Les vaches n’auront plus de nom

Notre avis : Hubert Charuel, l’heureux réalisateur de Petit paysan (2017), qui a raflé trois César en 2018 (meilleur acteur pour Swann Arlaud, meilleur second rôle féminin pour Sara Giraudeau et meilleur premier film), évoque une tranche de sa vie familiale.
Avec une bienveillance toute filiale et une bonne dose d’humour, se mettant lui-même en scène, le cinéaste raconte, en creux, la transformation de la vie agricole française. L’exploitation de la ferme est un métier difficile qui ne tente pas le fils, ni un éventuel repreneur. Elle sera donc absorbée par une plus grosse structure, plus mécanisée et qui ne s’embarrasse pas de nommer les vaches : un simple numéro suffira.
Le documentaire est aussi un bel hommage à la mère du réalisateur, qui souffre de céder ces vaches qu’elle aime à sa façon. Un peu matamore et culpabilisante envers son fils unique, elle finira par verser une larme au départ du dernier convoi. Une unique vache sera conservée et adoptée comme animal de compagnie.
Dans le contexte social du monde agricole en crise, sans acrimonie, comme témoignant d’un constat, Hubert Charuel signe sa propre rupture avec la tradition familiale : le petit paysan deviendra cinéaste.