Les déserteurs
Le 23 avril 2003
Un trio new-yorkais originaire du Texas joue un rock autarcique et habité.
- Artiste : Calla
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Originaire du Texas mais installé à New York, Calla fait se rencontrer ces deux pôles fondateurs du rock américain au sein d’une musique habitée et personnelle, indifférente aux humeurs du moment.
La trajectoire géographique de Calla représente finalement assez bien son univers musical. C’est en effet en 1997 qu’Aurelio Valle (chant, guitare), Wayne Magruder (percussions, programmation) et Sean Donovan (clavier, basse, programmation) quittent leur Texas natal pour s’installer à Brooklyn. Pas avares d’expérimentations rock, les membres du trio pensent trouver en la Big Apple un terreau propice à leurs divers projets, chacun ayant d’autres terrains de jeu en dehors de Calla (Sean Donovan se joignant par exemple au grand orchestre de musique contemporaine S.E.M. dans le cadre d’une série de concerts au Lincoln Center, au Carnegie Hall ou au Guggenheim Museum). Ils peaufinent ainsi leur répertoire dans le calme, loin de l’attention dévorante de la presse rock (trop occupée à guetter le nouveau renouveau du punk-rock au coin de la rue) et profitent de collaborations décisives pour sortir un premier album en 1999, puis surtout Scavengers en 2001, second album co-produit par Michael Gira (Swans), qui achève d’installer Calla sur la carte de la scène rock.
Mais c’est seulement aujourd’hui, avec ce Televise personnel et inspiré, que le groupe trouve son point d’équilibre, quelque part entre la beauté aride et sauvage des plaines du Texas, et la tension urbaine, le foisonnement culturel de New York. Ainsi, Televise alterne chansons introspectives et secrètes, dont la beauté vénéneuse ne se dévoile réellement qu’après plusieurs écoutes (Peter The Killer, Surface Scratch), et chansons plus directes, aux résonances pop ancrées dans une obsession toute américaine pour l’Angleterre (Customised évoque ainsi Interpol à son plus intime, et le bien nommé Televised prouve l’habilité du groupe à sortir de sa torpeur naturelle pour venir rendre un hommage appuyé à Television, autre grand groupe new-yorkais fasciné par la Perfide Albion).
Le disque est également porté par la voix brumeuse et captivante d’Aurelio Valle, qui rappelle parfois un Thom Yorke moins torturé (Strangler) et vient régulièrement se heurter aux lignes de basse caverneuses de Sean Donovan. Sur les morceaux lents, cette collision fait alors dériver Calla vers le spleen idéal de Low ou Swell, renforçant ainsi le sentiment d’assister à l’éclosion d’un groupe planté à mi-chemin entre contemplation et urgence, entre Austin et New-York, en plein désert urbain.
Calla - Televise (Talitres/Poplane)
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