Le 21 décembre 2024
Une intéressante proposition de western corse sur fond de conflit territorial. Un récit prenant porté par Alexis Manenti.
- Réalisateur : Frédéric Farrucci
- Acteurs : Alexis Manenti, Jean Michelangeli , Marie-Pierre Nouveau, Mara Taquin, Anthony Morganti, Michel Ferracci, Théo Frimigacci, Paul Garatte, Didier Ferrari
- Genre : Drame, Thriller, Western
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h27mn
- Date de sortie : 12 février 2025
- Festival : Rencontres cinématographiques de Cannes, Festival de Venise 2024
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Résumé : En plein cœur de l’été, Joseph, l’un des derniers bergers du littoral corse, voit son terrain convoité par la mafia pour un projet immobilier. Il refuse de céder. Cela signerait la fin d’un monde. Quand il tue accidentellement l’homme venu l’intimider, il est forcé de prendre la fuite et devient la proie d’une traque sans répit du sud au nord de l’île. Portée par sa nièce Vannina, la légende de Joseph, incarnant une résistance réputée impossible, grandit au fil des jours et se propage dans toute la Corse…
Critique : Réalisateur né à Ajaccio, Frédéric Farrucci est surtout connu pour son premier long métrage de fiction, La nuit venue (2020), thriller nocturne aux accents de Wong Kar-wai. Auparavant, il avait signé quelques courts métrages engagés. Le projet du Mohican lui est venu à la suite d’un documentaire qu’il avait tourné en 2017, axé sur un berger du littoral du Sud de la Corse évoquant son métier et l’histoire de sa famille. Cette seconde incursion dans la fiction longue confirme la finesse de point de vue du cinéaste, dont le film s’inscrit dans la mouvance d’une récente série d’œuvres réussies tournées en Corse. La seule année 2024 aura ainsi permis de découvrir également sur les écrans Borgo de Stéphane Demoustier, À son image de Thierry de Peretti et Le Royaume de Julien Colonna (nous n’ajouterons pas ici la comédie On aurait dû aller en Grèce...) Tous ces films évoquent les tensions politiques et culturelles qui ont pu animer, et animent encore l’île de Beauté, avec une volonté d’apporter une touche d’authenticité, notamment en valorisant l’accent et la langue corses.
- © 2024 - Koro Films - Atelier de production - Les Films Velvet - Novoprod
Berger taciturne et sans histoires, élevant des chèvres dans une zone proche du littoral, Joseph doit faire face à l’insistance de mafieux locaux qui souhaitent acheter son terrain pour l’incorporer à un vaste projet immobilier touristique. Après avoir tué l’un d’entre eux, qui le menaçait avec une arme, il est contraint de fuir dans le maquis, tout en connaissant une popularité croissante sur les réseaux sociaux, grâce aux agissements de sa nièce, souhaitant ardemment le soutenir. Joseph devient dès lors le dernier des « Mohicans » dans l’opinion publique insulaire. Comme il l’a déclaré au public des Rencontres cinématographiques de Cannes, où son film a été projeté après une présentation initiale à la Mostra de Venise, Le Mohican se veut une proposition de western revisité, Frédéric Farrucci étant un fervent admirateur du Ford de L’homme qui tua Liberty Valance ou des Coen de True Grit. D’une part, la narration fait en effet songer à la tension inhérente au genre, avec ici un conflit territorial qui oppose une petite communauté (mais aussi une individualité) à un groupe de puissants.
L’héroïsation de son protagoniste, tout de même auteur de plusieurs meurtres et d’un braquage de touristes, certes dans un contexte de chasse à l’homme injuste, participe à l’esprit fordien insufflant que « When the legend becomes fact, print the legend ». D’autre part, les prises de vue dégagent un véritable souffle westernien, le réalisateur préférant au filmage de paysages (parfois touristiques) la captation d’un véritable territoire. Il est ainsi bien épaulé par la directrice photo Jeanne Lapoirie qui trouve un écho à son travail pour Michael Kohlhaas, autre film admiré par le réalisateur. Le Mohican est donc une belle proposition de cinéma, qui vaut aussi par le mélange d’acteurs locaux non-professionnels et de comédiens expérimentés, dont l’excellent Alexis Manenti qui trouve ici l’un des meilleurs rôles de sa carrière. On regrettera toutefois une légère chute de rythme dans la seconde partie (la cavale dans un village de montagne, avec l’assistance d’un vétérinaire solidaire) et quelques passages faciles, comme cette chanson à l’hymne du berger jouée par un groupe dans un bar de quartier, sous le regard émerveillé et ému de la jeune influenceuse. Ces réserves minimes n’occultent en rien la qualité d’un long métrage hautement recommandable.
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