Le 26 mai 2022
Une variation délicate sur l’instabilité émotionnelle et affective d’une jeune femme, Julie, en douze chapitres, un prologue et un épilogue, avec une comédienne, Renate Reinsve, qui irradie l’écran de sa fraîcheur.
- Réalisateur : Joachim Trier
- Acteurs : Anders Danielsen Lie, Renate Reinsve, Herbert Nordrum, Maria Grazia Di Meo
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain, Français, Suédois, Norvégien, Danois
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 2h01mn
- Date télé : 15 mai 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : Verdens verste menneske
- Date de sortie : 13 octobre 2021
- Festival : Festival de Cannes 2021
Résumé : Julie, bientôt trente ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, quarante-cinq ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind.
Critique : Julie est instable. Elle passe de la médecine à la psychologie et à la photographie pour finalement travailler dans une librairie. C’est une jeune femme sympathique, alerte, qui refuse d’avoir des enfants et veut faire de son existence un tourbillon d’amour et de liberté. Le nouveau film de Joachim Trier, couronné à Cannes à travers sa comédienne Renate Reinsve, emporte son spectateur dans un univers plus léger par rapport à ce qu’il nous avait proposé jusque-là. Pour autant, son terrain de prédilection reste la ville, Oslo particulièrement, qui se métamorphose en un théâtre de la vie bohème et doucereuse de ses personnages.
- Copyright Oslo Pictures
Le personnage de Julie occupe tout l’écran du début à la fin. Bâti en douze chapitres, un prologue et un épilogue, le long métrage ne cherche pas une chronologie narrative parfaite. Il apparaît que la protagoniste est étudiante et on ne sait pas grand-chose de son enfance. L’important pour Joachim Trier est de restituer les errements sentimentaux d’une jeune femme. Cette dernière ne sait pas ce qu’elle veut vraiment, elle court après un bonheur incertain qui ne la satisfait jamais. Elle est à l’image de l’itinéraire suivi par les générations modernes vers une quête de la stabilité, qui n’est pas non plus une entrave à la liberté. Julie (12 chapitres) exprime, non sans jubilation, un individualisme triomphant qui laisse pantois la plupart des gens incapables de compromis, de renoncement. Il illustre aussi un acharnement à donner sens du sens à la vie. C’est sans doute un film du "en même temps" dont on sait qu’il a profité au langage politique en France. On voudrait rester jeune, tout en acquérant la sagesse et le pouvoir d’achat, demeurer amoureux tout en multipliant les opportunités de rencontres, et vivre le plus longtemps possible, tout en se libérant des contraintes.
- Copyright Oslo Pictures
Joachim Trier révèle sur les écrans une grande comédienne. Elle incarne l’intelligence, la délicatesse, la beauté, la joie, et surtout un modèle de féminité dans tous ses états. Le cinéaste offre à Renate Reinsve un rôle à la fois moderne et universel. Le film ne cherche pas la gravité, le drame. Il fait même de la superficialité un enjeu narratif de taille, que l’actrice doit incarner avec grâce et volubilité. Julie (en 12 chapitres) est un exercice moderne de cinéma, qu’on a pourtant l’impression d’avoir souvent sur les écrans, où être une jeune femme en 2021 rime avec la revendication d’un modèle libéré de l’existence et un rapport nouveau au temps. On ne s’ennuie pas un instant dans cette comédie sentimentale et sociale qui se veut simple, sans artifice, reposant avant tout sur le jeu des acteurs.
En réalité, malgré les apparences, on mesure le travail très important d’écriture et de mise en scène. Joachim Trier construit des personnages denses, complexes, jamais caricaturaux, qui composent avec les affres de l’existence, les bonheurs et les malheurs du monde. En ce sens, le metteur en scène offre un cinéma résolument contemporain et attachant, où chacun pourra voir un bout de sa propre vie.
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ceciloule 12 octobre 2021
Julie (en 12 chapitres) - Joachim Trier - critique
La poésie de certains plans, le romantisme moderne de Joachim Trier m’ont touchée, de même qu’ils toucheront sans doute les hommes et les femmes de la génération de l’héroïne - et les autres puisque le propos est universel, comme vous le soulignez. En outre, sa lecture du trio amoureux parvient, à mon sens, à trouver le juste milieu entre contemporanéité et nostalgie surannée. J’en parle plus longuement sur Pamolico, blog de critiques : https://pamolico.wordpress.com/2021/10/12/julie-en-12-chapitres-joachim-trier/)
lescribaci 16 mai 2024
Julie (en 12 chapitres) - Joachim Trier - critique
La critique de Ceciloule m’embarrasse ... embarrasse le vieux que je suis .. qui a regardé hier soir le film sur Arte pour le trouver déconcertant en même temps que très intéressant dans sa mise en abyme des personnages (Encore que l’expression mise en abyme, ne convient peut-être pas du tout, hormis qu’elle me soit venue devant cette "errance" supposée de l’héroïne en recherche de donner du sens à sa vie )
En tout cas, au moment où le femme se cherche et revendique sa liberté pleine et entière, la proposition de Arte ... "tombe à pic". J’ai beaucoup aimé le jeu des acteurs et en particulier celui de "Julie", sans oublier son premier amour ... émouvant de simplicité
Ajouter l’origine de ce film, tourné en Norvège, et très moderne de "facture" ...
Mais, Mon Dieu, qu’il peut être troublant, pour un homme de bientôt 88 ans ... d’être "obligé" (!) de sortir du cadre bien réglé qui est désormais le sien, devant l’ambiance générale du scénario, et la jeunesse dont il s’agit ...
Ce faisant, d’autant accaparé devant le spectacle de ce nouveau monde qui lui est désormais totalement étranger, qu’il le découvre presque en voyeur En tout cas, bravo à Joachim Trier c’est du très bon cinéma