Le 19 novembre 2024
Ce long métrage d’animation digne et touchant est l’un des meilleurs films de Michel Hazanavicius, qui confirme l’étendue de son registre.
- Réalisateur : Michel Hazanavicius
- Genre : Drame, Animation, Historique
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : StudioCanal
- Durée : 1h21mn
- Date de sortie : 20 novembre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024, De l’écrit à l’écran Montélimar 2024, War on Screen 2024
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– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, En compétition
– Avec les voix de Jean-Louis Trintignant, Dominique Blanc, Grégory Gadebois, Denis Podalydès
– Cannes 2024 : Prix de la Semaine du Cinéma Positif
Résumé : Il était une fois une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron qui vivaient au fond d’une forêt polonaise. Pauvre bûcheronne se lamentait de ne pas avoir d’enfants. Il était une fois une famille juive, deux jumeaux nouveau-nés et leurs parents, qui se fit arrêter à Paris puis déporter vers le camp d’Auschwitz. Dans le train qui les emportait vers une mort certaine, le père fit un geste insensé. Dans un ultime et dérisoire espoir, il lança un de ses jumeaux hors du train. Un jour que pauvre bûcheronne regardait passer un train qu’elle croyait être de marchandises, un paquet en fut éjecté et tomba dans la neige. Comme un don du ciel, cette petite marchandise s’avéra être celle qu’elle attendait avec tant de ferveur. Une enfant.
- © Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.
Critique : Michel Hazanavicius avait déjà témoigné son intérêt pour des sujets dramatiques avec The Search. Cette évocation du conflit entre la Russie et la Tchétchénie souffrait malheureusement de nombreuses maladresses, malgré la sincérité de la démarche. Adapté d’un conte de Jean-Claude Grumberg, La plus précieuse des marchandises est une authentique réussite du cinéma d’animation, qui confirme la diversité d’inspiration du cinéaste, après sa désopilante démystification de Godard dans Le redoutable (2017) ou la savoureuse mise en abyme de Coupez ! À propos de ce genre nouveau pour lui, le réalisateur précise dans le dossier de presse : « J’ai fait le film sans coréalisateur spécialisé dans l’animation. C’est un métier que je ne connaissais pas, et je n’avais pas anticipé à quel point il est techniquement différent de celui de réalisateur de prises de vue réelles. Il a fallu apprendre, donc se tromper, faire machine arrière, essayer des trucs, hésiter, espérer toujours que l’équipe vous suive, même dans vos errements. Que la production vous suive, malgré vos erreurs ».
- © 2024 Agat Films - Ex nihilo, Les Compagnons du Cinéma / StudioCanal. Tous droits réservés.
En fait, Hazanavicius a créé lui-même la bible graphique et le dessin des personnages, dans cette production du studio 3.0, où il a été entouré de collaborateurs talentueux tels le directeur artistique Julien Grande, le superviseur storyboard Aymeric Gendre, le monteur Laurent Pelé Piovanni, mais aussi des dessinateurs confirmés. Revendiquant des influences diverses, de la peinture russe du XIXe siècle aux premiers Disney, le cinéaste propose un graphisme à la fois sobre et élégant, au service d’une histoire qui sur le papier pouvait laisser présager le pire. Car raconter l’adoption d’un bébé juif par un couple de bûcherons, les parents biologiques se trouvant dans un convoi à destination des chambres à gaz, aurait pu conduire aux pires excès. Comme le précise Hazanavicius, il était face à un dilemme : ne pas dessiner la réalité des camps pouvait s’apparenter à une forme de déni de l’Histoire, et montrer l’horreur concentrationnaire aurait pu conduire à un spectacle obscène.
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Une problématique qu’avaient dû se poser également László Nemes avec Le fils de Saül et Jonathan Glazer avec La zone d’intérêt, deux œuvres de référence pour ces dernières années. Hazanavicius trouve le juste équilibre en misant sur la suggestion, tout en présentant des personnages contrastés, à l’image de ce bûcheron bourru, mi-ogre, mi-figure protectrice. Concis et sans forcer sur l’émotion, le long métrage est un modèle du genre, même si d’aucuns affirmeront qu’il dégage moins de force que des chefs-d’œuvre de la trempe du Tombeau des lucioles. Soulignons enfin la qualité de la partition musicale d’Alexandre Desplats ainsi qu’un casting vocal de haut niveau, avec une mention pour Jean-Louis Trintignant dans le rôle du narrateur.
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