Le 1er septembre 2024
Un film ni mauvais ni très bon, sans doute un peu fade pour rendre hommage à l’immense écrivain Russel Banks disparu en 2023.
- Réalisateur : Paul Schrader
- Acteurs : Richard Gere, Uma Thurman, Michael Imperioli , Caroline Dhavernas, Victoria Hill, Kristine Frøseth, Jacob Elordi
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 18 décembre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
L'a vu
Veut le voir
– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, en compétition
Résumé : Un célèbre documentariste canadien, condamné par la maladie, accorde une ultime interview à l’un de ses anciens élèves, pour dire enfin toute la vérité sur ce qu’a été sa vie. Une confession filmée sous les yeux de sa dernière épouse...
- © Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.
Critique : Paul Schrader est un réalisateur et scénariste prolixe dont on se souvient encore du brillant The Card Counter. Il revient sur les écrans avec une adaptation d’un roman de Russel Banks mettant en scène un célèbre documentariste qui accepte, à l’aube de sa mort d’un cancer avancé, de filmer les dernières confessions de sa vie par une équipe d’anciens étudiants en cinéma, et surtout devant son épouse. C’est un homme de caractère qui n’hésite pas à hausser le ton et à prendre la main sur l’interview dont lui seul définit le rythme. Ainsi, Oh, Canada détricote sur un temps relativement court l’existence d’un homme habité par le génie, l’instabilité et un goût insatiable des femmes. Et c’est ainsi que la future veuve découvre de la bouche de son mari une vie très dense avec plusieurs épouses, plusieurs enfants et une indifférence pour ses proches qui frôle une certaine désinvolture.
Oh, Canada est donc un film bavard, relativement décousu qui fait des aller-retours incessants entre le tournage de ses confessions et les souvenirs de sa vie. On découvre un homme assez détestable, peu soucieux des émotions des différentes femmes qui ont composé sa vie, à l’exception de la dernière, sans doute parce que la maladie et la dépendance l’obligent à se soumettre à elle. Ce qui est assez curieux, c’est que peu de femmes se révoltent contre l’attitude de cet homme, très imbu de sa personne, à l’exception d’une seule, manifestement plus émancipée, qui l’instrumentalise une nuit pour une relation charnelle. Toutes les autres se confondent en sanglots, en renoncement, jusque la dernière qui fait des pieds et des mains pour mettre fin à l’interview.
- © Oh Canada LLC - ARP - Photo by Jeong Park
Oh, Canada est un film très classique dans sa forme. Le réalisateur insère des images en noir et blanc censées nuancer le passé de l’antihéros ou apporter un méta-commentaire à ses errements affectifs et sociaux. On perçoit évidemment la critique et le cynisme contre cet homme qui est devenu cinéaste parce qu’il avait échoué en littérature. En même temps, Paul Schrader dresse le portrait d’un homme détestable, assommé par le cancer dans une certaine indifférence de ses propres enfants et de ceux qui ont participé à sa vie. On parle beaucoup, passant d’un personnage à l’autre avec parfois des ellipses qui nuisent à la profondeur du propos. Pour une fois, le film aurait mérité d’être plus long, afin de percevoir la complexité du personnage, survolée par la réalisation.
Oh, Canada n’est pas un mauvais film. Pour autant, son académisme ne permet pas d’aller au bout de la psychologie des personnages. Le grand regret demeure la représentation assez codifiée des femmes qui s’évaporent de la narration aussi rapidement qu’elles ont été maltraitées par le héros. Le spectateur ressort avec le sentiment d’un inachèvement, ou peut-être d’une inadaptation de la forme cinématographique pour le roman de Banks.
- © Oh Canada LLC - ARP
L’intérêt central du long-métrage se joue dans le choix des comédiens. Oh, Canada donne la voix à un Richard Gere à contre-courant des rôles qui ont constitué sa carrière ; le comédien révèle une véritable puissance dans l’incarnation de ce réalisateur de génie, au bord de la mort. Uma Thurman lui donne le change, dans un personnage d’épouse mystérieux, aussi autoritaire que protectrice d’un mourant qui lui a menti sur son passé. Les autres comédiens ne déméritent absolument pas face aux deux monstres du cinéma que sont Gere et Thurman. Ils apportent un vrai plaisir dans les échanges, en dépit, on l’a dit, d’une mise en scène très classique.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.