Big beat from Big Apple
Le 7 mai 2003
Trente ans d’underground noisy passés en revue sur le premier album de ce trio new-yorkais.
- Artiste : Yeah Yeah Yeahs
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Mecque de l’underground US, New York a retrouvé sa fécondité musicale depuis quelques années. Derniers en dates, les Yeah Yeah Yeahs et leur leader Karen O, capable de rivaliser avec les divas les plus fantasques de l’histoire du rock.
Une nouvelle génération naît au punk en ce début des années 2000, mais il ne faut pas espérer que la classe 1977 lui dise grand-chose. Pour elle, en guise de Ramones ou de Sid Vicious, des produits hybrides du grunge et du marketing de masse comme Sum 41 ou Avril Lavigne. Et pourtant, tout ce son anodin pourrait un jour déboucher sur une bonne surprise, s’il prenait à tous ces gamins de chercher des sensations plus excitantes au lieu de ces fausses pistes. D’autant qu’une myriade de groupes entretient la flamme pour une foule croissante d’amateurs. Signe de mutation dans un univers jusque là ultra mâle, de Peaches à Alison "VV" Mossart (de The Kills), les plus brillants de ces véritables anars du son sont des filles...
Parmi elles, Karen Ohm (beau nom pour une telle technicienne de l’électricité) dite Karen O, qui a le bon goût de garder la tête froide face à tous les éloges qui se sont abattus sur elle en moins d’un an. Pour être honnête, depuis combien de temps attendait-on une telle héroïne, passionnée comme PJ Harvey, enjôleuse comme Chrissie Hynde, extravertie et drôle comme Courtney Love ? Et totalement imprévisible sur scène, dans des prestations chaotiques qui ont plus fait pour bâtir la popularité des Yeah Yeahs Yeahs que tous les efforts de la presse rock (ou fashion, vu les tenues de scène insensées de Karen O).
Tout le rock indé américain, du Velvet à Nirvana en passant par Jon Spencer, pourrait être convoqué pour expliquer leur son lo-fi crade, cela rimerait à peu de choses au regard de la leçon de bruit que donnent les Yeah Yeah Yeahs sur Fever to Tell. La formule musicale de l’album se résume d’ailleurs à peu de choses : un duo entre une guitare inventive et mélodique et une batterie primitive enregistrée du fond du garage, plus la voix tour à tour stridente ou adoucie de Miss O. Des ingrédients pourtant traités à toutes les sauces : dub, rap ou disco-punk sur l’incroyable Date With The Night, sommet de l’album avec le sombre Y Control. Karen O sait prendre l’auditeur à rebrousse-poil, mais aussi fendre le coeur du punk-rocker le plus endurci (le sublime Maps). Le tout procure le meilleur remède à l’ennui depuis des lustres, et donne de quoi patienter jusqu’à ce que ces phénomènes daignent enfin poser le pied sur les scènes françaises.
Yeah Yeah Yeahs - Fever to Tell (Polydor)
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