Le 10 février 2019
Il faut découvrir ce film lumineux, touchant, qui sait faire de petits riens une leçon de vie et de cinéma, même dans un DVD minimal.
- Réalisateur : Arūnas Žebriūnas
- Acteurs : Inga Mickyte, Lilija Zhadeikyte, Arvidas Samukas
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Lituanien
- Distributeur : ED Distribution
- Editeur vidéo : ED Distribution
- Durée : 1h06mn
- Box-office : 3.524 entrées France / 1.381 entrées P.P.
- Titre original : Gražuolė
- Date de sortie : 22 août 2018
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– Sortie DVD : le 5 février 2019
– Année de production : 1969
Résumé : Les enfants du quartier jouent souvent à un jeu : ils forment un cercle au centre duquel l’un d’entre eux danse pendant que les autres lui adressent des compliments. Inga, une petite fille sympathique et honnête qui vit avec sa mère célibataire, en reçoit en général beaucoup. Pour cette raison, on la surnomme « la belle ». Mais cela ne va pas durer : un nouveau garçon s’installe dans le quartier. Malpoli, il ne s’intègre pas bien. Et comme il n’aime pas les taches de rousseur d’Inga, il lui dit qu’elle est laide, ce qui la blesse profondément. Elle part à la recherche de la vraie beauté...
Notre avis : Inga est une petite fille solaire, qui joue avec ses voisins à un étrange jeu dont elle est le centre. Centre de la ronde, centre du monde. Elle rayonne, elle est belle dans un univers qui tourne autour d’elle. Elle y voit ce que les autres ne voient pas, elle entend ce que les autres n’entendent pas. Et Inga danse au son d’une musique venue de nulle part, qui la fait se déhancher sous le regard admiratif de ses amis. Il y a certes la tristesse de sa mère, qui vit sans compagnon et baisse la tête, parce qu’elle est seule et qu’elle attend. Il y a également des murs lépreux et des immeubles démolis, mais Inga ne voit qu’harmonie et douceur.
Qu’un garçon rétif vienne, lui dise qu’elle est moche, et son monde rond et parfait qu’une caméra tournoyante souligne encore, ce monde qui mélange la vie quotidienne et Les trois mousquetaires , ce monde s’écroule. Fini le cercle, vient le temps de la ligne et de l’attente généralisée. Car comme le lui dit sa mère à la fin, tous les gens attendent, ce qui leur permet d’espérer : ça commence presque incidemment, avec la dite-mère qui demande tous les jours si quelqu’un la cherche, puis ça se précise avec un chien qui guette l’endroit où son maître s’est noyé, et puis un autre qui attend qu’on le libère, un vieil homme installé dans un terrain vague remplaçant sa maison détruite, les clientes d’un institut de beauté dans une séquence qu’on croirait sortie d’un film de Tati. Et ça se termine avec Inga elle-même guettant une aurone en bourgeon. La leçon est claire, Inga est entrée dans un temps linéaire, celui de l’attente, elle a quitté l’enfance. Sa mère peut alors lui parler de la réalité et de la relativité de la beauté. « On peut être heureux sans être belle ». Inga peut de nouveau sourire et danser sur le générique, puisqu’elle a découvert un autre équilibre.
© ED Distribution
Arūnas Žebriūnas filme sa jeune héroïne (comment peut-on diriger aussi magistralement une petite fille ?) avec une délicatesse infinie : aucun cabotinage, aucune afféterie. Sa caméra ondoie avec souplesse, toujours à l’affût du détail infime ou d’un geste, d’un regard qu’elle pourra saisir comme par effraction. On sent l’influence de tout un cinéma moderne (Nouvelle Vague, Free Cinema) dans cette réalisation empreinte de liberté et focalisée sur l’infiniment petit plutôt que sur des péripéties. En décrivant le quotidien d’Inga, Žebriūnas fait véritablement exister ses personnages par de légères touches : du soupirant éconduit au rebelle amoureux des chiens, il parvient à doter chacun d’une humanité entre rire et larmes, à la manière de croquis subtils. Au fond, pour employer de grands mots, La belle est un essai poétique, aussi aérien que grave, qui interroge notre condition humaine par le biais d’une petite fable déconcertante. Sans craindre l’emphase, on pourrait affirmer que ce film incongru est touché par la grâce, et que, s’attachant au réel, il pénètre l’indicible. Une magnifique découverte.
Peu de suppléments, ce qui est regrettable tant on aurait aimé en savoir plus sur cet OVNI, mais une copie soignée.
Les suppléments :
Quatre bandes annonces.
L’image :
L’image manque de tranchant, mais la copie est propre et stable. La définition, pour un film quinquagénaire, est largement satisfaisante.
Le son :
La musique a un peu vieilli, mais les dialogues sont préservés, sans acidité ni bruit de fond. L’occasion d’entendre une langue rare à l’écran, d’autant qu’il n’y a pas de version française.
Galerie Photos
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