Le 12 avril 2021
Pourtant placé au cœur d’une des pages les plus sombres de notre histoire, Un sac de billes reste une aventure chaleureuse et drôle, placée sous le signe de la solidarité et de l’unité familiale.
- Réalisateur : Christian Duguay
- Acteurs : Elsa Zylberstein , Patrick Bruel, Batyste Fleurial, Dorian Le Clech, Dorian Le Clech
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 12 avril 2021 21:05
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 18 janvier 2017
Résumé : Dans la France occupée, Maurice et Joseph, deux jeunes frères juifs livrés à eux-mêmes, font preuve d’une incroyable dose de malice, de courage et d’ingéniosité pour échapper à l’invasion ennemie et tenter de réunir leur famille à nouveau.
Critique : En 1975 déjà, Jacques Doillon adapte le récit autobiographique de Joseph Joffo. Cette fois, c’est le réalisateur canadien, à qui l’on doit Jappeloup et Belle et Sébastien, l’aventure continue qui s’en empare. C’est à la faveur d’une rencontre avec les producteurs Nicolas Duval, Laurent Zeitoun et Yann Zenou qu’il découvre le livre. « Au Québec, il est peu connu » s’excuse-t-il. Lui, le spécialiste des fresques familiales pleines de beaux sentiments, tombe en amour pour cette épopée dont la force et l’universalité le séduisent et l’incitent à s’intéresser à cette histoire assurément humaine.
- Copyright Thibault Grabherr - Quad/Forecast/Gaumont/TF1
Août 1944. Un enfant d’une douzaine d’années regagne son quartier de Montmartre qu’il a quitté précipitamment il y a un peu plus de deux ans et ne reconnaît plus. Si l’endroit n’a pas réellement changé, lui, Joseph est passé brutalement de l’enfance à l’âge d’homme, après avoir erré sur les routes de France pour fuir la menace nazie. C’est dans ce périple initiatique vu à travers les yeux des deux enfants qui ne savaient ni ce que signifiait être juif, ni ce qu’était la guerre que nous entraîne Christian Duguay.
- Copyright Thibault Grabherr - Quad/Forecast/Gaumont/TF1
Dans ce Paris des années 40, tous les garçons jouent aux billes. C’est donc tout naturellement que le film s’ouvre sur une partie acharnée entre Joseph et ses copains. Titi du 18ème arrondissement, il mène la vie insouciante d’un enfant de son âge au sein d’une famille soudée et aimante. Depuis que l’ennemi nazi a décidé du port obligatoire de l’étoile jaune pour tous les juifs, son père pressent que le danger se fait plus lourd. Le cœur déchiré, il décide de les envoyer seuls se réfugier dans le sud du pays. Joseph garde au creux de la main une petite bille bleue nacrée, sorte de porte-bonheur symbolisant le lien ténu avec ce cercle familial dont il est désormais éloigné mais dont il conserve précieusement les rudiments nécessaires d’éducation pour assurer sa survie et celle de son frère lors de leur périple à travers la France. Puisque le film se déroule à travers le regard naïf d’un enfant qui découvre le monde, toute surenchère dramatique est bannie et c’est toute une bande de seconds rôles pleins d’humour et de joie quelquefois interprétés par des acteurs de renom (Christian Clavier est attachant dans ce rôle de médecin lucide et protecteur quand Bernard Campan offre sa jovialité à un pétainiste plus ridicule que méchant opposé à un résistant courageux sous les traits de Kev Adams) qui défilent. C’est un curé débonnaire et paternel qui les arrachera de peu aux griffes de la milice, un paysan qui offrira un voyage en camionnette à leurs pieds en sang et un passeur honnête qui les mettra en lieu sûr. Leurs nombreuses péripéties baignent dans une atmosphère généreuse et pleine d’énergie, calquée sur l’enthousiasme communicatif des enfants. Le vocabulaire simple et le ton savoureux qu’ils utilisent évitent tout pathos et transforment cette fuite pourtant tragique en une initiation à la vie lumineuse. L’éclairage de chaque scène en atteste. Démarrées dans des nuances de gris à Paris, les teintes se font plus chaudes au fur et à mesure de leur avancée vers le Sud.
- Copyright Thibault Grabherr - Quad/Forecast/Gaumont/TF1
Mais la colonne vertébrale du film demeure le cocon familial et plus particulièrement la figure du père, celui à qui avec une aisance incontestable Patrick Bruel prête son assurance naturelle et son éternel charisme. Aucun doute que cet homme, parfait équilibre d’autorité et de tendresse, sera à tout jamais une référence pour ses enfants. Le couple qu’il forme avec une Elsa Zylberstein, toute de douceur et de retenue, fonctionne merveilleusement. Leur bonheur d’être ensemble est palpable. Leur osmose avec les deux jeunes comédiens, dont le naturel fait merveille, est totale et nous convainc aisément de la force indestructible qui unit les membres de cette famille exemplaire.
Un film délibérément optimiste qui vaut essentiellement par la qualité de ses interprètes, toutes catégories confondues, mais aussi un film d’espoir qui fait dire à Joseph Joffo : « Aujourd’hui, l’histoire que j’ai vécue résonne de manière forte. Comme nous, il y a cinquante ans, des enfants se retrouvent sur les routes totalement isolés et livrés à eux-mêmes. J’espère que le film nous incitera à nous interroger sur le destin de ces enfants et de ces familles déchirées. »
Ce film a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Frydman Charles 26 mars 2024
Un sac de billes - la critique du film
Cacher son identité juive pour sauver sa vie. Dans la version precedente de un sac de billes, en 1975, lorsqu’il fut obligatoire pour le juifs de porter l’etoile jaune, le père dit : il faudra porter l’étoile avec fierté, être fier d’etre juif : "vous avez honte de porter l’étoile ? Je vous demande de la porter dignement, la tête haute" ! Dans la version 2017 Joseph dit "c’est comme une medaille", vite contredit par Henri "regarde maman,c’est comme au moyen âge (une marque infamante). Porter l’étoile c’etait mettre sa vie en danger, alors Roman Joffo demande à ses enfants de retirer l’étoile et de cacher le fait qu’ils sont juifs. Il met en scène un interrogatoire par un nazi : "vous etes juifs", Joseph :"non,il gifle violemment Joseph, "vous comprenez ". En anglais il aurait pu dire "you get it". Puis il embrasse Joseph désolé de l’avoir giflés. Dans ce remake de 2017 , au 8 rue Saint Augustin a Nice une enseigne Ughetti. Un nom italien, corse mais aussi niçois. U se prononce you en anglais et l’enseigne peut faire penser à "you get it". Devant l’enseigne les enfants montent l’escalier qui mène à la chapelle de la visitation et demandent à un curé qui en descend "où est le salon de coiffure de Mr Levine ?" Le curé : "en contrebas". Dans la suite du film les deux frères s’dentifient totalement à des enfants catholiques jusqu’à la libération et réussissent à échapper â l’extermination . A la fin de la guerre, Ils sont heureux de retrouver leur identité juive ,de pouvoir dire qu’ils sont juifs, et de retrouver leur famille en partie rescapée de la Shoah. Ils avaient compris la leçon de leur père. They got it ! Ughetti c’est plutôt d’origine italienne, ughetti si on sépare le u ça donne u ghetti, ghetti est le pluriel de ghetto en italien . Avec google traduction italien français u ghetti donne vous les ghettos ou toi le ghetto....le u gardant probablement la signification du you anglais. Le nom Ghetti existe, c’est une apherese de Ughetti, on trouve 2 Ghetti à Nice dans les pages blanches.