Le 22 décembre 2024
Tout simplement une petite merveille du cinéma pour enfants, révélatrice du meilleur dans le septième art lituanien.
- Réalisateur : Arūnas Žebriūnas
- Acteurs : Darius Bratkauskas, Daiva Dauyetite, Arturas Vegis
- Genre : Drame, Film pour enfants, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Lituanien
- Distributeur : ED Distribution
- Durée : 1h06mn
- Titre original : Naktibalda
- Date de sortie : 25 décembre 2024
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– Année de production : 1973
Résumé : Le petit Domas peut s’endormir n’importe où : la tête posée sur un bureau d’écolier, sur un banc public, ou même dans une cave sur une pile de matelas. C’est qu’il essaye par tous les moyens de retrouver dans ses rêves un mystérieux général qu’il a rencontré un après-midi au bord d’un lac. Ses camarades de classe, fascinés par l’histoire de ce général, font tout pour lui faciliter le sommeil. Il se heurtera à un mauvais garçon qui ne cessera de lui jouer de mauvais tours.
Critique : Arūnas Žebriūnas est connu pour un cinéma onirique et poétique qui pénètre l’imaginaire merveilleux des enfants et des adolescents avec une grande bienveillance. Domas le rêveur n’échappe pas à la règle. Le long-métrage raconte l’histoire d’un petit écolier, moins intéressé par les mathématiques que les rêves qui le surprennent à chaque endroit de sa vie. Car, depuis qu’un de ses terribles camarades, armé d’une sarbacane, a fait écraser son avion au milieu d’une rivière, sauvé in extremis par un général pêcheur, il ne peut plus s’empêcher de céder à la tentation du sommeil où il cherche à retrouver cet officier salvateur. Voilà donc un conte écrit et réalisé pour le meilleur, au service d’une ribambelle d’enfants qui font preuve autant de solidarité que de cruauté, dans un monde où les femmes surtout tiennent les cordons de la bourse et les hommes s’abandonnent sans vergogne au sommeil.
ED Distribution offre sur les écrans français pour le Noël 2024 un film lituanien tout juste restauré. Le résultat est très beau. L’image est superbe, lumineuse, alternant avec des scènes de rêveries qui rendent hommage à l’art merveilleux de l’étalonnage. Domas s’endort partout, qu’il s’agisse de son lit, des tables de la classe et même du tableau où dansent des énigmes de mathématiques. Et quand les yeux se ferment, l’image rougit et entraîne le petit garçon dans des univers surréalistes, peuplés de pommes, avec ce mystérieux général à cheval qui tarde à se faire connaître auprès de l’enfant. Le retour à la réalité est pour le coup plus brutal. Le jeune héros subit en effet le harcèlement de ses camarades d’école, ce qui n’est pas sans faire écho aux scandales contemporains nombreux qui traversent les établissements scolaires et traumatisent les victimes pour de nombreuses années.
- Copyright ED distribution
On pense aisément à des chefs d’œuvre de films pour enfants en découvrant ce Domas, le Rêveur dont le plus connu d’entre eux : La Guerre des boutons. Les enfants constituent la matière principale de ce conte, mettant les adultes à distance de la guerre qu’ils se mènent. L’enjeu pour le cinéaste est de ne surtout pas parler des adultes, mais de regarder comment les enfants parviennent habilement à s’extraire de leur autorité pour construire leur propre univers. Pour autant, là où traditionnellement les films pour enfants embellissent la réalité, ici, le monde élaboré par les jeunes est rude. Ils se livrent des combats sans pitié avec, pour toile de fond, un esprit guerrier qui ne dit pas son nom.
Les filles demeurent pour le coup les alliées les plus fortes pour protéger Domas. En ce sens, le long-métrage constitue une sorte de plaidoyer pour une prise en compte de la parole des femmes, dans un contexte lituanien, on imagine en 1097, encore pétri de conservatisme et de patriarcat. Arūnas Žebriūnas donne à voir un monde où la parole féminine permet de faire accéder les garçons et leurs pères à l’imaginaire. Le cinéaste raconte la nécessité de la liberté, comme support au rêve et à l’émancipation des peuples. Il faut se souvenir que la Lituanie était occupée illégalement par l’URSS à la même période, et qu’elle n’est parvenue à se libérer de l’emprise russe qu’en 1991. Et encore aujourd’hui, la situation ukrainienne est loin de rassurer pour le destin futur des pays de la Baltique.
- Copyright ED distribution
La ressortie de Domas le rêveur n’est pas qu’un opportunité relative aux fêtes de Noël. Le film sonne comme le glas lourd d’un état du monde, en toute proximité de la Russie, qui pourrait se laisser emporter dans le gouffre du populisme et de la guerre. Reste le rêve, seule fenêtre sur la vie, capable de rendre, aux adultes et aux enfants, la part d’enchantement qui leur manque.
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