Le 18 juin 2024
- Acteur : Anouk Aimée
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Légende du cinéma français, Anouk Aimée fut l’une des muses de Demy et Lelouch, et a trouvé de beaux rôles en Italie sous la direction de Fellini ou Bellocchio.
Des années 1950 à Demy et Fellini
News : Anouk Aimée débute au cinéma en 1947, et prend des cours d’art dramatique et de danse. Son premier rôle important est dans Les amants de Vérone (1948) d’André Cayatte, dialogué par Jacques Prévert, où elle partage l’affiche avec Serge Reggiani et Pierre Brasseur. Après un passage peu probant dans les studios londoniens, elle collabore à nouveau avec Prévert, prêtant sa voix à la bergère dans le film d’animation La bergère et le ramoneur (1952) de Paul Grimault, connu sous le titre Le roi et l’oiseau depuis sa restauration en 1980. Bien que jouant des premiers rôles, Anouk Aimée n’accède pas encore au vedettariat dans ces années 50, du fait de l’audience limitée des films dans lesquels elle apparaît. Elle n’en est pas moins délicate et talentueuse dans Le rideau cramoisi (1952) et Les mauvaises rencontres (1955) d’Alexandre Astruc, cinéaste adepte de la « caméra stylo », précurseur de la Nouvelle Vague. Et elle est la partenaire de Gérard Philipe dans son dernier grand film, le méconnu Montparnasse 19 (1958) de Jacques Becker. Elle termine la décennie en tournant avec deux des cinéastes les plus singuliers du cinéma français, Georges Franju (La tête contre les murs, 1959) et Jean-Pierre Mocky (Les dragueurs, 1959).
Les années 60 marquent la véritable naissance du mythe Anouk Aimée, qui va connaître la notoriété internationale. La trentaine sied à l’actrice, métamorphosée, d’une élégance plus proche de la distinction de Jeanne Moreau et Delphine Seyrig que du charme sensuel d’une Bardot. Lola (1961) de Jacques Demy en fait l’une des actrices culte de la Nouvelle Vague, et le premier où sa formation de danseuse est utilisée. En mode mineur, Le farceur (1961) de Philippe de Broca révèle son sens de la fantaisie. Anouk Aimée connaît en parallèle une carrière italienne entre 1960 et 1965. Elle trouve aisément sa place dans les prestigieuses distributions de La dolce vita (1960) et Huit et demi (1963) de Federico Fellini : dans le premier, elle incarne Maddalena, la bourgeoise qui nous une relation avec Mastroianni ; dans le second, elle est Luisa, l’épouse du cinéaste campé par le même Marcello. Elle tourne aussi avec Vittorio De Sica (Le jugement dernier, 1961), prend les traits de la reine Bara dans Sodome et Gomorrhe (1961) de Robert Aldrich & Sergio Leone, et collabore aussi avec Alberto Lattuada, Sergio Corbucci, Alessandro Blasetti et Dino Risi.
Le triomphe international avec Lelouch
La seconde moitié des années 60 sera moins prolifique mais tout aussi prestigieuse. Anouk Aimée partage le triomphe mondial d’Un homme et une femme (1966) de Claude Lelouch, avec Jean-Louis Trintignant. Au sommet de sa beauté et d’une sensibilité toujours touchante, elle reste l’une des meilleures raisons de revoir encore cette romance, bercée au rythme du Chabadabada (paroles : Pierre Barouh, musique : Francis Lai). Pour ce film, Palme d’or à Cannes, elle obtient le Golden Globe de la meilleure actrice dans un drame et une nomination à l’Oscar. Elle est ensuite la partenaire d’Yves Montand dans Un soir, un train (1968), chef-d’œuvre du réalisateur belge André Delvaux, avant d’accepter des propositions américaines. Mais ni Les rendez-vous (1969) de Sidney Lumet, ni Justine (1969) de George Cukor ne sont des succès ; et ils ne comptent pas parmi les réussites de leurs auteurs. Mais l’actrice retrouve Jacques Demy pour Model Shop (1969), coproduction tournée à Los Angeles, suite de Lola et des Parapluies de Cherbourg.
Dans les années 70, Anouk Aimée fait un break, et ne tourne que deux métrages : Si c’était à refaire (1976) de Claude Lelouch, avec Catherine Deneuve ; et Mon premier amour (1978) d’Élie Chouraqui, qui lui vaut une nomination au César de la meilleure actrice. Elle retrouve le cinéma italien dans les années 80, obtenant, avec son partenaire Michel Piccoli, le prix d’interprétation au Festival de Cannes pour Le saut dans le vide (1980) de Marco Bellocchio ; avant d’être dirigée par Bertolucci, Luciano Tovioli et Giorgio Capitani. Si l’on excepte quelques films dont Un homme et une femme : vingt ans déjà (1986) de Claude Lelouch, cette décennie marque surtout le début de compositions en guest stars, Anouk Aimée n’ayant plus le premier rôle dans Qu’est-ce qui fait courir David ? (1982) d’Élie Chouraqui, Le succès à tout prix (1984) de Jerzy Skolimowski ou Viva la vie (1984) de Claude Lelouch. Il est de même dans les trois décennies qui suivront, mais Anouk Aimée est ce qu’il y a de mieux dans Il y a des jours… et des lunes (1990) de Lelouch, Prêt-à-porter (1995) de Robert Altman, Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (2004) d’Yvan Attal ou Tous les soleils (2011) de Philippe Claudel. En 2019, elle retrouve Claude Lelouch et Trintignant pour Les plus belles années d’une vie, troisième opus de la série Un homme et une femme.
Anouk Aimée, qui a obtenu un César d’honneur en 2002 et un Ours d’or d’honneur au Festival de Berlin en 2003, a joué à plusieurs reprises au théâtre, avec la pièce Love Letters d’Albert Ramsdell Gurney. Elle y a eu pour partenaires Bruno Cremer, Jean-Louis Trintignant, Philippe Noiret, Jacques Weber, Alain Delon et Gérard Depardieu.
Anouk Aimée est décédée le 17 juin 2024 à l’âge de 92 ans.
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