Le 19 juin 2024
Anouk Aimée et Yves Montand irradient le chef-d’œuvre d’André Delvaux, entre cultures wallonne et flamande, distanciation et romanesque, onirisme et réflexion sociétale.
- Réalisateur : André Delvaux
- Acteurs : Anouk Aimée, Yves Montand, Michael Gough, François Beukelaers, Hector Camerlynck, Adriana Bogdan
- Genre : Drame, Fantastique
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Twentieth Century Fox France
- Durée : 1h26mn
- Date télé : 15 juillet 2024 23:17
- Chaîne : TV5 Monde
- Date de sortie : 22 novembre 1968
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Résumé : Mathias, professeur de linguistique dans l’université d’une petite ville de Flandres, entretient une liaison avec Anne. Devant dispenser un cours magistral loin de son lieu de travail, il prend un train. A sa grande surprise, Anne le rejoint dans le compartiment. Mathias s’endort. À son réveil, la jeune femme a disparu...
Critique : Après L’homme au crâne rasé, André Delvaux a souhaité adapter à nouveau son compatriote Johan Daisne. C’est ici la nouvelle De trein der traagheid qui sert de matériau initial. Réalisateur singulier ayant prouvé avec son premier long métrage qu’il ne se contentait pas d’être un illustrateur, André Delvaux a disposé pour Un soir, un train d’un budget plus élevé, dans le cadre d’une coproduction franco-belge, avec un duo de stars, Yves Montand et Anouk Aimée. Le scénario semble, dans sa première partie, greffer une thématique sociétale à une chronique conjugale. Professeur d’université spécialisé dans la linguistique, Mathias interrompt provisoirement ses cours en raison de manifestations d’étudiants flamands contre la communauté wallonne.
Aux difficultés de communication entre deux cultures, s’ajoute l’incommunicabilité conjugale, dans une approche moins romanesque que distanciée, comme cela avait été le cas dans les films d’Antonioni, tels L’avventura et La notte. On songe aussi au Resnais de Muriel ou Providence, par le recours à des flash-back semblant éclairer ou contraster les motivations (ou fantasmes) du protagoniste. Un soir, un train prend une autre tournure dans sa seconde partie, à l’atmosphère plus étrange, Mathias se retrouvant pris dans un mini-cauchemar éveillé, quasi enfermé en pleine nature, avec deux anciennes connaissances aussi égarées que lui. Et où est passée Anne, sa compagne, initialement disparue dans un compartiment de train ?
André Delvaux parvient à créer une ambiance oppressante et absurde, bien épaulé par son directeur photo Ghislain Cloquet avec lequel il s’est entendu pour parvenir à recréer la tonalité de maîtres de la peinture flamande. D’aucuns ont utilisé l’expression de réalisme magique pour caractériser cet univers, Delvaux s’étant peut-être également inspiré du symbolisme de Cocteau (Orphée) et du surréalisme de Buñuel (Belle de jour, tourné un an plus tôt). En tout cas, Un soir, un train révèle que l’artiste a sans doute lui-même marqué des réalisateurs tels Lynch (Lost Highway) ou Nolan (Inception).
Toujours est-t-il qu’Un soir, un train est une œuvre majeure du septième art, qui exerce un réel pouvoir de fascination. Signalons aussi que les deux interprètes sont parfaits. Yves Montand est dans une retenue louable, comme il le fut dans La guerre est finie ; quand sa partenaire trouvait le troisième grand rôle de sa carrière, après Lola et Un homme et une femme : son magnétisme est total. André Delvaux tournera d’autres longs métrages sublimes comme Rendez-vous à Bray, avant de décevoir avec les académiques Benvenuta et L’œuvre au noir.
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