Le 21 novembre 2024
Pierre Saint Martin de Castellanos signe un conte délicat, teinté de folie douce, et porté par une Luisa Huertas superbe.
- Réalisateur : Pierre Saint Martin Castellanos
- Acteurs : Juan Carlos Colombo, Agustina Quinci, Luisa Huertas, Rebeca Manríquez, José Alberto Patiño, Pedro Hernández
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Mexicain
- Distributeur : Bobine Films
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 11 décembre 2024
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Résumé : Rongée par la mort de son frère il y a de cela cinquante ans, Soco touche enfin au but : elle va pouvoir le venger.
Critique : No nos moverán raconte, avec la douceur d’une caresse, une vie gâchée par la rage et le chagrin. L’obsession de Soco pour venger son frère a cela de déchirant qu’elle l’empêche d’aspirer à quoi que soit d’autre, et ceci de paradoxal qu’elle entre en conflit direct avec le monde qu’elle est censée représenter : celui du droit, Soco étant avocate. Moralement douteuse mais laissant toujours le spectateur s’identifier à elle, Soco est un personnage parfait à suivre, suscitant ici l’empathie, là le rejet. Vieille dame acariâtre mais chaleureuse, seule mais bonne vivante, elle déroute tout juste ce qu’il faut pour entretenir l’intérêt.
Son parcours permet d’aborder la question du deuil, bien sûr, mais aussi de dépeindre la sclérose d’un système judiciaire en vase clos, reposant sur les combines et la corruption. Le contraste entre sa connaissance de la loi et sa propension à la transgresser arrache de nombreux sourires jaunes, renforcés par le ton du film, à la lisière du fantastique et du loufoque. Animée d’une fièvre espiègle, Soco est le cœur d’un film resserré mais assez riche. En littérature, il relèverait de la nouvelle de genre, happant l’audience sans effort, avec peu de personnages et une intrigue simple.
- © 2024 Bobine Films. Tous droits réservés.
Le savoureux duo qu’elle forme avec celui qui devient son homme de main, Siddartha, fonctionne à plein, reposant sur l’alchimie des deux comédiens (Luisa Huertas et José Alberto Patiño). La direction d’acteurs a d’ailleurs tout pour forcer l’admiration, et au milieu d’un casting habité, Luisa Huertas se réserve la plupart des applaudissements. Invraisemblable de justesse, en perte de contrôle à la parfaite limite, elle laisse pantois, multipliant les registres sans surjeu.
Avec son cadre formel particulièrement soigné, quoique forçant un peu sa symbolique (la colombe, notamment), Pierre Saint Martin Castellanos réussit son premier long. Si No nos moverán perd un peu en rythme dans sa dernière partie, ne sachant pas se clore tout à fait à point, le film vibre d’une force magnétique entraînante, comme drapée de la voix suave de Luisa Huertas.
Surtout, l’œuvre montre la vanité du désir de vengeance, et le risque qu’il entraîne : passer sa vie à la perdre.
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