Double vue
Le 4 février 2005
Deux albums complémentaires pour le successeur désigné de Dylan ou Gram Parsons. Conor Oberst construit son avenir...
- Artiste : Bright Eyes
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A 24 ans, l’un des plus sûrs talents américains livre non pas un, mais deux albums essentiels. Conor Oberst ne se contente désormais plus de marcher dans les pas de ses illustres aînés (Dylan, Gram Parsons) : il construit son avenir.
Allez, quelques repères rapides : Conor Oberst, Omaha, Nebraska, premier album à quatorze ans, responsable du label Saddle Creek et donc de cette fameuse scène d’Omaha (The Faint, Beep Beep, Rilo Kiley, et auteur du splendide Lifted d’il y a deux ans, qui résonnait déjà comme une tentative de réconcilier tradition folk américaine et pop actuelle. En découvrant que le jeune songwriter avait décidé de séparer ces deux aspects sur deux disques différents, on pouvait penser qu’il battait en retraite ; mais pas du tout : I’m wide awake, it’s morning et Digital ash in a digital urn sont aussi ambitieux séparément qu’ils sont complémentaires.
Des deux disques, Digital ash est le plus risqué : atmosphères synthétiques (mais pas électroniques), constructions floues, il présente un aspect inconnu de Bright Eyes, ce groupe à géométrie variable conçu par et autour de Conor Oberst. Comme à son habitude, ce dernier a fait son shopping parmi ses musiciens les plus en vue, et a en l’occurrence demandé à l’électronicien Jimmy Tamborello (Dntel, The Postal Service) et au guitariste iconoclaste Nick Zinner (Yeah Yeah Yeahs) de le rejoindre. Résultat : quelques surprenants moments (Arc of time ou Take it easy), mais un Conor Oberst qui semble parfois absent, laissant son groupe et ses invités aux commandes.
Chose impossible sur I’m wide awake, it’s morning, chef-d’œuvre de folk-pop où la plume acerbe de Oberst se trouve parfaitement dans son élément. Dans la peau d’un jeune homme désabusé, qui fustige ses congénères mais surtout son Président, qui a peur pour la Terre entière mais qui se recroqueville sur lui-même, il met parfaitement en évidence le paradoxe ressenti par des milliers de jeunes Américains aujourd’hui, eux qui sont montrés du doigt par la planète entière alors même qu’ils haïssent leur gouvernement. Accompagné sur deux titres poignants et terriblement cruels par Emmylou Harris elle-même (We are nowhere and it’s now et Land locked blues), Conor Oberst a gagné d’un coup d’un seul une reconnaissance du métier et une inattendue reconnaissance du public américain (il est le premier artiste à avoir classé deux singles aux deux premières places du fameux Billboard, le top 50 US). Nullement effrayé, il semble accepter cette improbable destinée : devenir porte-parole des jeunes Américains des Midlands, une autre majorité silencieuse dont les médias américains ne se souviennent qu’en temps d’élection.
I’m wide awake, it’s morning et Digital ash in a digital urn, Bright Eyes (Saddle Creek/Pias)
Tracklisting :
I’m wide awake, it’s morning :
1 At the bottom of everything
2 We are nowhere and it’s now
3 Old soul song
4 Lua
5 Train under water
6 First day of my life
7 Another travelin’ song
8 Land locked blues
9 Poison oak
10 Road to joy
Digital ash in a digital urn :
1 Time code
2 Gold mine gutted
3 Arc of time
4 Down in a rabbit hole
5 Take it easy (love nothing)
6 Hit the switch
7 I believe in symmetry
8 Devil in details
9 Ship in a bottle
10 Light pollution
11 Theme from Pinata
12 Easy/Lucky/Free
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