du perdant cher à la tradition folk-rock américaine et pourtant toujours diablement actuel.
The National - Sad Songs For Dirty Lovers, (Talitres/Chronowax)
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.