Le 8 juillet 2005
- Festival : Les Eurockéennes 2005
Toujours adepte du mélange rock au sens large, le festival belfortin a également réussi cette année à mixer les publics et les générations. Voir trois générations assister à la grand-messe électronique de Kraftwerk, ou se rendre compte que le même public peut assister, sans ronchonner, à un concert de Cali coincé entre deux performances rock de Ghinzu et Garbage, en voilà une avancée... Malgré un léger tassement du nombre d’entrées payantes, Les Eurockéennes demeurent une référence dans l’Hexagone.
17e édition du grand raout rock belfortin. Les Eurockéennes demeurent une référence dans l’Hexagone.
Vendredi 1er juillet
En dépit de la grisaille, la première journée a tenu toutes ses promesses. Les artistes les plus attendus ont été à la hauteur des espérances (Bloc Party une nouvelle fois parfaits, Interpol ou même les revenants Nine Inch Nails), et les belles confirmations furent réjouissantes (le délicat duo Cocorosie, le one-man show du crooner électro Jamie Lidell, l’extatique Bright Eyes ou le concert sonique d’Electrelane, pourtant cantonné à un set particulièrement tardif - 3h15).
Seule déception peut-être, la performance d’Emilie Simon accompagnée des Percussions de Lyon et de l’Ecole de Musique de Belfort : forcément très délicat à trouver, l’équilibre musical du projet imposait sans doute une certaine linéarité sonore. L’émotion avait donc du mal a passer le stade de la simple admiration virtuose. Mais reconnaissons que la chanteuse n’avait encore une fois pas choisi la facilité en se lançant dans cette aventure.
Samedi 2 juillet
Plus habitués à hanter les clubs brumeux, les cinq New-Yorkais de The National ont pourtant réussi à insuffler leur tension urbaine dès l’ouverture des portes, sur le coup de 17 heures. Ça commençait bien. Et confirmation américaine dans la foulée avec le set délicat, tout en nuances folk rock, de Bonnie "Prince" Billy, salué comme il se doit par une sacrée poignée de fidèles.
Sur la Grande Scène, Cake se noiera quelque peu dans un cynisme fatigant à la longue, et les Belges de Ghinzu mettront un peu de temps à embraser la foule, et c’est une reprise de... Blue suede shoes qui déclenchera les hostilités. Cali enchaînera ensuite dans une ferveur légitime, mais c’est du côté du Chapiteau que l’on se tournera pour deux moments attendus : les créations de Nosfell et Ezekiel tout d’abord, puis les "chroniques" Bumcello, avec en invités Chocolate Genius et Susheela Raman. Et dans les deux cas, grande réussite : deux concerts d’une musicalité extrême malgré les conditions imposées par un tel festival (taille de l’arène, equilibre sonore...), deux concerts ne négligeant ni l’émotion (mention spéciale aux voix de Nosfell et de Susheela Raman), ni la fête (Cyril Atef et Vincent Ségal semblant posséder les rythmiques du monde entier dans leurs seuls deux instruments). Plus tard dans la nuit, Vitalic réveillera efficacement tous les poissons du plan d’eau du Malsaulcy (et, accessoirement, les festivaliers fourbus) de son électro brutalement mélodique.
Dimanche 3 juillet
Point n’est besoin de passer en revue l’affiche de la dernière journée du festival : elle se résume à deux claques.
Une claque délicate tout d’abord, avec la performance sur le fil de l’équilibriste américain Andrew Bird, véritable révélation pour bon nombres d’eurockéens cette année : partagé entre son violon, sa guitare et ses pédales de sample et seulement accompagné d’un précieux batteur, le jeune songwriter de Chicago a totalement subjugué son auditoire de sa pop gracile et sophistiquée, laissant parfois libre cours à de stupéfiantes mélopées vocales. "Jeff Buckley" susurreront certains ; non, Andrew Bird ne mérite aucune comparaison. Il est déjà unique.
Une claque qui fait mal ensuite, car elle elle nous oblige à avouer qu’à côté, le concert de Sonic Youth parut presque ordinaire : Kraftwerk. Ça commence comme une séance de visioconférence au Bundestag : quatre personnages grisonnants en costume-cravate debout derrière quatre pupitres sur lesquels sont disposés quatre ordinateurs portables. Dans le fond, un écran géant qui verra défiler, une heure et demie durant, slogans et illustrations, antiques films super-8 ou animations 3D. Un époustouflant tour d’horizon de la culture électronique, de 1970 à nos jours. Le show, regorgeant de surprises et de gimmicks sidérants, laissera pantois plusieurs généarations de spectateurs, tous conscients d’avoir assisté à une sorte de grand-messe électronique ordonnée par les quatre cardinaux du genre. Encore une fois, les Eurockéennes ont fait fort. Amen.
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