Pur sang
Le 4 janvier 2022
Pour son retour au cinéma après onze ans d’absence, Christophe Duguay, appuyé par Guillaume Canet au scénario, porte à l’écran Crin Noir, roman qui retrace la vie et le parcours sportif du cavalier Pierre Durand et de son cheval Jappeloup de Luze. Une belle histoire sur le papier, qui finit par s’engluer dans une vision trop « américanisée » des événements.
- Réalisateur : Christian Duguay
- Acteurs : Guillaume Canet, Daniel Auteuil, Tchéky Karyo, Marina Hands, Lou de Laâge
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Français
- Durée : 2h10mn
- Date télé : 11 janvier 2022 22:50
- Chaîne : NRJ12
- Date de sortie : 13 mars 2013
Résumé : Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup. Trop petit, trop caractériel, trop imprévisible, il a de nombreux défauts mais une détente et des aptitudes remarquables. De compétition en compétition, le duo progresse et s’impose dans le monde de l’équitation. Mais les JO de Los Angeles sont un terrible échec et Pierre prend alors conscience de ses faiblesses. Avec l’aide de Nadia, sa femme, et de Raphaëlle, la groom du cheval, Pierre va regagner la confiance de Jappeloup et construire une relation qui va les mener aux JO de Séoul en 1988.
Critique : Un budget conséquent de 26 millions d’euros, Guillaume Canet au scénario, un casting réunissant plusieurs acteurs français de renom – Canet, Daniel Auteuil, Marina Hands, Tchéky Karyo… – une histoire prometteuse entremêlant de multiples thématiques (la relation père-fils, le choix cornélien entre une vie confortable mais insatisfaisante et une passion aux résultats incertains)… Sur le papier, Jappeloup avait tous les atouts pour devenir le film surprise de ce début d’année. Avec, en prime, un réalisateur dont le choix est on ne peut plus surprenant : Christian Duguay. Absent du grand écran depuis onze ans et The Extremists, le metteur en scène canadien, auteur de films d’action aux titres aussi évocateurs que Explosion immédiate, Contrat sur un terroriste ou Planète hurlante, fait en effet avec Jappeloup ses premiers pas dans le registre du drame. Une filmographie qui laissait difficilement présager un quelconque intérêt pour cette histoire, dépourvue de testostérone. Mais le cinéaste, qui confesse n’avoir jamais pris de plaisir à réaliser ces longs-métrages, est un grand passionné de chevaux et de concours hippiques. Ceci explique cela.
- © Jérôme Prébois
Attaché très tôt au projet, Guillaume Canet campe avec talent le célèbre cavalier. Moins présent à l’écran depuis quelques années, l’acteur-réalisateur semble aujourd’hui sélectionner davantage ses rôles, apparaissant presque exclusivement dans des films qui lui tiennent vraiment à cœur. C’est le cas avec Jappeloup, dont il a signé le scénario et les dialogues, puisque le comédien avait lui-même débuté une carrière de cavalier professionnel, arrêtée prématurément suite à un accident de cheval survenu lorsqu’il avait dix-huit ans. Les similitudes entre son parcours et celui de Pierre Durand sont d’ailleurs nombreuses. Les deux hommes partagent ainsi une passion précoce pour le saut d’obstacles et des pères qui ont tout investi dans l’élevage de chevaux et à qui ils eu ont peur d’avouer leur envie d’abandonner la discipline. La relation entre Pierre Durand et son père, joué par un Daniel Auteuil toujours aussi bon, constitue justement l’un des points forts du film en posant plusieurs questions pertinentes : jusqu’où un fils doit-il aller pour se conformer aux attentes de son paternel ? Est-ce le trahir que d’emprunter une autre voie quand ce dernier a investi tout son argent et son énergie dans la passion d’enfance de sa progéniture ?
- © Emmanuelle Jacobson-Roques
Le souci, c’est que des points forts, Jappeloup en manque. Premier problème qui saute aux yeux : sa trop grande « sensibilité américaine ». Ainsi, pour triompher au plus haut niveau et atteindre la consécration, Pierre Durand devra auparavant traverser moult déconvenues, sportives comme personnelles, et, bien sûr, faire preuve d’humilité et de force de caractère en chemin. Dans la même veine, la musique, omniprésente de bout en bout (les doutes de Pierre, ses désillusions, le dressage de Jappeloup…), parasite la dynamique du film, qui tire trop sur la corde émotionnelle. La fin est d’ailleurs à l’image de cette « américanisation » du récit : scènes de liesse, violons à foison, pleurs de joie, ralentis, etc. Tout y est. La relation entre Pierre Durand et Jappeloup déçoit également. Censée être le maillon central de l’histoire, elle est aux abonnés absents la majeure partie du temps et ne fera l’objet que de quelques scènes, rarement convaincantes ou suffisamment poussées. On regrettera enfin un manque d’approfondissement de la plupart des rôles secondaires, et ce malgré un solide casting et des personnages qui méritaient davantage : Tchéky Karyo en entraîneur de l’équipe de France de saut d’obstacles qui prend Pierre Durand en grippe (sans vraiment qu’on sache pourquoi), Marina Hands en épouse qui sacrifie sa carrière pour son mari… En ressort tout de même un film sympathique, mais dont la prévisibilité du scénario et la récurrente grandiloquence limitent néanmoins l’impact.
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tedsifflera3fois 25 mars 2013
Jappeloup - la critique
Beaucoup de sincérité mais zéro originalité pour cette aventure humaine bien conduite mais déjà vue. Ma critique : http://tedsifflera3fois.com/2013/03/25/jappeloup-critique/