Le 4 février 2024
Inspiré de l’histoire du conquistador Lope de Aguirre, dont la cruauté et l’esprit de rébellion demeurent dans la mémoire collective, le film de Werner Herzog est une odyssée furieuse, qui constitue une véritable expérience cinématographique.
- Réalisateur : Werner Herzog
- Acteurs : Klaus Kinski, Ruy Guerra, Helena Rojo, Del Negro, Peter Berling
- Genre : Drame, Aventures, Film culte
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Madadayo Films
- Durée : 1h33mn
- Date télé : 11 avril 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 9 juillet 2008
- Titre original : Aguirre, der Zorn Gottes
- Date de sortie : 16 mai 1973
- Festival : Festival de Cannes 1973
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Résumé : En 1560, une troupe de conquistadors espagnols descend de la montagne à la recherche de l’Eldorado. Mais l’équipée s’enlise dans les marais. Une plus petite expédition est alors constituée, placée sous la conduite de Pedro de Ursua et de son second, Lope de Aguirre, qui devra reconnaître l’aval du fleuve sur des radeaux. Aguirre, aventurier ambitieux et brutal, manoeuvre habilement pour proposer à ses compagnons un nouveau chef, le falot Fernando de Guzman, promu solennellement "empereur du Pérou et de l’Eldorado"...
Critique : La lente et difficile progression des conquistadors sur les flancs escarpés de la montagne, accompagnée par la musique envoûtante de Popol Vuh, est un des plus beaux génériques d’ouverture qu’on connaisse au cinéma. Il donne le ton du film, tumultueux comme le fut son tournage au Pérou (les scènes sur les rapides ont mis l’équipe en danger, Klaus Kinski s’avéra souvent ingérable, les conflits avec le metteur en scène se multiplièrent).
Aguirre impose rapidement sa loi dans la petite armée d’hommes partie à l’assaut du mythique Eldorado : c’est lui qui élimine l’opposition et désigne don Fernando de Guzman à la tête de l’expédition, le consacrant même "empereur", en lieu et place du roi espagnol Philippe II. Sa folie ne connaît aucune borne, ne s’embarrasse d’aucune justice. Seule la rationalité magnanime de Guzman permet de sauver Pedro de Ursúa, le chef initial de la troupe. La fureur du personnage se déchaîne à proportion de la sourde menace qui pèse sur le groupe : ainsi, lorsqu’une flèche atteint mortellement un des hommes, sans que l’origine n’en soit déterminée, il commande absurdement de faire feu.
Herzog filme d’abord les paysages comme des écrins menaçants, envahis par les rhizomes de la nature, agités par le tumulte des torrents. Puis, dès que le fleuve sur lequel naviguent les conquistadors devient enfin lisse, les indigènes apparaissent, que les Espagnols entreprennent d’évangéliser par la force. Cette brutalité appelle un châtiment : bientôt, l’empereur autoproclamé d’une terre non conquise, est retrouvé mort. En retour, la violence des colons ne connaît plus de limite, se déchaînant sur un village qu’ils pillent et incendient. Au milieu des ruines fumantes, Aguirre continue de châtier cruellement ceux qui ne respectent pas ses ordres, proclamant solennellement sa nature divine. Il finira seul et fou, sur son radeau démantibulé, envahi par des singes, dans une scène admirable et symbolique.
La performance hallucinée de Kinski, qui collaborait pour la première fois avec Herzog, la somptueuse mise en scène qui flirte avec le fantastique, ménageant parfois quelques moments surréalistes - un homme qui commente brièvement sa blessure mortelle, une tête tranchée qui parle -, font de ce film un jalon essentiel du nouveau cinéma allemand.
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