Le 13 juin 2020
Des retrouvailles sous Tranxène pour ce troisième opus de la saga Jean-Louis/Anne. Lelouch se caricature outrageusement. Calogero chante. Bref, rien ne va dans ce long métrage interminable.
- Réalisateur : Claude Lelouch
- Acteurs : Monica Bellucci, Anouk Aimée, Marianne Denicourt, Jean-Louis Trintignant, Souad Amidou, Antoine Sire
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français
- Durée : 1h30min
- Date télé : 22 mai 2022 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 22 mai 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
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Critique : Dans une maison de retraite, un quiz ravive la mémoire toujours présente des pensionnaires, à partir d’événements de l’histoire récente, celle de la France. Un homme seul est silencieux. La caméra zoome sur Trintignant. Et ça y est, déjà une ritournelle : "les plus belles années d’une vie, celles que l’on a vécues sans rien, celles qui nous ont donné envie, juste le temps d’être Terrien". On est bien chez Lelouch. Troisième opus de sa saga chabababadesque. Dans la séquence précédente, Anne Gauthier parlait d’une relation trop parfaite.
Jean-Louis Duroc se souvient : un flashback s’éternise, comme un nuage, sur une des scènes les plus célèbres d’Un homme et une femme - "c’est beau quand même d’envoyer un télégramme comme ça, il faut avoir du culot, c’est extraordinaire qu’une femme belle vous envoie un télégramme comme ça". On se croirait chez Vincent Delerm. On a surtout l’impression que le héros regarde le même film que nous, dont l’extrait semble un stock-shot mal recyclé. Ce ne sera pas le seul. Le long métrage refourgue de la vieille pellicule, qu’habille quelquefois la voix de Calogero converti à la roucoulade lelouchienne, nappée de saintdoux ("Tu m’as manqué toujours/Mon amour/ Prends ma main, tout va bien, je t’emmène/Où tu veux, quand tu veux/Comme je t’aime"). Mais c’est le chanteur préféré d’Anne, alors on s’incline.
Non, décidément, Jean-Louis ne va pas bien et son fils appelle la brune au secours, lui demande de venir à son chevet : il faut dire que, lauréate du titre de "meilleur souvenir", elle aurait tort de refuser. Les retrouvailles adviennent dans un cadre bucolique, où le vieil homme enchaîne les aphorismes creux sur la mort ("c’est l’impôt de la vie"), sur les femmes ("c’est joli une femme qui ment"), tandis que son ancienne passion y va à pas feutrés pour lui rappeler qui elle est. La conversation s’étiole dans un romantisme de pacotille couleur feuilles d’automne. Parfois les yeux d’Anne se perdent dans le vague où souffle le vent, quand sa main ne passe pas dans le casque de ses cheveux nimbés de lumière. La scène paraît interminable, saturée de champ-contrechamp lelouchien. On est à deux doigts de s’endormir, d’autant que le protagoniste évoque de façon oxymorique une évasion avec la voix d’un moribond. Son interlocutrice en sera, même si elle a "son magasin" qui lui sert "à rester dans la vie".
En rêve, les deux personnages s’échappent donc, mais restent coincés dans les pages de Nous Deux : les dialogues y sont plus polis par Harlequin que par l’amour, leur road movie est une promenade ennuyeuse en 2CV, avec une pointe d’humour surréaliste qui sent la naphtaline.
Les autres membres de la famille déclinent leurs souvenirs dans un entre-soi qui a tout du faux naturalisme. Ces gens n’ont rien à dire et leurs existences ne nous intéressent plus depuis longtemps. Quant au cinéma de Lelouch, réalisateur bien surestimé, il continue de se regarder dans l’objectif.
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