Fort Boyard : mais qu’arrive-t-il au père Fouras ?

Avis : Jadis, il était une figure tutélaire majestueuse, surplombant de son phare mythologique la communauté des aventuriers qui brûlaient d’y monter, afin de répondre à ses questions. C’était l’époque où les participants de Fort Boyard ne jouaient que pour eux-mêmes, rêvant d’amasser quelques deniers de cette monnaie imaginaire, aisément convertible en franc.
Le sage inventeur d’énigmes absconses, lointain descendant du Sphinx de la légende œdipienne, s’était retiré dans une tour d’ivoire qu’il ne quittait jamais. On imaginait qu’été comme hiver, soustrait aux contingences du monde, il tirait de son imagination fertile le substrat de ses charades.
A ses pieds, s’agitaient des créatures vénales, que le curieux attrait pour quelques clefs immenses exhortait à la débauche d’énergie. Ils se rendaient de porte en porte, les ouvraient, subissaient autant d’épreuves qui rudoyaient leurs capacités physiques et leur sens de l’observation. Le père Fouras, lui, attendait l’un(e) d’eux en compagnie d’un nain à qui il ne donnait jamais la parole.
Les candidats ouvrent toujours des portes. Le sage, lui, est descendu de son phare. Non pas pour rejoindre la société des hommes dans un mouvement fraternel, comme Zarathoustra. Mais pour railler les candidats, rire de leurs difficultés, abandonnant à jamais son espace étroit qui tutoyait le ciel, laissant derrière lui son aura de mystérieux druide.
Par un mouvement inverse, les humanoïdes qui s’agitent dans des tenues sportives le font, armés de vertueuses intentions, l’argent récolté étant, depuis quelques années, redistribué à des associations philanthropiques. A présent, ce sont eux les sages et Fouras est déchu de son piédestal, devenu cette créature narquoise et bavarde, qui souhaite la défaite des joueurs, envahit régulièrement l’espace pour y commenter le jeu. Auparavant, la rareté de ses apparitions en augmentait le prix.
Il est temps de te ressaisir, grimaçant barbon. Nous ne sommes pas éternels comme toi, nous n’aurons que des souvenirs. Les nôtres ne te pardonneront pas d’être tombé si bas et de t’auto-congratuler dans un rire égrotant. Remonte dans ta capsule livrée aux quatre vents, redeviens l’inaccessible vieillard de notre enfance. Ne te fourvoie pas dans cette posture de persifleur carnavalesque qui ne te va pas.
A part ça, les candidats de ce soir, emmenés par Miss France 2019, joueront pour l’association Lazare. Cette dernière fait la promotion de l’habitat inclusif, en organisant les modalités de colocations solidaires. Le geste s’accomplit en direction de personnes qui subissent la précarité.